Patricia Danzi, de retour du Soudan: "Les réfugiés manquent de tous les services de base"
Annoncés par les Etats-Unis, des pourparlers de paix auront lieu la semaine prochaine en Suisse. La guerre civile oppose l'armée aux paramilitaires des Forces de soutien rapide, des entités menées par deux généraux rivaux en lutte pour le pouvoir. Le conflit a provoqué l'une des pires crises humanitaires au monde.
"Ce qui m'a frappé, ce sont les déplacés venant du milieu urbain", relate jeudi dans La Matinale la haute fonctionnaire fédérale, qui se trouvait entre Port-Soudan et la capitale Khartoum. "Ces gens ont quitté leur maison et ont perdu leur travail. Ils sont le moteur du Soudan, son économie, sa classe moyenne; qui donc manquent", analyse-t-elle.
Les déplacés manquent de tous les services de base pour lesquels l'Etat n'a plus d'argent
"Ces déplacés des milieux urbains étaient gênés qu'on les voie dans cette situation. Ils ont tout fait pour garder une vie relativement normale. Mais ils manquent de tous les services de base pour lesquels l'Etat n'a plus d'argent. La santé, en premier lieu, mais aussi la nourriture", développe l'ancienne responsable au sein du CICR.
La Suisse entretenait à Khartoum une ambassade avec en son sein un bureau dédié à la coopération et au développement.
Le début de la guerre en avril 2023 a forcé la Suisse à fermer son ambassade, qui œuvre désormais depuis l'Egypte voisine, indique Patricia Danzi. De là, des représentants suisses visitent "très régulièrement le Soudan, particulièrement l'est" et agissent de concert avec des organisations locales.
Un pays prioritaire
La Suisse milite en faveur de la paix au Soudan, rappelle Patricia Danzi. La diplomatie suisse donne de la voix pour rappeler le "besoin d'un cessez-le-feu et du respect du droit international humanitaire", souligne la directrice de la DDC. Le Soudan est devenu une priorité pour notre pays. Et ce d'autant que la crise touche une région déjà instable.
"Depuis avril 2023, nous avons débloqué 83 millions. La plupart des moyens ont été débloqués l'année dernière. Les organisations avec lesquelles nous parlons, les populations et les autorités nous disent tous que les moyens manquent et qu'il en faudrait plus", déclare Patricia Danzi.
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Quant aux discussions qui se tiendront à partir de mercredi en Suisse, Patricia Danzi se dit optimiste. "Si on a un cessez-le-feu ou un pas vers un cessez-le-feu, il y a une chance que moins de gens meurent et qu'on puisse plus facilement accéder aux populations dans le besoin", soutient-elle.
Propos recueillis par Gabriela Cabré
Texte web: Antoine Michel