Ces meurtres auraient été ordonnés par un "puissant chef de gang" convaincu que la maladie de son fils avait été causée par des pratiquants du culte vaudou, selon l'ONG Comité pour la paix et le développement, basée à Haïti.
"Il a décidé de punir cruellement toutes les personnes âgées et les pratiquants vaudous qui, dans son imagination, seraient capables d'envoyer un mauvais sort à son fils", a expliqué l'organisation dans un communiqué.
Des personnes âgées ciblées
Les membres du gang auraient été chargés d'identifier les victimes à leurs domiciles, dans le quartier de Cité Soleil, situé dans l'ouest de la capitale en bord de mer, et de les emmener au fief du chef pour y être exécutés, affirme le communiqué.
"Des sources fiables au sein de la communauté indiquent que plus de 100 personnes ont été massacrées, leurs corps mutilés et brûlés dans la rue", précise encore l'ONG. Selon elle, la plupart des personnes tuées vendredi et samedi étaient âgées de plus de 60 ans, mais des jeunes qui ont essayé de s'interposer figurent également parmi les victimes.
Lundi lors d'une conférence de presse à Genève, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits humains Volker Türk a affirmé que le bilan de ces exactions s'élevait à au moins 184 personnes tuées. "Ces derniers meurtres portent le bilan des morts en Haïti cette année au nombre faramineux de 5000 personnes", a-t-il souligné.
Instabilité politique de longue date
Pilier de la culture du pays, le vaudou a été importé en Haïti avec les esclaves africains. Il avait été interdit pendant l'occupation coloniale française (jusqu'en 1804) et n'a été reconnu comme une religion officielle par le gouvernement qu'en 2003.
Haïti pâtit depuis des dizaines d'années d'une instabilité politique chronique, en partie liée à l'endettement imposé à la décolonisation du pays ainsi qu'au coup d'Etat de 2004, vraisemblablement soutenu par la France et les Etats-Unis.
Les gangs omniprésents
Le pays souffre aussi d'une crise sécuritaire liée à la présence de gangs armés accusés de meurtres, d'enlèvements et de violences sexuelles à large échelle. Ces violences, déjà endémiques dans le pays, s'aggravent depuis février, lorsque des groupes armés ont lancé des attaques coordonnées à Port-au-Prince pour renverser le Premier ministre Ariel Henry.
Soutenue par l'ONU et Washington, une mission multinationale de soutien à la police menée par le Kenya a commencé à se déployer cet été. Mais les violences continuent de s'intensifier et les gangs contrôlent aujourd'hui 80% de la capitale.
afp/jop