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Pourquoi les leaders européens se lancent à leur tour sur TikTok?

Simon Harris, 37 ans, plus jeune Premier ministre irlandais s'adresse régulièrement à ses 96'000 abonnés sur TikTok. [Capture d'écran: TikTok / @simon_harristd]
Simon Harris, 37 ans, plus jeune premier ministre irlandais s'adresse régulièrement à ses 96'000 abonnés sur TikTok. - [Capture d'écran: TikTok / @simon_harristd]
Emmanuel Macron, Olaf Scholz, Simon Harris - le nouveau Premier ministre irlandais - ont un point commun: TikTok. En Europe, les dirigeants des partis traditionnels sont de plus en plus nombreux à s'emparer de la plateforme pour séduire la jeune génération. Mais le terrain de jeu est déjà bien investi par l'extrême droite.

Simon Harris le poing levé devant une foule, serrant des mains ou encore se prenant en photo en selfie avec des admirateurs. Sur TikTok, le tout nouveau Premier ministre irlandais est loin d'être un novice.

Le plus jeune "Taoiseach" (chef du gouvernement) du pays, 37 ans, s'adresse régulièrement à ses 96'000 abonnés. En créant son compte en mars 2021, il fait partie de l'avant-garde des hommes et femmes politiques européens présents sur l'application.

TikTok ou pas TikTok?

À l'approche des élections européennes de juin, les leaders des partis traditionnels n'hésitent plus à se lancer sur la plateforme, où les formations aux extrêmes de l'échiquier politique ont déjà bien fait leur nid.

TikTok, pourtant, fait l'objet d'un examen de plus en plus minutieux en Occident en raison des craintes concernant l'utilisation des données des utilisateurs de l'application, détenue par le géant chinois ByteDance.

Les agences de sécurité allemandes, par exemple, ont mis en garde contre l'outil, craignant que les données se retrouvent entre les mains du gouvernement chinois ou qu'elles soient utilisées à des fins d'espionnage.

Ne pas laisser le terrain à l'extrême-droite

Si en Allemagne, l'adoption de TikTok par de hauts responsables politiques est une tendance plus récente, elle se confirme de plus en plus. En mars dernier, Karl Lauterbach, 61 ans, était devenu le premier ministre du pays à se lancer dans l'aventure.

"Nous ne pouvons pas laisser les médias sociaux à l'AfD", avait justifié le ministre de la Santé, en référence à l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), un parti d'extrême-droite.

La formation domine en effet dans le royaume des vidéos courtes: six des dix comptes politiques avec le plus d'abonnés appartiennent à des leaders de l'AfD, souligne la radio bavaroise BR24.

Le parti lui-même compte 411'000 adeptes et son principal candidat, le député européen Maximilian Krah, 41'000 abonnés. Dans une vidéo, ce dernier accuse pourtant TikTok de le censurer en rendant ses vidéos invisibles (aussi connu comme le "shadowban")

"Tous les autres partis sont donc en train de paniquer pour ne pas laisser cette plateforme importante et les jeunes électeurs à ce parti radical [ndlr, l'AfD]", analyse le consultant politique Johannes Hillje.

Dans d'autres pays, les politiciens et politiciennes d’extrême-droite ne sont pas en reste, relève le quotidien Libération. En tête des comptes les plus populaires, on retrouve le Français Jordan Bardella du RN (1,1 million d’abonnés), Matteo Salvini, de la Lega italienne (975'000 abonnés), ou Slawomir Mentzen, président de Konfederacja en Pologne (850'000 abonnés). 

>> Lire aussi : Le président du RN Jordan Bardella, nouvelle idole des jeunes Français

Parler aux jeunes

En Allemagne, il est particulièrement urgent d'atteindre les jeunes électeurs et électrices, étant donné que les jeunes peuvent voter dès 16 ans lors des élections européennes de juin.

Lundi, le chancelier allemand Olaf Scholz a lui-même lancé son propre compte TikTok en faisant la promesse solennelle "de ne pas danser".

En ajoutant ce nouveau canal de communication à son arc, la chancellerie entend "augmenter l'offre d'information aux citoyens", a souligné le porte-parole du chancelier.

Olaf Scholz emboîte ainsi le pas aux présidents Joe Biden (291'000 abonnés) et Emmanuel Macron (4 millions d'abonnés), qui ont aussi leur propre compte sur la plateforme.

Doreen Enssle avec reuters

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