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Ouverture en Russie du procès d'un journaliste américain accusé d'espionnage

Le reporter du Wall Street Journal Evan Gershkovish enfermé à Iekaterinbourg en Russie. [Keystone/AP Photo - DR]
Un journaliste américain jugé pour espionnage en Russie / Tout un monde / 4 min. / le 26 juin 2024
Le procès du journaliste américain Evan Gershkovich, détenu en Russie depuis 15 mois pour des accusations d'espionnage qu'il rejette, s'est ouvert. Il sera jugé à huis clos au tribunal régional de Sverdlovsk, dans l'Oural.

Evan Gershkovich, a été interpellé en mars 2023 par les services de sécurité russes (FSB), devenant le premier journaliste occidental depuis l'époque soviétique à être accusé d'espionnage en Russie. La justice russe n'a jamais étayé ses accusations contre le reporter du Wall Street Journal et a maintenu le secret sur le contenu qu'elle affirme avoir du dossier.

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Le reporter est apparu mercredi dans un box vitré du tribunal, le crâne rasé et portant une chemise sombre à carreaux. La presse accréditée a eu un bref accès à la salle avant le début du procès, à huis clos.

Accusations rejetées

Les enquêteurs accusent Evan Gershkovich d'avoir collecté des informations sensibles pour le compte de la CIA sur l'un des principaux fabricants d'armements du pays, le producteur de chars Ouralvagonzavod. L'entreprise produit notamment des chars T-90 utilisés en Ukraine et le tank de nouvelle génération Armata, ainsi que des wagons de marchandises.

Evan Gershkovich, son employeur et ses proches rejettent fermement ces accusations, tout comme Washington, estimant que Moscou a monté l'affaire de toutes pièces afin d'échanger le journaliste contre des Russes détenus en Occident.

Pour le Wall Street Journal, le reporter, qui encourt jusqu'à 20 ans de prison, a été arrêté pour avoir "simplement fait son travail". Il a passé sa détention provisoire dans la célèbre prison moscovite de Lefortovo mais est jugé à Ekaterinbourg, où il a été arrêté.

"Nous avons clairement indiqué dès le départ qu'Evan n'avait commis aucun acte répréhensible et qu'il n'aurait pas dû être arrêté", a indiqué pour sa part l'ambassade américaine à Moscou sur les réseaux sociaux, appelant à la libération "immédiate" du reporter.

Echange de prisonniers

Un haut responsable diplomatique russe, Sergueï Riabkov, a révélé la semaine dernière que Moscou avait fait une proposition à Washington en vue d'un échange de prisonniers, sans révéler le contour exact de cette offre. Selon lui, "la balle est dans le camp des Etats-Unis".

Le président russe Vladimir Poutine a déjà reconnu que des négociations étaient en cours avec Washington et sous-entendu qu'il exigeait la libération de Vadim Krassikov, condamné à la prison à vie en Allemagne pour avoir assassiné à Berlin en 2019, pour le compte de Moscou, un ex-commandant séparatiste tchétchène.

La Russie détient plusieurs autres Américains, dont la journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva, arrêtée l'année dernière pour une infraction à la loi sur les "agents de l'étranger", et l'ancien marine Paul Whelan, qui purge une peine de 16 ans de prison pour espionnage, accusation qu'il conteste.

afp/edel

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