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Près de 2500 arrestations après les manifestations qui ont fait plus de 170 morts au Bangladesh

Près de 2500 arrestations après des violences au Bangladesh. [AFP - Anik Rahman / NurPhoto]
La tension semble retomber d’un cran au Bangladesh mais la situation reste très volatile / La Matinale / 1 min. / le 23 juillet 2024
Près de 2500 personnes, dont des dirigeants de l'opposition, ont été arrêtées au Bangladesh, selon un nouveau décompte mardi. Le mouvement étudiant à l'origine de manifestations réprimées qui ont fait au moins 174 morts a annoncé lundi la suspension sous conditions des protestations.

"Nous suspendons les manifestations pour 48 heures", a déclaré lundi Nahid Islam, chef de file du principal mouvement organisateur des manifestations Students Against Discrimination, demandant au gouvernement "de lever le couvre-feu pendant cette période, de rétablir l'accès à internet et de cesser de s'en prendre aux manifestants étudiants".

Des manifestations contre les quotas pour le recrutement dans la fonction publique, vus comme favorisant les proches du parti au pouvoir, ont dégénéré en la pire vague de violences depuis que la Première ministre Sheikh Hasina est arrivée au pouvoir il y a 15 ans.

Plus de 1200 personnes ont été arrêtées à Dacca, la capitale du pays, et sa périphérie rurale, ont indiqué des responsables de la police. Près de 600 autres l'ont été dans la ville portuaire de Chittagong et ses environs, et des centaines d'autres arrestations ont été recensées dans plusieurs districts du pays, selon des responsables de la police locale. Ces derniers chiffres portent le total des arrestations recensées par l'AFP à 2580.

Parmi les personnes arrêtées "figurent des dirigeants du BNP", le parti national du Bangladesh, une formation appartenant à l'opposition, a indiqué la police de Dacca. Un porte-parole du parti a de son côté affirmé lundi que "plusieurs centaines de dirigeants et de militants du BNP ont été arrêtés ces derniers jours" dans l'ensemble du pays.

Les quotas réduits, mais pas abolis

Un couvre-feu a été imposé et des soldats patrouillent les rues des villes de ce pays d'Asie du Sud qui compte la huitième plus grande population au monde. Une forte présence militaire était visible dans la capitale mardi, avec des barrages à certaines intersections et sur les axes principaux. Mais les habitants étaient plus nombreux dans les rues, parcourues par des centaines de pousse-pousse.

Depuis jeudi, une coupure d'internet à travers le pays limite considérablement la transmission des informations vers l'étranger.

La Cour suprême a revu à la baisse dimanche les quotas pour le recrutement dans la fonction publique, sans toutefois les abolir, après leur réintroduction en juin. Mais après la répression de leur mouvement par les forces de l'ordre, qui ont tiré à balles réelles samedi à Dacca, c'est désormais le départ de la cheffe du gouvernement qu'ont commencé à réclamer des jeunes Bangladais.

>> Lire aussi : Les étudiants bangladais poursuivent leurs manifestations malgré l'assouplissement des quotas

Plus de 170 morts

Les affrontements dans tout le pays ont fait au moins 174 morts, dont plusieurs policiers, selon un décompte de l'AFP des victimes rapportées par les forces de l'ordre et les hôpitaux. Selon la police, environ 1000 personnes ont aussi été blessées, dont au moins 60 sont dans un état critique.

"Nous n'arrêterons pas nos manifestations tant que le gouvernement n'aura pas publié un décret reflétant nos demandes", a affirmé un porte-parole de Students Against Discrimination.

La réponse des autorités aux manifestations a été largement critiquée. Dans une déclaration lundi, le lauréat bangladais du prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, âgé de 83 ans, a exhorté la communauté internationale à mettre fin à ces violences. "J'appelle de toute urgence les dirigeants internationaux et les Nations unies à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre fin à la violence subie par ceux qui exercent leur droit de manifester", a déclaré l'économiste.

Des diplomates en poste dans la capitale ont également critiqué la répression du gouvernement qui a de façon répétée rejeté la responsabilité des troubles sur les manifestants et l'opposition, selon des sources diplomatiques sous couvert de l'anonymat.

ats/iar

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