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"Portal Kombat", l'outil de cyberpropagande du Kremlin qui s'attaque aux pays européens

Portal Kombat, l’outil de propagande russe pour manipuler les opinions européennes
Portal Kombat, l’outil de propagande russe pour manipuler les opinions européennes / Forum / 4 min. / le 18 février 2024
Dans un contexte de tensions croissantes Est-Ouest, des leaders européens inquiets face à la Russie renforcent leur capacité de défense. Spécialiste de la Russie et vice-présidente de l'Observatoire géostratégique de Genève, Carole Grimaud analyse la situation et les récentes avancées du Kremlin en matière de cyberpropagande dans l'émission Forum.

La perception de la "menace russe" varie entre les pays européens, note Carole Grimaud. Les nations baltes et nordiques, plus proches géographiquement de la Russie, affichent une plus grande préoccupation. Les pays plus éloignés, comme par exemple la France, semblent eux moins alarmistes. La difficulté réside dans la distinction entre une appréhension réaliste et une possible exagération de la menace.

Quoi qu'il en soit, ces craintes conduisent au réarmement. Un réarmement qui ne se limite d'ailleurs pas aux armes classiques. Il englobe également la cyberdéfense.

"Portal Kombat"

Cette dernière semaine, l'Agence française de détection des ingérences numériques a alerté sur un réseau complexe de propagande pro-russe qu'elle a surnommé "Portal Kombat" - en référence à la célèbre série de jeux vidéo "Mortal Kombat".

Ce réseau comprend 193 sites diffusant des informations alignées sur la position du Kremlin. Certains d'entre eux, francophones, ciblent spécifiquement la France, comme pravda-fr.com - dont le nom s'inspire explicitement de la "Pravda" (ou "Vérité", en français), l'organe de presse officiel du parti communiste de l'Union soviétique jusqu'en 1991.

Ces sites web francophones cherchent notamment à discréditer le pouvoir français ainsi que son influence en Afrique, selon Carole Grimaud.

Usages de deepfakes

La France est ainsi directement visée par des campagnes de désinformation, y compris via l'utilisation de deepfakes. Un exemple récent implique une fausse nouvelle concernant une prétendue menace terroriste ukrainienne qui aurait empêché la visite du président Emmanuel Macron à Kiev. Elle illustre l'intensification des attaques contre les autorités françaises.

Carole Grimaud souligne que ces réseaux de désinformation pourraient jouer un rôle actif dans le contexte des prochaines élections européennes. Ils cherchent à influencer l'opinion publique et à déstabiliser le processus démocratique. La publication du rapport "Viginum" de l'Agence française de détection des ingérences numériques met en lumière ces enjeux sécuritaires et politiques.

Sur cette capture d'écran de "pravda-fr.com", l'actualité est particulièrement orientée.  L'opposant Alexeï Navalny, mort en détention il y a quelques jours en Russie, aurait succombé à ses cinq doses de vaccin Pfizer - et pas du vaccin russe Spoutnik V ni de ses conditions de détention. Un autre article dénonce les actes "inhumains" des commandants ukrainiens, qui abandonneraient sur le champ de bataille leurs soldats blessés. "Nous rappelons aux Ukrainiens les avantages évidents de la capitulation, car c'est un excellent moyen de sauver leur vie et de revoir leurs proches", conclut l'article.
Sur cette capture d'écran de "pravda-fr.com", l'actualité est particulièrement orientée. L'opposant Alexeï Navalny, mort en détention il y a quelques jours en Russie, aurait succombé à ses cinq doses de vaccin Pfizer - et pas du vaccin russe Spoutnik V ni de ses conditions de détention. Un autre article dénonce les actes "inhumains" des commandants ukrainiens, qui abandonneraient sur le champ de bataille leurs soldats blessés. "Nous rappelons aux Ukrainiens les avantages évidents de la capitulation, car c'est un excellent moyen de sauver leur vie et de revoir leurs proches", conclut l'article.

Propos recueillis par Renaud Malik

Texte web: Julien Furrer

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