Hama représente une ville stratégique entre Alep, dans le nord-ouest, et la capitale Damas, dans le sud-ouest. Le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Cham (HTS) et d'autres factions rebelles ont lancé le 27 novembre une offensive fulgurante dans le nord-ouest de la Syrie, s'emparant de dizaines de localités et d'une grande partie d'Alep, la deuxième ville du pays, avant de poursuivre leur progression vers le sud.
Lundi, des combats se déroulaient dans le nord de la province de Hama, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), entre les rebelles, qui ont pris le contrôle de plusieurs localités, et les forces gouvernementales appuyées par les aviations russe et syrienne.
L'armée, qui n'avait pas opposé de "résistance significative" à Alep, selon l'OSDH, a annoncé avoir envoyé des renforts pour ralentir la progression des rebelles. "Nous progressons vers Hama après avoir nettoyé" les localités qui y mènent, a de son côté affirmé un combattant rebelle.
Plus de 500 morts
Lundi, ces forces ont attaqué avec des lance-roquettes la ville, où six civils ont été tués, selon l'OSDH, une ONG basée au Royaume-Uni, qui s'appuie sur un vaste réseau de sources en Syrie.
Les combats et bombardements dans le nord-ouest, les premiers de cette ampleur depuis 2020, ont fait près de 600 morts depuis le 27 novembre, dont 98 civils, selon un nouveau bilan mardi de cette ONG.
>> Relire : Le pouvoir syrien a perdu le contrôle de la ville d'Alep après un assaut rebelle
lan/ami avec afp
Près de 50'000 déplacés en quelques jours, selon l'ONU
L'escalade du conflit dans le nord-ouest de la Syrie a conduit près de 50'000 personnes à fuir en quelques jours, a indiqué lundi le bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA). Plus de la moitié des déplacés sont des enfants.
Les opérations humanitaires de l'ONU et de ses partenaires ont dû être "largement suspendues" dans certaines zones d'Alep, d'Idleb et d'Hama, a par ailleurs déclaré Stéphane Dujarric, le porte-parole du chef de l'ONU, notant l'impossibilité d'accéder notamment aux entrepôts où l'aide humanitaire est stockée.
"Cela a provoqué de graves perturbations pour l'accès de la population à une aide vitale", a-t-il ajouté. Il s'est également inquiété de l'aggravation de la situation sanitaire, notamment "en raison de la présence de corps non enterrés et du manque d'eau potable".
La Syrie vit déjà l'une des pires crises humanitaires au monde, avec 16,7 millions de personnes ayant besoin d'aide humanitaire et sept millions de déplacés, a-t-il rappelé.
Près de 200'000 civils kurdes pris au piège des combats autour d'Alep
Plus de 200'000 civils kurdes se sont retrouvés pris au piège dans les combats accompagnant la reprise d'Alep par la coalition de groupes djihadistes et rebelles. Ces Kurdes ont déjà été déplacés de la ville d'Afrin, tombée aux mains de factions soutenues par la Turquie en 2018. Ils se retrouvent à nouveau déplacés.
Situation très préoccupante pour les hôpitaux d'Idlib et d'Alep
Alors que les groupes rebelles et islamistes poursuivaient leur avancée, le régime de Damas et son allié russe ont bombardé lundi à plusieurs reprises la ville d'Idlib (nord-ouest) et sa province, et pris pour cible les hôpitaux.
Le personnel médical n'a pas eu le temps de mettre à l'abri les patients de l'hôpital universitaire. Sur une vidéo filmée par un soignant, on voit le plafond du couloir s'effondrer, les vitres voler en éclats. Quelques heures plus tard, c'est la maternité située au centre ville d'Idlib qui a été visée.
La situation est aussi préoccupante à Alep. Ces dernières années, le système de santé s'est effondré dans les zones dirigées par le régime. Plongés à nouveau dans la guerre, les établissements hospitaliers de la deuxième ville du pays manquent de tout.