"Portal Kombat", l'outil de cyberpropagande du Kremlin qui s'attaque aux pays européens
La perception de la "menace russe" varie entre les pays européens, note Carole Grimaud. Les nations baltes et nordiques, plus proches géographiquement de la Russie, affichent une plus grande préoccupation. Les pays plus éloignés, comme par exemple la France, semblent eux moins alarmistes. La difficulté réside dans la distinction entre une appréhension réaliste et une possible exagération de la menace.
Quoi qu'il en soit, ces craintes conduisent au réarmement. Un réarmement qui ne se limite d'ailleurs pas aux armes classiques. Il englobe également la cyberdéfense.
"Portal Kombat"
Cette dernière semaine, l'Agence française de détection des ingérences numériques a alerté sur un réseau complexe de propagande pro-russe qu'elle a surnommé "Portal Kombat" - en référence à la célèbre série de jeux vidéo "Mortal Kombat".
Ce réseau comprend 193 sites diffusant des informations alignées sur la position du Kremlin. Certains d'entre eux, francophones, ciblent spécifiquement la France, comme pravda-fr.com - dont le nom s'inspire explicitement de la "Pravda" (ou "Vérité", en français), l'organe de presse officiel du parti communiste de l'Union soviétique jusqu'en 1991.
Ces sites web francophones cherchent notamment à discréditer le pouvoir français ainsi que son influence en Afrique, selon Carole Grimaud.
Usages de deepfakes
La France est ainsi directement visée par des campagnes de désinformation, y compris via l'utilisation de deepfakes. Un exemple récent implique une fausse nouvelle concernant une prétendue menace terroriste ukrainienne qui aurait empêché la visite du président Emmanuel Macron à Kiev. Elle illustre l'intensification des attaques contre les autorités françaises.
Carole Grimaud souligne que ces réseaux de désinformation pourraient jouer un rôle actif dans le contexte des prochaines élections européennes. Ils cherchent à influencer l'opinion publique et à déstabiliser le processus démocratique. La publication du rapport "Viginum" de l'Agence française de détection des ingérences numériques met en lumière ces enjeux sécuritaires et politiques.
Propos recueillis par Renaud Malik
Texte web: Julien Furrer