D’abord, le jeune prodige de la politique hexagonale se présente souvent comme le rescapé d’une banlieue sordide, élevé par une mère pauvre et immigrée. "C’est son storytelling. Son histoire est plus nuancée. Effectivement, il a grandi à Saint-Denis, dans la cité Gabriel Péri, mais ce n’est pas un coupe-gorge, c’est une petite cité de centre-ville. Jordan Bardella avait aussi un papa, qui appartient au milieu bourgeois, qui a été là pour son fils. Jordan Bardella a fait toute sa scolarité dans des écoles catholiques payantes", énumère le journaliste d’investigation.
Il y a une contradiction entre ce qu’il dit sur les réseaux sociaux et ce qu’il vote
A 16 ans, le jeune homme prend sa carte au Front national, parti d’extrême droite alors mené par le sulfureux Jean-Marie Le Pen. A partir de là, son ascension est fulgurante. A 18 ans, il devient secrétaire départemental du Front national de Seine-Saint-Denis. L’année suivante, il est assistant parlementaire d’un député européen. A 20 ans, il est élu conseiller régional d’Ile de France, à 22 ans, porte-parole du parti, à 24 ans, député européen, et à 27 ans, président du RN.
"Jordan Bardella n’a que le baccalauréat, il n’a jamais travaillé en entreprise hormis un mois avec son papa. En 2017, il se met en couple avec la fille de Frédéric Chatillon, l’une des figures de l’extrême droite française. Marine Le Pen les rencontre et remarque Jordan Bardella à ce moment-là. Elle le choisit pour devenir porte-parole parce qu’il est malléable", précise Pierre-Stéphane Fort.
Jordan Bardella l’est-il vraiment? Est-il un Rastignac à l’ambition dévorante ou un pur produit façonné par le parti? Jusqu’où peut-il aller? Quelles sont ses convictions profondes?
Caroline Stevan