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Plus de 200 désistements pour tenter de contrer le RN lors du second tour des législatives françaises

A quelques jours du second tour des législatives françaises, immersion dans une localité tenue par le Rassemblement national
A quelques jours du second tour des législatives françaises, immersion dans une localité tenue par le Rassemblement national / 19h30 / 2 min. / le 2 juillet 2024
Le barrage contre l'extrême droite a pris forme en France mardi avant le second tour des législatives, avec le désistement de plus de 210 candidats de gauche ou macronistes au profit de leurs rivaux, pour tenter d'empêcher le Rassemblement national d'obtenir la majorité absolue dimanche.

Le dépôt des candidatures, clos officiellement mardi à 18h, donne une vision claire de la physionomie de ces élections historiques, provoquées par la dissolution choc de l'Assemblée nationale le 9 juin par le président Emmanuel Macron.

Majoritairement de gauche (127) ou du camp macroniste (81), les candidats qui ont annoncé leur retrait étaient pour la plupart arrivés troisièmes au premier tour dans une circonscription où le Rassemblement national (RN) était en tête au premier tour. Au total, avec les plus de 210 désistements recensés par l'AFP, seulement une grosse centaine de triangulaires et quadrangulaires, à savoir lorsque trois ou quatre candidats sont qualifiés pour le second tour, ndlr), subsistent, sur les 311 qui étaient annoncées dimanche dernier.

>> Ecouter aussi l'interview de Dominique Andolfatto dans La Matinale :

De nombreux retraits de candidature ont été effectué pour faire barrage au RN en France. [Keystone - Laurent Gillieron]Keystone - Laurent Gillieron
Près de 220 désistements au 2e tour des législatives françaises pour affaiblir le Rassemblement national / La Matinale / 10 min. / le 3 juillet 2024

Souvent sans enthousiasme, ces retraits visent à empêcher le RN et ses alliés de former un gouvernement qui serait historique, l'extrême droite n'ayant jamais été au pouvoir dans le pays depuis la Seconde Guerre mondiale.

>> Lire aussi : Barrage au RN, divergences et reports de voix, les grandes manœuvres ont commencé en France

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Une majorité absolue pas garantie

La plupart des projections en sièges réalisées ces derniers jours indiquent que le RN peinera au final à atteindre la majorité absolue de 289 députés. Les analystes privilégient le scénario de trois blocs à l'Assemblée (extrême droite, gauche, macronistes), ce qui pourrait rendre le pays ingouvernable, alors qu'il s'apprête à accueillir les Jeux olympiques.

Selon Mathieu Gallard, directeur d'études à l'institut Ipsos, ces désistements ne sont "pas une très bonne nouvelle pour le Rassemblement national". "Les triangulaires lui étaient, à priori, beaucoup plus favorables que les duels, parce qu'il y a des reports de votes des électeurs des candidats éliminés au premier tour qui ne se font majoritairement pas en sa faveur", analyse-t-il dans l'émission Forum, misant "plutôt sur un scénario de majorité relative" pour le RN après le scrutin de dimanche.

Le président du RN Jordan Bardella, promis au poste de Premier ministre en cas de majorité absolue RN, a dénoncé des "alliances du déshonneur" et appelé les électeurs à lui donner les clés du pouvoir "face à la menace existentielle pour la nation française" que représente, selon lui, la gauche.

La figure de proue de l'extrême droite Marine Le Pen a de son côté évoqué la possibilité de former un gouvernement avec une majorité relative de 270 députés, complétée avec des soutiens, "par exemple divers droite, divers gauche, quelques LR" (Les Républicains).

>> Ecouter l'analyse de Mathieu Gallard dans Forum :

Interview de Matthieu Gallard, directeur de recherche à l'institut de sondages Ipsos. [RTS - RTS]RTS - RTS
Dernières tendances des élections législatives françaises: interview de Mathieu Gallard / Forum / 2 min. / le 2 juillet 2024

Un président affaibli

Emmanuel Macron a affirmé pour sa part lundi à ses ministres que "pas une voix" ne devait aller au RN. Une manière de répondre à ceux qui, dans sa majorité et à l'instar du ministre de l'Economie Bruno Le Maire, renvoient dos-à-dos le RN et La France insoumise (LFI), le parti de gauche radicale.

Mais la voix du président français ne porte plus dans son propre camp, qui lui reproche l'échec cinglant du premier tour et sa relégation en troisième position, loin derrière le RN et la gauche.

>> Notre suivi du premier tour des législatives françaises : Le RN devant le Nouveau Front populaire, le camp présidentiel largement battu

Le chef de l'Etat, attendu pour le sommet de l'Otan à Washington la semaine prochaine juste après le scrutin, est également affaibli sur la scène internationale, qui scrute avec attention ou inquiétude le résultat de dimanche.

Une coalition envisagée

La journée de mardi a également vu une passe d'armes entre Marine Le Pen et la présidence française. Double finaliste de la présidentielle face à Emmanuel Macron en 2017 et 2022, Marine Le Pen a mis en garde contre un éventuel "coup d'Etat administratif" du camp présidentiel, accusé de vouloir procéder à une vague de nominations avant une éventuelle cohabitation, notamment à la tête de la police et de la gendarmerie.

En réponse, l'Elysée l'a appelée à faire preuve de "sang froid" et de "mesure".

Si le RN ne pouvait gouverner, les macronistes, une partie de la gauche et certains LR pourraient bâtir une "grande coalition", courante dans d'autres pays européens, mais étrangère aux traditions politiques françaises. Le Premier ministre Gabriel Attal a ainsi parlé d'une "Assemblée plurielle", le LR Xavier Bertrand évoquant de son côté un "gouvernement de sursaut national".

Mais un représentant de la gauche radicale, Manuel Bompard, a exclu que LFI participe à une telle coalition. "Les Insoumis ne gouverneront que pour appliquer leur programme, rien que le programme mais tout le programme", a-t-il affirmé.

>> Les précisions de Raphaël Grand dans le 19h30 :

Raphaël Grand, correspondant en France, revient sur les tractations et les désistements de candidats en vue du second tour des législatives françaises
Raphaël Grand, correspondant en France, revient sur les tractations et les désistements de candidats en vue du second tour des législatives françaises / 19h30 / 1 min. / le 2 juillet 2024

afp/iar

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