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Pourquoi les Australiens sont-ils si passionnés par les SUV?

Les Parisiens ont approuvé dimanche à 54,55% de tripler les tarifs de stationnement pour les SUV. [Keystone]
Pourquoi les Australiens adorent les SUV / Tout un monde / 4 min. / le 5 février 2024
Réputée pour ses vastes espaces et ses pistes non goudronnées, l'Australie est un terrain de jeu pour les amateurs de véhicules tout-terrain. L'année dernière, pour la première fois, les SUV y ont été les dix voitures les plus vendues, alors que 86% de la population vit dans des zones urbaines où les routes sont bien goudronnées.

Le Ford Ranger, un pick-up de deux tonnes, est désormais la voiture la plus vendue en Australie. Pour ce type de véhicule, l’année 2023 a été historique: les SUV représentent près de 80% des ventes. Pourtant, l’an dernier, le prix des carburants a battu tous les records, franchissant même la barre symbolique des 2 dollars le litre.

Cette tendance à l’achat de véhicules de plus en plus imposants s’explique non seulement par l’attrait des Australiens pour ces modèles, mais aussi par les incitations fiscales. Les autoentrepreneurs et les PME peuvent déduire instantanément tout ou partie du prix d’achat de leur véhicule de leur revenu imposable, dans une limite qui jusqu’à septembre dernier était fixée à plus de 85'000 euros.

Jules, un Français installé à Sydney depuis 8 ans, a bénéficié de ce dispositif lors de l’achat d’un Ford Ranger Raptor au prix de 40’000 euros. Sans une réduction fiscale partielle, pas sûr qu'il aurait succombé à cette acquisition, explique-t-il lundi dans l’émission Tout un Monde de la RTS: "Peut-être pas! Au niveau de l’entreprise, il est plus facile de se dire que le véhicule est à moitié payé". Selon lui, le dispositif fiscal permet d’alléger un poids mental face à cette dépense importante.

Personne ne tire de bénéfice de cette politique, si ce n’est ceux qui vendent ces voitures

Richard Dennis, directeur de l’Australia Institute

Le directeur de l’Australia Institute Richard Dennis critique vivement cette remise fiscale. Selon lui, une telle politique n'est bonne ni pour l'économie, ni pour l'environnement.

"Ces énormes véhicules prennent beaucoup de places dans nos villes, ils bouchent les rues étroites et ils ne tiennent pas sur une seule place de parking", explique-t-il. A tel point que l’organisme chargé des normes en Australie a recommandé récemment d’allonger la taille des places de parking.

Richard Dennis soutient que cette politique ne bénéficie à personne, à part ceux qui commercialisent ces voitures. Or ces dernières ne sont pas fabriquées en Australie, la dernière usine d'automobiles y a fermé en 2017.

Nouvelles normes d'ici 2025

Par ailleurs, ces véhicules émettent en moyenne 212 grammes de CO2 par km, soit près du double de la moyenne relevée dans l’Union européenne.

Avec la Russie, l'Australie est le seul pays de l’OCDE qui n’impose aucune règle en matière d’efficacité énergétique. Mais le gouvernement australien s’est engagé à adopter la norme Euro 6d d’ici fin 2025, espérant ainsi réduire les émissions de gaz à effet de serre de 18 millions de tonnes d’ici 2050. Cependant, cette avancée reste modeste, car le secteur des transports en Australie produit annuellement 450 millions de tonnes de ces gaz.

Sujet radio: Grégory Plesse

Adaptation web: Miroslav Mares

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