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Pour Pascal de Crousaz, une offensive terrestre israélienne au sud du Liban semble imminente

Faut-il craindre qu’Israël envahisse le sud du Liban? Interview de Pascal de Crousaz
Faut-il craindre qu’Israël envahisse le sud du Liban? Interview de Pascal De Crousaz / La Matinale / 7 min. / aujourd'hui à 07:00
Pascal de Crousaz, spécialiste du Proche-Orient, estime dans La Matinale que la date du 7 octobre pourrait symboliquement marquer une offensive terrestre israélienne au Liban, coïncidant avec l'anniversaire de l’attaque du Hamas et renforçant les promesses de Benjamin Netanyahu de changer la situation au Moyen-Orient.

"A moins d’un miracle diplomatique de dernière minute, une offensive pourrait permettre à Israël d’obtenir par la force ce qui avait été convenu par le droit en 2006: le retrait du Hezbollah au nord du fleuve Litani", explique Pascal de Crousaz lundi au micro de la RTS.

Le spécialiste du Proche-Orient rappelle que le surlendemain de l'attaque surprise du Hamas, Benjamin Netanyahu avait promis aux Israéliens de transformer le Moyen-Orient. "Le changer, ce n'est pas seulement mettre à genoux le Hamas dans la bande de Gaza, c’est aussi détruire le Hezbollah au sud du Liban", dit-il.

Si Benjamin Netanyahu parvient à vaincre militairement le Hamas et le Hezbollah, tout en libérant une partie des otages, il se repositionnerait sur l’échiquier israélien

Pascal de Crousaz, docteur en relations internationales, spécialiste du Proche-Orient

Il souligne plusieurs avantages tactiques pour Israël dans une offensive au sud du Liban: l’absence d’otages israéliens, peu de freins internationaux et un terrain découvert facilitant les opérations militaires.

>> Le suivi de la situation au Liban : Le Hezbollah va continuer à viser Israël, annonce le numéro deux du mouvement

Le 7 octobre 2024: un tournant stratégique?

Selon Pascal de Crousaz, la date du 7 octobre pourrait symboliquement marquer une offensive terrestre, car elle coïncide avec l’anniversaire de l’attaque surprise du Hamas. Si Netanyahu se réfère au calendrier juif, ce sera au plus tard le 24 octobre, pendant la fête de Sim’hat Torah.

Une telle opération renforcerait la position politique de Benjamin Netanyahu. "S'il parvient à vaincre militairement le Hamas et le Hezbollah, tout en libérant une partie des otages, il se repositionnerait sur l’échiquier israélien. Lui que l’on disait perdu aurait de fortes chances de rester au pouvoir encore un certain temps", affirme-t-il.

"Imaginez la force du symbole si Netanyahu peut dire: 'Vous voyez, je suis venu, j’ai promis il y a un an et j’ai défait les ennemis d’Israël'", ajoute l’expert du Moyen-Orient

Israël au sommet de sa puissance

En renversant une situation de faiblesse, Israël serait alors au sommet de sa puissance incontestée, une situation qu’il n’a probablement jamais connue auparavant. En frappant le 7 octobre, il démontrerait sa toute-puissance au Moyen-Orient, frappant où et quand il le souhaite, sans limites.

En frappant le 7 octobre, Israël démontrerait sa toute-puissance au Moyen-Orient, frappant où et quand il le veut, sans limites

Pascal de Crousaz, docteur en relations internationales, spécialiste du Proche-Orient

Selon lui, les Etats-Unis ne s'opposeront pas à Israël: "L’administration Biden-Harris déteste l’idée d’une telle guerre, mais elle est réduite à l’impuissance par les dernières semaines avant les élections".

Pascal de Crousaz explique par ailleurs qu'actuellement l’Iran, qui soutient le Hezbollah, ne souhaiterait pas vouloir entrer en guerre, mais se concentrerait principalement sur la survie de son régime et la protection de ses installations nucléaires.

>> L'interview dans le 19h30 de Guillaume Ancel :

L'interview de Guillaume Ancel, ancien officier et chroniqueur de guerre, sur la stratégie israélienne
L'interview de Guillaume Ancel, ancien officier et chroniqueur de guerre, sur la stratégie israélienne / 19h30 / 2 min. / aujourd'hui à 19:30

Propos recueillis par Eric Guevara-Frey et Patrick Chaboudez

Adaptation web: Miroslav Mares

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Les objectifs d’Israël avant une opération terrestre au Liban

Invité dans l’émission Tout un monde, Dominique Trinquand, spécialiste des relations internationales et ancien chef de la mission militaire française auprès de l'ONU, détaille les objectifs d’Israël avant d’envisager une opération terrestre au Liban.

"Pour l’instant, Israël continue avec des frappes très ciblées grâce à un renseignement absolument extraordinaire. Il faut bien voir que le système du Hezbollah est totalement infiltré par les agents qui travaillent pour Israël", précise-t-il.

Selon lui, il s’agit de déterminer à quel moment Israël considérera que 90% de la capacité du Hezbollah est détruite et que cela suffit ou s’il devra entrer en guerre au Liban comme en 2006. "La question subsidiaire, c’est de savoir si une bande de terrain libanais serait occupée par l’armée israélienne", ajoute-t-il.

La question que l'on peut se poser, c'est après cette diminution de capacité du Hezbollah, est-ce que l'Etat libanais va renaître?

Dominique Trinquand, spécialiste des relations internationales

Dominique Trinquand explique qu’Israël considère le Liban comme une zone opérationnelle plutôt qu’un pays indépendant en raison de la domination du Hezbollah qui, selon lui, a pris en otage le gouvernement libanais.

L’ancien chef de la mission militaire française auprès de l'ONU espère que la diminution des moyens du Hezbollah permettra au Liban de retrouver une direction autonome, non influencée par l’Iran.

>> Ecouter l'intégralité des explications de Dominique Trinquand :

Le Hamas annonce que son chef au Liban a été tué dans une frappe aérienne. [Keystone]Keystone
Israël poursuit ses raids au Liban: interview de Dominique Trinquand / Tout un monde / 8 min. / aujourd'hui à 08:12