Pascale Coissard Rogeret a répondu à la RTS par messages vocaux, en raison des difficultés de communication. Selon elle, la population du territoire palestinien manque de tout: d'eau, de nourriture, de carburant ou encore de matériel médical.
Faute de stock suffisant après neuf mois de guerre, les équipes de Médecins sans frontières (MSF) changent les pansements tous les quatre jours seulement. L'organisation n'a pas été en mesure de faire entrer de camion dans la bande de Gaza depuis le mois d'avril.
"La santé physique des Gazaouis se dégrade", relate Pascale Coissard Rogeret. "On voit toujours plus de gens qui ont perdu leurs membres et qui n'ont pas de chaise roulante ou de prothèse. On observe aussi énormément de diarrhées et de maladies de la peau dues au manque d'eau, aux conditions de vie, à l'hygiène et au soleil", décrit-elle.
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Des services hospitaliers saturés
MSF intervient dans l'hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, l'un des derniers établissements hospitaliers fonctionnels. Maternité, pédiatrie, chirurgie orthopédique, unité des brulés, urgence: tous les services sont congestionnés, détaille la coordinatrice de l'ONG. "Des patients en pédiatrie se trouvent par exemple encore au sol", illustre-t-elle.
De plus en plus de gens ont besoin de soins
"On perd presque chaque jour des structures de santé sous le coup des ordres d'évacuation ou des destructions. Il y a donc de moins en moins de structures sanitaires et de plus en plus de gens qui ont besoin de soins", insiste-t-elle.
"Ce n'est évidemment pas ça qu'on veut pour ses enfants"
Pascale Coissard Rogeret fait également état de conditions de vie précaires dans la bande de Gaza. Certaines personnes demeurent dans des bâtiments qui menacent de s'effondrer. Celles qui vivent dans les camps sont rendues irritables par le soleil d'été qui tape sur les tentes et la promiscuité.
Quant aux enfants, ils s'habituent à la guerre, déplore-t-elle. "Ils sont en train de normaliser des choses qui ne sont pas normales. Récemment, une collègue me disait que son enfant était capable de différencier entre les tirs d'un hélicoptère, les tirs d'un tank et les frappes aériennes. Elle était en pleurs de penser que son enfant était capable de distinguer cela à l'âge de cinq ans. Ce n'est évidemment pas ça qu'on veut pour ses enfants."
Propos recueillis par Caroline Stevan
Texte web: Antoine Michel