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Podcast - "Bruxelles, Washington, Tokyo...": le travail des correspondants à l'étranger

Dans le podast "Heure locale", les correspondantes et correspondants de RTSinfo à l'étranger racontent le pays qu'ils couvrent et leur métier comme ils ne le font pas à l'antenne.

EPISODE 1 - Alain Franco à Bruxelles: ceci n'est pas la Belgique

"Quand j'ai commencé à travailler ici, je me souviens avoir assisté à des conférences de presse sur l'hygiène dans les restaurants européens. Mais avec la crise de la dette dans la zone euro entre 2010 et 2012, nous avons pris une nouvelle direction. (...) L'Union européenne (UE) est devenue de plus en plus politique au fil des ans", partage Alain Franco, qui arpente les couloirs des institutions européennes à Bruxelles depuis près de vingt ans.

Le correspondant explique qu'il est "difficile" d'être un journaliste suisse au sein de l'UE. "Car nos interlocuteurs ont peu d'intérêt à discuter avec nous "off" ou à nous rencontrer et à prendre du temps. J'ai deux avantages par rapport à d'autres confrères: j'ai un passeport français, ce qui aide, et j'ai travaillé ici deux fois, de 2001 à 2014, puis je suis revenu en 2020. Pendant la première période, je travaillais pour la RTS et deux médias français. J'utilisais ma qualité de journaliste français (...) pour établir un réseau. Quand je suis revenu, j'ai réactivé ce réseau. Et je continue à le développer."

Alain Franco mentionne également qu'il y a aussi un travail de persuasion. Il rappelle régulièrement à ses interlocuteurs que même si la Suisse est en dehors de l'UE, elle reste l'un des principaux partenaires commerciaux de l'UE.

>> Ecouter l'épisode avec Alain Franco :

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Bruxelles: ceci n’est pas la Belgique – Alain Franco / Heure Locale / 19 min. / le 6 février 2024

EPISODE 2 - Maurine Mercier à Kiev: le petit miracle du reportage qui fait réagir

Depuis deux ans, Maurine Mercier rapporte, pour la RTS, Radio France et la RTBF, les réalités de la vie des Ukrainiens pris dans une guerre qu'ils n'ont pas choisi. "En tant que journaliste en Ukraine, nous ne jouissons pas d'une totale liberté pour faire notre travail comme nous le souhaiterions. (...) Il y a des zones que les autorités ukrainiennes ne veulent pas que nous visitions. Mais je pense qu'il est crucial d'aller là où nous ne sommes pas autorisés à aller... Il faut être astucieux."

>> Relire : Correspondante de la RTS en Ukraine, Maurine Mercier remporte le Prix Bayeux pour la 2e année consécutive

Vivre en Ukraine, dans un pays en conflit, est loin d'être simple. "En face de mon bureau, j'ai accroché un mur de photos de mes amis, de ma famille... et des montagnes suisses. Cela peut sembler un peu cliché, mais cela me rappelle qu'en dehors des zones de conflit, il y a autre chose."

Maurine Mercier a commencé le reportage un peu par hasard, mais aujourd'hui, son travail est reconnu et lui a valu plusieurs prix prestigieux. Pourtant, cela ne l'empêche pas de mettre toujours en avant le courage des personnes qui acceptent de témoigner devant son micro. Son approche? "Prendre le temps avec les gens. C'est ma manière de leur montrer du respect. Une interview n'est pas simplement destinée aux auditeurs, elle vise également à réconforter la personne interrogée. (...) Cela crée un lien de confiance."

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Kiev: le petit miracle du reportage qui fait réagir – Maurine Mercier / Heure Locale / 20 min. / le 20 février 2024

EPISODE 3 - Anne Andlauer à Istanbul: "Si un jour j'ai toutes les réponses, il faudra que je parte"

Anne Andlauer vit et travaille en Turquie depuis presque aussi longtemps que le président Recep Tayyip Erdogan est au pouvoir. Depuis quinze ans, elle décrypte les évolutions politiques et sociétales d'un pays bien loin de se résumer à l'homme fort qui l’incarne depuis deux décennies sur la scène internationale.

"L'image renvoyée par les discours de Recep Tayyip Erdogan correspond très peu à la réalité de la société turque dans toute sa diversité, explique-t-elle (...) Ce mégaphone d'Erdogan ne représente guère la diversité des chemins de vie, des points de vue et des histoires."

Anne Andlauer est toujours "agréablement surprise" par la facilité de contact avec les gens, "d'autant plus lorsque vous maîtrisez leur langue". "Il y a un intérêt pour l'autre et une envie de raconter des histoires. Je n'ai jamais rencontré de portes fermées... Toutefois, il devient de plus en plus difficile d'interroger des gens dans la rue sur des sujets politiques de manière spontanée", indique-t-elle.

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Istanbul: "Si un jour j’ai toutes les réponses, il faudra que je parte" – Anne Andlauer / Heure Locale / 23 min. / le 5 mars 2024

EPISODE 4 - Jordan Davis à Washington: la chance de se sentir chez soi

"C'était très bizarre de revenir aux Etats-Unis", explique Jordan Davis. Il est correspondant aux Etats-Unis depuis presque trois ans. Mais il connaît ce pays par cœur, étant américain de naissance, né à Los Angeles, où il a étudié et travaillé, notamment à la radio publique NPR, avant de venir en Europe.

Se remettre dans la mentalité américaine, ça a été un choc. (...) Le consumérisme américain est dingue! (...) Je suis frappé à quel point tout est jetable aux Etats-Unis. (...) Tous les cafés sont servis dans des gobelets en carton avec des couvercles en plastique. Cela témoigne de cette société américaine qui consomme et jette énormément."

Depuis l'élection de Joe Biden, Jordan Davis observe que les Etats-Unis "sont plus apaisés". "Il y a moins de choses qui enflamment l'opinion publique. Mais les tensions sous-jacentes ne se sont pas complètement dissipées, raconte-t-il. Lors de la présidence de Donald Trump, il y avait un degré de tension dans le pays. Donald Trump était omniprésent. Joe Biden, critiquable sur d'autres points, est moins omniprésent."

>> Ecouter aussi le podcast de la RTS Democracy! Démocratie! par Jordan Davis

>> Ecouter l'épisode avec Jordan Davis :

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Washington: aux Etats-Unis ou en Europe, la chance de se sentir chez soi – Jordan Davis / Heure Locale / 22 min. / le 19 mars 2024

EPISODE 5 - Karyn Nishimura à Tokyo: "Pour faire du journalisme au Japon, je dois être impolie"

Karyn Nishimura travaille depuis vingt-cinq ans au Japon, où elle vit avec son mari et ses enfants japonais. Elle exerce un métier d'irrévérence dans le pays de la révérence, ce qui ne va pas sans causer quelques frictions. "Je n'ai pas vraiment d'horaire. Très souvent, les radios en Europe me demandent un papier alors qu'il est 22h et je dois le rendre avant 2h", explique-t-elle. J'aime tellement ce que je fais, ça fait partie de ma vie."

Le journalisme au Japon s'exerce très différemment de ce qui se fait en Europe. "Pour faire du journalisme au Japon, je dois être impolie, dit-elle. Le porte-parole du gouvernement, par exemple, est habitué à des questions qu'il a à l'avance et qui ne sont pas polémiques. J'utilise mon statut d'étrangère pour éviter de respecter les mêmes règles que mes confrères japonais."

Cependant, Karyn Nishimura, journaliste indépendante, explique n'avoir jamais subi de pression de la part des autorités. "Les journalistes japonais qui travaillent pour de très grands médias ont le souci de garder leur travail, de ne pas mettre leur employeur en porte-à-faux vis-à-vis du gouvernement. Donc, ils s'auto-censurent. L'auto-censure, c'est la mort du métier de journaliste."

>> Ecouter l'épisode avec Karyn Nishimura :

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Tokyo: “Pour faire du journalisme au Japon, je dois être impolie” – Karyn Nishimura / Heure Locale / 25 min. / le 2 avril 2024

EPISODE 6 - Grégory Plesse à Sydney: l'Australie, ce paradis qui cache son jeu

Loin des rédactions, loin du cœur? Gregory Plesse doit parfois batailler pour "vendre" ses sujets du bout du monde dans les rédactions pour lesquelles il travaille, surtout depuis que l'actualité internationale s'est emballée avec la guerre en Ukraine et celle à Gaza.

Pourtant, l'Australie et ses contradictions posent de nombreuses questions économiques, environnementales, culturelles ou politiques susceptibles de trouver un écho ailleurs dans le monde. "L'Australie est un pays qui fascine beaucoup en Suisse, car cela ressemble à l'Europe, mais en même temps, c'est complètement différent: il y a des animaux étranges, et les gens ont des coutumes différentes. Je propose donc des sujets 'insolites'."

Gregory Plesse vit et travaille en Australie depuis 2018 avec sa femme australienne. "Il n'y a pas une vie nocturne ou culturelle particulièrement développée. L'une des raisons est que les gens vivent plutôt le jour que la nuit. Ils se lèvent très tôt. (...) Avec Rio, Sydney est l'une des plus belles villes du monde."

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Sydney: l’Australie, ce paradis qui cache son jeu – Grégory Plesse / Heure Locale / 22 min. / le 16 avril 2024

EPISODE 7 - Alexandre Habay à Paris: comment parler d'un pays qui nous parle déjà beaucoup lui-même

La France fait presque partie du quotidien des Romandes et des Romands, que ce soit à travers les médias ou grâce à la facilité d'y accéder. Alexandre Habay, correspondant de la RTS à Paris depuis près de cinq ans, a développé des stratégies pour prendre du recul par rapport à la façon dont travaillent ses confrères français et pour trouver ce qui résonne en Suisse. "C'est un défi tous les jours", explique-t-il.

Et d'ajouter: "Il faut parfois s'extraire de la politique politicienne pour raconter les grands mouvements, les grandes tendances… On n'est pas toujours obligé de relater l'actualité du jour au premier degré. On peut essayer de prendre du recul." En tant que journaliste suisse, il est "parfois difficile" de se faire remarquer et de figurer dans l'agenda des institutions face aux médias nationaux. "On n'est pas la priorité!"

Après cinq ans passés à Paris, et alors qu'il s'apprête à quitter son poste, Alexandre Habay a observé une "brutalité" toujours plus forte dans le débat politique et médiatique. Il se dit notamment surpris par la haine de tous les milieux envers le pouvoir politique et le président Emmanuel Macron.

>> Ecouter l'épisode avec Alexandre Habay :

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Paris: comment parler d’un pays qui nous parle déjà beaucoup lui-même? – Alexandre Habay / Heure Locale / 23 min. / le 30 avril 2024

EPISODE 8 - Michaël Peuker à Shanghai: "Comment on a fait pour traverser la pandémie de Covid-19?"

Cela fait sept ans que Michaël Peuker parcourt la Chine. Du Xinjiang à Hong Kong, en passant par Pékin et l'immensité du continent, il raconte la complexité d'une société qui ne saurait se résumer à la seule figure omniprésente et toute puissante de Xi Jinping.

Son mandat de correspondant a été marqué par le long confinement du Covid-19. "Avec ma famille, nous sommes restés enfermés trois ans en Chine sans pouvoir sortir du pays au risque de perdre nos visas, raconte-t-il. La première année et demie de la pandémie, nous avons bénéficié d'un régime moins strict, car les autorités chinoises étaient parvenues à garder le virus à l'extérieur des frontières. Par contre, elles se sont rapidement fait rattraper. (…) Nous avions peur de sortir dans les magasins, puisque s'il y avait un cas contact, le magasin fermait ses portes et nous étions coincés dedans 48 heures, 72 heures. (…) On avait la crainte d'envoyer nos enfants à l'école, parce que s'il y avait un cas contact, les enfants étaient embarqués pour être mis en quarantaine sans les parents. A un moment, on a donc décidé de ne plus envoyer notre fils à l'école."

>> Relire : Le correspondant de la RTS en Chine Michael Peuker brièvement arrêté après un direct au 19h30

Michaël Peuker est impressionné par la résilience de l'être humain. "Comment est-ce qu'on a fait pour traverser ça? C'est fou. L'être humain est quand même exceptionnel, il arrive à s'adapter à toutes les situations." Michaël Peuker ne se laisse pas, non plus, impressionner par le contrôle toujours plus strict du pouvoir sur les journalistes, malgré les convocations "à boire le thé" avec les autorités chinoises. "Cela reste très cordial. Au détour de la discussion, elles nous font des remarques et elles nous font comprendre ce qu'elles ont aimé ou pas. (…) J'ai encore la chance d'être basé à Shanghai, c'est un peu différent d'être à Pékin. C'est la raison pour laquelle on reste à Shanghai."

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Shanghai: "Comment on a fait pour traverser ça ?" – Michaël Peuker / Heure Locale / 21 min. / le 14 mai 2024

EPISODE 9 - Louis Seiller à Pristina: le reportage d'un bout à l'autre des Balkans

Sarajevo, Serbie, Pristina, Bosnie-Herzégovine... des noms marqués par la guerre. Louis Seiller, correspondant de la RTS dans les Balkans, parcourt ces territoires meurtris pour montrer comment ces sociétés évoluent et avancent malgré un lourd héritage.

Louis Seiller souligne la difficulté de faire comprendre les complexités de la région aux publics français et suisses, souvent mal informés. "Les gens ne savent même pas situer la Bosnie-Herzégovine. Donc, après expliquer que le pays est divisé en trois communautés, puis parler de quelque chose d'actualité, c'est assez compliqué. Par exemple, la question Rom: les gens ne connaissent pas très bien la région, alors parler d'une minorité dans cette région, c'est encore plus compliqué."

Malgré les doutes et les envies de changement, surtout en hiver, Louis Seiller reste passionné par son métier de journaliste indépendant. "J'ai des commandes, mais globalement, c'est moi qui propose les trois quarts des sujets. Cela n'a pas de prix", dit-il, même si la précarisation du journalisme et les restrictions budgétaires des rédactions rendent le travail des correspondants étrangers difficile.

>> Ecouter l'épisode avec Louis Seiller :

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Pristina: le reportage d’un bout à l’autre des Balkans – Louis Seiller / Heure Locale / 20 min. / le 28 mai 2024

EPISODE 10 - Patricia Huon à Johannesburg: l'Afrique au-delà des clichés

Trente ans après l'apartheid, Patricia Huon, correspondante de la RTS en Afrique du Sud depuis quatorze ans, observe-t-elle une société plus unie? Infatigable et curieuse, elle continue de couvrir cette région, malgré la focalisation des médias sur d'autres crises mondiales.

En parcourant le continent, elle recueille et partage des récits vibrants, donnant la parole aux habitants qui souvent lui confient pour la première fois leurs histoires douloureuses. Retourner en Belgique n'est pas une option pour elle: elle préfère le climat et la vie en Afrique du Sud.

"Dans la grande majorité des pays où je me suis rendue, les gens sont très contents qu'on vienne les voir, de partager leur histoire, de savoir qu'elle va être publiée, diffusée, raconte-t-elle. Dans des contextes violents, où il y a beaucoup de traumatismes, le journaliste est régulièrement la première personne à qui les gens racontent ce qu'ils ont vécu. Bien que nous ne soyons pas des psys, les gens ont envie de parler, envie que cela se sache. C'est quelque chose qui me motive dans mon métier. Mon rôle est de faire en sorte que leur voix soit entendue."

Patricia Huon admet que son travail a un impact émotionnel. "Plus on se promène dans des zones en crise, plus on entend des témoignages tristes, ce qui a un effet personnel. Je mets une certaine distance pour me protéger, car c'est essentiel. Chaque histoire peut toucher différemment, parfois parce qu'on est plus fragile ou fatigué à ce moment-là, ou parce que la personne raconte les choses de manière plus touchante. Cela fait mal d'entendre ces histoires."

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Johannesburg: l’Afrique au-delà des clichés – Patricia Huon / Heure Locale / 19 min. / le 11 juin 2024

EPISODE 11 - Alice Froussard à Jérusalem-Est: dans le chaudron proche-oriental

Il y a cinq ans, Alice Froussard a plongé dans une région tourmentée, pour un séjour initial de trois mois. Journaliste pigiste, notamment pour la RTS, elle voulait voir si cette expérience lui plairait et si elle pourrait y trouver sa place. Aujourd'hui, elle est toujours là, sillonnant Jérusalem, Ramallah, les territoires palestiniens et Gaza - quand il était encore possible de s'y rendre.

"Quand on voit des photos de la Vieille ville de Jérusalem, on se dit que c'est magique. Mais en même temps, c'est bruyant, épuisant… La preuve, juste en bas de mon immeuble, il y a un check-point israélien. Ainsi, dès que des Palestiniens passent, on entend qu'il y a un peu de tension et on entend les talkies-walkies des policiers. C'est au quotidien et c'est la première chose qu'on entend au réveil", décrit Alice Froussard.

Malgré la violence et les haines omniprésentes, Alice Froussard garde espoir. "Il faut encore croire qu'il y a quelques lueurs d'espoir, sinon il faut rentrer en France tout de suite", dit-elle. Son travail ne se limite pas à la couverture des événements tragiques; elle cherche aussi les histoires de résilience, d'humanité et de solidarité, convaincue que ces récits peuvent faire une différence.

>> Ecouter l'épisode avec Alice Froussard :

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Cisjordanie, Jérusalem-Est : dans le chaudron proche-oriental – Alice Froussard / Heure Locale / 19 min. / le 25 juin 2024

Interview: Eric Guevara-Frey, Patrick Chaboudez, Francesca Argiroffo et Isabelle Cornaz

Attachée de production: Adèle Ottiger

Réalisation: Mathieu Ballmer, Yannis Bordas, Damien Barrière-Constantin, Jean Berset, Colin Kurth, Frédéric Zahnd, Sylvain Michel et Brian Lanni

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