Pour le politologue Roland Cayrol, la formation d'un gouvernement de coalition est inévitable en France
Pour Roland Cayrol, observateur avisé de la vie politique française, les résultats de dimanche montrent que le "front républicain" contre l'extrême droite fonctionne toujours, malgré les fractures profondes entre ses composantes. A ses yeux, chaque fois que cette entente fonctionne bien, le Rassemblement national "touche son plafond de verre".
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"Les partis de gauche et le camp présidentiel ont presque complètement joué le jeu, le fameux barrage au RN a été au rendez-vous. Les derniers sondages prévoyaient cette bascule", a ajouté le politologue et écrivain dans le 19h30.
De probables discussions pour former une coalition
Désormais, sans majorité absolue, la question de la composition d'un gouvernement sera au coeur de toutes les préoccupations et de toutes les discussions. "Tout le monde sait qu'il va falloir une coalition", a noté Roland Cayrol, qui estime que Gabriel Attal pourrait dans un premier temps rester à son poste de Premier ministre, le temps que des négociations s'effectuent.
Le fameux barrage au RN a été au rendez-vous
Et ces négociations "n'incluront probablement pas La France insoumise, mais les autres partis de gauche, par exemple les écologistes, qui ont dit qu'ils étaient prêts à des discussions", a-t-il rappelé.
Pour Roland Cayrol, on ne sait pas qui en fera partie, qui sera à sa tête, mais il y aura des discussions pour la formation d'un gouvernement de coalition, une issue à laquelle la France n'est pas habituée.
Le RN en progression, mais toujours "dangereux" pour certains
De son côté, le Rassemblement national doublera approximativement sa représentation à l'Assemblée nationale, poursuivant l'ascension enregistrée ces dernières années. "C'est une augmentation en sièges très rare dans un pays au scrutin majoritaire", a estimé Roland Cayrol, qui constate que "l'extrême droite s'est suffisamment banalisée, dédiabolisée, pour qu'on puisse finir par la considérer comme un parti presque comme un autre".
Il est sûrement plus confortable pour Marine Le Pen d'attendre 2027
A ses yeux, il reste cependant une majorité de Français qui pensent que le RN "reste dangereux" et qu'il faut "éviter comme la peste" d'avoir ce parti au pouvoir. "C'est ce qui a motivé la majorité des Français aujourd'hui."
Toutefois, le RN pourrait bénéficier de sa forte progression sans avoir à gouverner, ajoute le politologue. "Gouverner, c'est prendre des décisions, faire des erreurs, être jugé tous les jours sur des choses moins importantes que quand on est à l'Elysée", a-t-il poursuivi. "Il est sûrement plus confortable pour Marine Le Pen d'attendre 2027. (...) On sait bien que la meilleure élection pour le RN, c'est l'élection présidentielle." Il a ainsi estimé que s'il y a une victoire des forces de "l'arc républicain" dimanche, "l'avenir n'est pas inscrit pour les trois ans qui viennent".
Propos recueillis par Gabriel De Weck
Texte web: Pierrik Jordan et Frédéric Boillat