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"Poutine est un sadique, un meurtrier qui assassine pour rien", témoigne un déserteur russe

Témoignage d’un ancien soldat qui a choisi de déserter l’armée russe, après avoir été envoyé sur le front en Ukraine
Témoignage d’un ancien soldat qui a choisi de déserter l’armée russe, après avoir été envoyé sur le front en Ukraine / 19h30 / 3 min. / vendredi à 19:30
Rester anonyme pour survivre, c'est le quotidien de Yuri, un déserteur de l’armée russe. Vivant caché en Europe de l'Est, il craint constamment des représailles. Le nombre exact de déserteurs russes est inconnu, mais selon l'Ukraine, il serait estimé à 18'000. Vendredi, le 19h30 de la RTS a pu recueillir le témoignage anonyme de l'un d'eux, Yuri.

En novembre 2023, la vie de Yuri (prénom d’emprunt) bascule. C'est alors qu'il signe, dit-il sous pression, un contrat dans un poste de police pour rejoindre l'armée russe. Il est attiré par une prime de 15’000 francs, équivalente à plus qu'un salaire annuel moyen en Russie, et la promesse d'être éloigné du front.

Cependant, une fois déployé, la réalité se révèle bien différente. "On m'a attribué à l'unité d’assaut, mais j'ai refusé de participer aux opérations. Ils m'ont alors affecté à un groupe chargé d'évacuer les blessés et les morts du champ de bataille", confie-t-il.

J'ai vite compris que je ne pourrais jamais partir vivant

Yuri (prénom d’emprunt), déserteur de l'armée russe

Lorsque Yuri a rejoint son unité, ils étaient 250 hommes. Un mois plus tard, ils n'étaient plus qu'une trentaine à avoir survécu. Le jeune homme de 25 ans confie: "Quand je suis arrivé, j'ai vite compris que je ne pourrais jamais partir vivant de là-bas. Parfois, pour ne pas laisser souffrir un blessé qui n'avait aucune chance de s'en sortir, on l'achevait sur place, pour que ses parents touchent des indemnités".

Le jour où tout a changé pour Yuri

Au printemps dernier, Yuri a cru que sa vie touchait à sa fin. Un drone ukrainien a largué une grenade à moins de 2 mètres de lui, le blessant gravement aux jambes. Transporté d'un hôpital russe à un autre, puis à un troisième, lorsqu'il en sort, il prend la décision de ne plus retourner au front. "Je ne ressens aucun sentiment patriotique envers Poutine. C'est un sadique, un meurtrier qui a assassiné énormément de gens pour rien. Alors, pourquoi se battre? Pour quelle raison?", s’interroge-t-il encore aujourd'hui.

Pour fuir et échapper à son destin, Yuri a fait appel à une ONG russe nommée "Barrez-vous". Cette organisation offre un soutien logistique aux déserteurs et communique avec eux via le réseau Telegram. Grigory Sverdlin, fondateur de l'ONG "Barrez-vous", basée en Géorgie, partage qu'ils reçoivent en moyenne 200 demandes par mois.

Fatigue et confusion parmi les troupes russes

"Nous planifions en détail leur itinéraire, y compris où et quand ils vont changer leur uniforme et aussi quel moyen de transport ils vont prendre pour arriver à la frontière. Certes, il y a des individus endoctrinés, transformés en zombies, qui croient à l'existence de nazis en Ukraine, mais la plupart sont des gens ordinaires", explique Grigory Sverdlin.

J’ai décidé de ne plus retourner au front, car je ne ressens aucun sentiment patriotique envers Poutine

Yuri (prénom d'emprunt), déserteur de l'armée russe

Il affirme également observer une forte fatigue et une grande confusion parmi les militaires russes. "Beaucoup ne comprennent pas pourquoi ils sont là-bas, ni pourquoi ils se battent contre l'Ukraine", ajoute-t-il.

Il estime qu'environ un millier de déserteurs comme Yuri ont réussi à échapper à l’armée de Vladimir Poutine. Parallèlement, les chiffres ukrainiens suggèrent que le nombre de déserteurs pourrait atteindre près de 18'000. Cependant, ces chiffres ne représentent qu'une fraction du nombre total des soldats russes, qui est estimé à plus d'un million.

Sujet TV: Laurent Burkhalter

Adaptation web: Miroslav Mares

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