Pascal Hundt, chef du CICR à Gaza: "La perspective d'une offensive massive sur Rafah nous glace le sang"
Les espoirs de trêve s'amenuisent en même temps que la menace sur Rafah s'accentue. Israël envisage de lancer une offensive sur cette ville du sud de l'enclave palestinienne si les otages toujours retenus à Gaza par le Hamas ne sont pas libérés avant le 10 mars, date du début du mois saint de ramadan pour les musulmans.
Pascal Hundt, chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Gaza, confirme les craintes de son organisation mardi au micro de La Matinale. "La perspective d'une telle offensive nous glace le sang. La ville de Rafah abrite aujourd'hui plus d'un million de personnes déplacées. Je vous laisse imaginer les conséquences d'une opération militaire de grande ampleur."
Car les personnes déplacées n'ont pas de solution de repli, souligne le Vaudois. "Il n'y a pas d'endroits sûrs dans la bande de Gaza. Si ces personnes devaient se déplacer, elles auraient besoin de tout: eau, hébergement, accès aux soins. Or, le système de santé s'est totalement effondré."
Un déplacement de Rafah durerait "des mois, voire des années"
De plus, un tel déplacement de population ne pourrait être que temporaire, comme stipulé par le droit international humanitaire, rappelle Pascal Hundt. "Mais aujourd'hui - comme on l'a vu dans les villes de Gaza et de Khan Younès où des quartiers entiers ont été rasés - si ce scénario devait se répéter à Rafah, ce déplacement durerait des mois, voire des années, dans des conditions absolument catastrophiques."
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Le responsable indique également que le CICR se tient prêt pour un nouveau transfert d'otages, mais que pour cela les deux parties doivent s'entendre sur les modalités.
Désespoir et pillages
Sur place, la population est totalement désespérée. En résultent des pillages de convois humanitaires qui rendent le travail des équipes humanitaires, déjà compliqué au vu de l'intensité des bombardements, encore plus difficile sur le plan sécuritaire.
"Très peu d'hôpitaux fonctionnent encore", décrit encore le Vaudois. "Pour qu'un hôpital fonctionne , il doit être approvisionné - en médicaments, fuel, électricité, avec un accès garanti aux patients et au personnel soignant. S'il ne l'est pas, il devient un mouroir, voire un cimetière - c'est ce qu'on observe comme tendance ces derniers temps."
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Propos recueillis par Valérie Hauert
Adaptation web: kkub