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Pour les démocrates, Donald Trump est "bizarre", une pique qui agace les républicains

En 2016, Donald Trump, à l'époque candidat à la présidentielle, tient un masque à son effigie. [KEYSTONE - CHRIS O'MEARA]
La campagne présidentielle démocrate popularise le terme de ‘‘bizarre’’ contre Donald Trump et JD Vance / Forum / 6 min. / le 1 août 2024
Donald Trump est "bizarre"... Le mot a été lâché par les démocrates et connaît désormais un effet boule de neige. Les républicains, eux aussi, l'ont repris pour se défendre, au risque de paraître maladroits, juge Thierry Herman, professeur de rhétorique.

"Trump est vieux et assez bizarre", peut-on lire dans un récent communiqué de l'équipe de campagne de Kamala Harris.

Le mot peut paraître insignifiant, surtout pour Donald Trump qui n'a jamais hésité à utiliser des quolibets racistes ou sexistes pour qualifier ses adversaires. Mercredi, il a ainsi accusé sa nouvelle rivale Kamala Harris d'être "devenue noire" pour des raisons électoralistes, après s'être auparavant définie comme Indienne.

Pour répondre aux invectives, le camp de Kamala Harris a misé sur un simple mot: bizarre ("weird" en anglais). Dans les interviews, les messages en ligne, sur les réseaux sociaux, le mot est partout depuis quelques jours.

"Ces gens sont bizarres"

Tout a commencé avec Tim Walz, gouverneur du Minnesota et possible colistier de la démocrate, qui a asséné le mot lors d'une interview sur MSNBC.

"Ces gens sont bizarres, ils veulent vous enlever les livres, ils veulent être dans le cabinet de votre médecin. Il ne faut pas enjoliver les choses, ces idées sont bizarres", a-t-il déclaré dans un extrait devenu désormais viral.

Sortir d'une logique de duel

Il s'agit d'un "changement de cap rhétorique très intéressant", estime Thierry Herman, professeur de rhétorique à l'Université de Neuchâtel, dans l'émission Forum jeudi.

Fini en effet les discours formels du président Joe Biden qui concentrait ses attaques sur la condamnation de Donald Trump ou la menace qu'il représenterait pour la démocratie.

"En désignant l'adversaire comme simplement 'weird' (bizarre, en anglais), ça le réduit à une certaine forme d'insignifiance. Je ne suis plus digne de discuter avec lui parce que sa logique m'échappe complètement", ajoute l'analyste du discours.

En sortant ainsi du "registre classique du duel", pour se concentrer sur un message très simple, les démocrates semblent marquer des points.

Selon le dernier sondage du Wall Street Journal, l'écart dans les intentions de vote entre Donald Trump et la vice-présidente des États-Unis n'est plus que de 2 points - respectivement 49% des intentions de vote contre 47%. Lorsque Joe Biden était encore en course, l’écart était de six points.

>> Lire aussi : Qui est vraiment Kamala Harris, l'espoir des "anti-Trump"?

Des adversaires décontenancés

"Les meilleures stratégies de communication déstabilisent l'adversaire et l'amènent à commettre des erreurs", estime de son côté David Karpf, professeur de communication à l'université George Washington.

Interrogé à propos de cette offensive autour du mot "bizarre", le sénateur républicain Marco Rubio (Floride) a répondu qu'il dirait simplement aux démocrates "qu'ils sont encore plus bizarres", ajoutant que c'est ce qu'il avait pour habitude de faire quand il était à l'école.

Il s'agit là d'un "échec rhétorique", commente Thierry Herman, qui conseillerait plutôt au camp Trump de ne pas reprendre le terme et d'éviter certaines déclarations "qui, effectivement, sont un peu étranges".

Sujet radio: Miruna Coca-Cozma

Adaptation web: Doreen Enssle avec afp

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Vote pour officialiser la candidature de Kamala Harris

Plusieurs milliers de délégués ont commencé à voter jeudi pour désigner formellement Kamala Harris comme candidate démocrate à la présidentielle américaine. Ce processus en ligne doit durer cinq jours, jusqu'à lundi.

En règle générale, l'investiture officielle du candidat a lieu en personne lors d'une grande convention du parti, prévue cette année à Chicago du 19 au 22 août. Mais en raison d'exigences procédurales dans l'Etat de l'Ohio, les démocrates ont décidé d'anticiper ce vote, en ligne.

Kamala Harris, 59 ans, a amassé les soutiens parmi les responsables du Parti démocrate et bénéficie de meilleurs sondages que Joe Biden.

Le combat dans les urnes face à Donald Trump en novembre s'annonce pourtant âpre, les sondages donnant les deux candidats désormais au coude à coude.

Outre l'investiture, Kamala Harris a une autre étape importante à franchir dans les jours qui viennent: le choix de son colistier, appelé à devenir vice-président si elle est élue.