Vladimir Poutine dit que la Russie aurait dû se lancer à l'assaut de l'Ukraine "plus tôt"
Cette longue séance en direct de questions-réponses venant de journalistes ou de citoyens russes, bien que soigneusement mise en scène, constitue l'une des rares occasions de poser des questions délicates au président russe. C'est ainsi que plus d'un million et demi de questions lui ont été soumises, selon un décompte rapporté par l'agence Ria Novosti.
Protocoles de sécurité en question
Vladimir Poutine a reconnu jeudi que ses services spéciaux avaient failli à empêcher l'assassinat mardi du général russe Igor Kirillov, tué dans une explosion à Moscou revendiquée par Kiev. "Cela signifie que nos services de renseignement laissent passer ces attaques", a-t-il admis. "Nous devons simplement améliorer ce travail, nous ne devons pas permettre de telles failles."
Le général Igor Kirillov a été tué mardi dans le sud-est de Moscou, dans une explosion revendiquée par les services secrets ukrainiens (SBU), un modus operandi décrit jeudi par Vladimir Poutine comme étant "terroriste".
Sa mort en plein Moscou soulève des interrogations sur les protocoles de sécurité entourant les dirigeants russes et les personnalités importantes dans le pays, alors que la capitale russe est lourdement protégée depuis trois ans.
Le général Kirillov, sanctionné en octobre par Londres pour le déploiement présumé d'armes chimiques en Ukraine, est le plus haut responsable militaire russe connu à avoir été tué depuis le début de l'offensive russe contre son voisin ukrainien en février 2022.
Un suspect — un citoyen ouzbek né en 1995 — a été arrêté, avait annoncé mercredi le Comité d'enquête russe.
Bientôt une rencontre avec Donald Trump?
Le dirigeant russe a en outre déclaré qu'il aurait dû se lancer à l'assaut de l'Ukraine plus tôt, assurant que la Russie a été "trompée" et "contrainte" de lancer son offensive. "S'il était possible de revenir en arrière, en sachant ce qui se passe aujourd'hui, j'aurais envisagé de décider de lancer une opération spéciale (en Ukraine) plus tôt."
Vladimir Poutine s'est aussi dit prêt à rencontrer "à n'importe quel moment" le président élu américain Donald Trump, qui a récemment appelé à un cessez-le-feu et des négociations entre l'Ukraine et la Russie.
Du côté de la guerre au Proche-Orient, le Russe espère "qu'Israël se retirera du territoire syrien à un moment donné".
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agences/juma
Inflation plus forte que prévu
Sur le plan économique, le président a exprimé son soutien envers la politique sévère de la banque centrale, tout en reconnaissant que celle-ci aurait pu prendre des mesures plus rapidement face à une économie russe qui présente des signes d'échauffement. L'autorité financière est censée relever vendredi ses taux directeurs de 200 points de base à 23%, une mesure particulièrement agressive qui marquera le taux le plus élevé en plus de 20 ans.
Vladimir Poutine a indiqué avoir été prévenu par la banque centrale que l'inflation dépasserait les attentes en 2024, atteignant 9,2% ou 9,3% contre une estimation de 8,5%. Il a également prédit que la croissance économique ralentirait entre 2% et 2,5% en 2025%, une chute considérable par rapport aux 4% de cette année.
Le chef du Kremlin a déclaré que les sanctions occidentales et la récolte particulièrement maigre de l'année en raison des mauvaises conditions météorologiques, ainsi que le manque de réactivité de la banque centrale, étaient à blâmer pour l'augmentation de l'inflation, en particulier la hausse des prix des denrées alimentaires. "Il aurait été nécessaire de prendre des décisions plus rapidement", a-t-il déclaré.