Attendu par toute une ville depuis six ans, le procès se tiendra dans la salle des procès "hors norme" du Tribunal judiciaire de Marseille, qui peut accueillir 400 personnes.
Signe du traumatisme toujours palpable dans la deuxième ville de France, les photos des huit victimes, âgées de 30 à 58 ans, seront exposées au tribunal durant les six semaines d'audiences, jusqu'au 18 décembre.
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Attentisme et négligences
Pourquoi les immeubles des 63 et 65 de la rue d'Aubagne ont pu s'écrouler sur eux-mêmes, en quelques secondes, ce lundi 5 novembre 2018? C'est la question à laquelle vont devoir répondre les trois magistrats du siège devant lesquels comparaîtront les 16 prévenus.
Au 63, Marseille Habitat, le bailleur social de la ville, aurait péché par un "attentisme" sans doute "motivé par des critères financiers", selon l'enquête.
Au 65, plusieurs copropriétaires se voient reprochés de n'avoir pas fait réaliser les travaux nécessaires à la sécurité de l'immeuble. Leur syndic est accusé d'être resté sourd aux signalements des locataires et un architecte est mis en cause pour avoir réalisé une expertise de l'immeuble en à peine une heure, sans même prendre le temps de visiter la cave, deux semaines avant le drame. Les habitants avaient été autorisés, sauf pour un appartement, à rentrer chez eux.
Grande attente des proches des victimes
Le drame a mis en lumière l'inaction de la municipalité de l'époque comme une forme d'indifférence globale: "l'état du bâti ancien du centre-ville était dans un tel état de dégradation depuis de nombreuses années que tout un chacun avait pris l'habitude d'y être confronté quotidiennement", ont constaté les juges d'instruction durant leur enquête.
Pour l'instruction, la catastrophe est "le reflet dramatique et paroxystique d'une accumulation de dysfonctionnements".
Pour les familles des victimes, toutes présentes lors du sixième anniversaire du drame mardi, l'attente est grande: "Nous attendons ce procès avec plein d'espoir. Nous savons que ce ne sera pas simple, mais nous sommes très confiants dans la justice", afin qu'"à l'avenir il n'y ait plus jamais" un tel drame, a expliqué Maria, la mère d'une des victimes, Simona, emportée à l'âge de 30 ans.
Mais les proches des victimes comme les associations le savent: ce procès ne signera pas la fin de l'habitat indigne à Marseille, où 100'000 personnes sont toujours mal logées.
afp/edel