C'est un petit territoire à peine plus grand que le canton de Fribourg, coincé entre des puissances qui le convoitent: le plateau du Golan - 12 à 25 kilomètres de large, 67 kilomètres de long - se retrouve désormais au coeur du conflit qui agite le Proche-Orient.
Un territoire convoité par deux puissances
Très convoité au cours des siècles, occupé par les Ottomans puis par la Syrie en 1946, le Golan (nom biblique de cette région) a été conquis le 9 juin 1967 par Israël, à l’issue de la guerre des Six-Jours.
L’occupation israélienne a été condamnée par l’ONU dès 1967, et la Syrie a tenté de récupérer le plateau en attaquant Israël par surprise lors de la guerre du Kippour de 1973. Israël, avec le soutien des Etats-Unis, est toutefois sorti vainqueur de ce nouvel affrontement.
Un accord en 1974 a permis de créer une zone tampon démilitarisée. Depuis, une force de l'ONU pour l'observation du désengagement (Fnuod) est chargée de contrôler le respect de cet accord.
La ligne de cessez-le-feu était considérée comme relativement calme jusqu'à l'éclatement de la guerre civile en Syrie en 2011 qui a déstabilisé la région.
Les tensions se sont ravivées quand le Hezbollah et l'Iran, deux grands ennemis d'Israël, se sont rapprochés du régime du président syrien Bachar al-Assad. Actuellement, Israël et la Syrie restent officiellement en état de guerre.
Plateau de la discorde
"Le Golan cristallise les tensions entre Israël et la Syrie. Il est le théâtre d’affrontements entre les deux pays - et, indirectement, entre l’Iran (allié de la Syrie) et l’Etat hébreu", analyse le journal Le Monde en 2018, alors que les tensions se ravivent.
En 1981, le plateau a été annexé aux deux tiers (sur 1200 km2) par Israël, une mesure non reconnue par la communauté internationale, hormis les Etats-Unis depuis 2019. La Syrie avait alors dénoncé une "atteinte flagrante" à sa souveraineté.
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Aujourd'hui, environ 25'000 Israéliens vivent aux côtés de quelque 23'000 Druzes, une communauté dont la religion est issue de l'islam. Ces derniers se revendiquent pour la plupart syriens tout en ayant le statut de résidents en Israël.
Château d'eau pris d'assaut
Dans cette région majoritairement désertique se cache un trésor... fait d'or bleu: le Golan abrite d'importantes sources, en particulier celles de Banyas, qui alimente le Jourdain. Le Hasbani, qui prend sa source au Liban, traverse le Golan avant de se déverser dans le Jourdain, de même que la rivière Dan.
Au milieu des années 1960, la question de l'accès à cette ressource a été l'une des principales causes du contentieux israélo-syrien. Damas avait alors accusé Israël d'avoir détourné les sources du Jourdain.
Et désormais, "même si Israël (à 60 % désertique) produit une large partie de son eau potable par désalinisation, la maîtrise des sources d’eau douce reste primordiale", note encore le quotidien Le Monde. Les lacs de la région s'assèchent en effet un peu plus chaque année.
La Syrie, elle, continue toujours de réclamer la restitution totale du Golan jusqu'aux rives du lac Tibériade.
Doreen Enssle avec afp