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Plusieurs constructeurs automobiles européens veulent un report du durcissement des normes CO2

Certains constructeurs européens se disent incapables d'atteindre les objectifs de réduction des émissions de CO2 adoptés par l'Union européenne. [Keystone - Gaetan Bally]
Des constructeurs automobiles demandent à Bruxelles de retarder les nouvelles normes plus sévères d'émissions de CO2 / Le Journal horaire / 46 sec. / le 19 septembre 2024
Une partie de l'industrie automobile européenne a demandé jeudi à Bruxelles "des mesures d'aide urgentes" face au durcissement des normes CO2. Elle s'estime incapable de les respecter, en particulier à cause de l'érosion des ventes de voitures électriques.

L'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA) – dont ne fait plus partie le groupe Stellantis [lire encadré] – "appelle les institutions européennes à proposer des mesures d'aide urgentes avant que les nouveaux objectifs en matière de CO2 pour les voitures et les camionnettes n'entrent en vigueur en 2025".

Si les constructeurs ont jusqu'ici respecté la norme dite CAFE (Corporate Average Fuel Economy), qui leur impose, sous peine de lourdes amendes, de respecter une moyenne annuelle d'émissions par voiture vendue, c'est grâce à l'amélioration des moteurs thermiques, mais aussi à l'essor des modèles électriques, des véhicules qui ne produisent pas de CO2, expliquent-ils. Mais la baisse continue des ventes de voitures électriques depuis fin 2023 (12,6% des ventes en Europe sur les douze derniers mois, contre 13,6% un an plus tôt) complique la donne.

Amendes "décourageantes"

"Nous jouons notre part dans la transition" écologique de par l'électrification des véhicules, se défendent les constructeurs, mais "nous manquons de conditions essentielles pour stimuler la production et l'adoption de véhicules à émission zéro: des infrastructures de recharge et de distribution d'hydrogène, ainsi qu'un environnement de production compétitif, une énergie verte abordable, des incitations fiscales et des aides à l'achat, et un approvisionnement sûr en matières premières, en hydrogène et en batteries", plaident-ils.

"Cela fait naître la perspective décourageante d'amendes de plusieurs milliards d'euros, qui pourraient être mieux investies dans la transition vers la neutralité carbone, ou celles de réductions de production inutiles, de pertes d'emplois et d'un affaiblissement de la chaîne d'approvisionnement et de valeur européenne", avertissent les constructeurs.

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Le spectre des fermetures d'usines agité

L'ACEA, dans une note informelle non confirmée mais non démentie citée par Bloomberg et Le Monde, suggérait le 13 septembre à la Commission européenne d'activer une rare procédure d'urgence pour décaler de deux ans les normes renforcées.

Les constructeurs estiment le montant potentiel des amendes à 13 milliards d'euros, selon ce document. Ils craignent aussi d'être contraints de réduire leur production de véhicules thermiques de plus de deux millions d'unités, "soit l'équivalent de plus de huit usines", avec les pertes d'emplois associées.

>> Lire à ce sujet : Les constructeurs automobiles européens risquent 15 milliards d'amende, selon le patron de Renault

Les constructeurs pourraient aussi acheter des crédits d'émissions auprès de constructeurs moins polluants, mais subventionnant ainsi leurs concurrents non-européens.

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ats/vic

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Stellantis fait bande à part

Se dissociant de ses concurrents, le numéro deux européen Stellantis a défendu dimanche l'entrée en vigueur de la nouvelle norme.

"Tout le monde connaît les règles depuis longtemps, tout le monde a eu le temps de se préparer, et donc maintenant on fait la course", a déclaré Carlos Tavares, le directeur général de ce groupe issu de la fusion, en 2021, de PSA (Peugeot, Citroën, Opel) et Fiat-Chrysler (qui détient aussi les marques Alfa Roméo, Lancia, Maserati et Jeep).

Désamour temporaire pour la voiture électrique?

Les voitures électriques sont freinées par plusieurs facteurs: la suppression des bonus à l'achat en Allemagne, premier marché européen, le coût élevé d'une grande partie des modèles – ceux d'entrée de gamme arrivent tout juste sur le marché – et l'inquiétude des acheteurs quant à l'autonomie limitée de ces véhicules, couplée à des réseaux de recharge parfois encore insuffisants.

>> Lire aussi : Pour la première fois en Suisse, les ventes de véhicules électriques ralentissent

Les ventes des motorisations électriques pourraient toutefois rebondir en Europe en 2025 et atteindre entre 20% et 24% des ventes de voitures neuves, selon une étude publiée mardi par le groupe de réflexion Transport & Environnement.