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Près de 80 morts lors de nouvelles manifestations anti-gouvernementales au Bangladesh

De nouvelles manifestations violentes anti-gouvernementales au Bangladesh ont fait plus de 50 morts. [Keystone - MONIRUL ALAM / EPA]
De violentes manifestations anti-gouvernementales au Bangladesh ont fait au moins 55 morts / Le Journal horaire / 22 sec. / le 4 août 2024
Des heurts de plus en plus violents entre opposants à la Première ministre Sheikh Hasina, forces de l'ordre et partisans du parti au pouvoir ont fait au moins 77 morts dimanche au Bangladesh, selon un nouveau bilan de la police et des hôpitaux.

Le bilan sanglant de dimanche porte à au moins 283 le nombre de personnes tuées depuis le début des manifestations dans le pays en juillet. Il s'agit de l'une des journées les plus meurtrières.

Parmi les morts dimanche figurent au moins 14 policiers, selon la police. Les camps rivaux se sont affrontés à coups de bâtons et de couteaux, et les forces de l'ordre ont tiré à balles réelles. La police a indiqué que des manifestants avaient pris d'assaut un poste de police dans la ville d'Enayetpur, dans le nord-est du pays.

Les décès ont été signalés dans la capitale Dacca et dans les districts de Bogra, Pabna et Rangpur, dans le nord du pays, ainsi qu'à Magura, dans l'ouest, à Comilla, dans l'est, et à Barisal et Feni, dans le sud.

Face à ces heurts dans plusieurs villes, en particulier à Dacca, un ancien chef de l'armée a appelé au retrait des troupes de la rue.

Des manifestants bloquent le carrefour Shahbag lors d'une manifestation à Dacca contre le gouvernement bangladais. [AFP - MUNIR UZ ZAMAN]
Des manifestants bloquent le carrefour Shahbag lors d'une manifestation à Dacca contre le gouvernement bangladais. [AFP - MUNIR UZ ZAMAN]

Un "champ de bataille" à Dacca

Des milliers de Bangladais s'étaient rassemblés dimanche matin sur une place de Dacca pour exiger la démission de la Première ministre Sheikh Hasina, après plus d'un mois de contestation initialement dirigée contre des quotas d'emploi dans la fonction publique. Ils répondaient à l'appel d'une coalition étudiante, Students Against Discrimination, qui avait exhorté la veille à la désobéissance civile.

"Il y a eu des affrontements entre des étudiants et des hommes du parti au pouvoir", a déclaré un inspecteur de police. Selon une autre source policière, tout Dacca s'est transformé dimanche "en champ de bataille" et une foule de plusieurs milliers de manifestants a mis le feu à des voitures et des motos près d'un hôpital.

Un des leaders étudiants avait prévenu dimanche ses concitoyennes et concitoyens qu'ils devaient être "prêts à se battre". "Préparez vos bâtons de bambou et libérez le Bangladesh", a-t-il écrit sur Facebook.

De son côté, le secrétaire général de la Ligue Awami, le parti de la Première ministre, avait appelé les Bangladais à se rassembler dimanche dans "tous les quartiers de Dacca" et "dans tous les districts" du pays.

Un magasin de Dacca en feu lors d'une manifestation anti-gouvernementale au Bangladesh. [AFP - ABU SUFIAN JEWEL]
Un magasin de Dacca en feu lors d'une manifestation anti-gouvernementale au Bangladesh. [AFP - ABU SUFIAN JEWEL]

Soutien d'anciens militaires

Ces affrontements comptent parmi les plus meurtriers depuis l'arrivée au pouvoir il y a 15 ans de Sheikh Hasina. Pour rétablir l'ordre, son gouvernement a notamment coupé l'accès à internet, imposé un couvre-feu et déployé l'armée.

D'anciens officiers militaires ont depuis apporté leur soutien au mouvement de contestation. "Nous sommes profondément préoccupés [...] et attristés par tous les meurtres, tortures, disparitions et arrestations massives qui ont tourmenté le Bangladesh au cours des trois dernières semaines", a déclaré dimanche à la presse l'ancien chef de l'armée bangladaise, le général Ikbal Karim Bhuiyan.

"Nous demandons au gouvernement en place de retirer immédiatement les forces armées de la rue", a-t-il ajouté dans une déclaration commune avec d'autres anciens officiers supérieurs, en soulignant que les gens n'avaient "plus peur de sacrifier leur vie". "Ceux qui sont responsables d'avoir poussé les habitants de ce pays dans un état de misère aussi extrême devront être traduits en justice", a-t-il encore estimé.

Samedi, l'actuel chef de l'armée, le général Waker-uz-Zaman, avait, lui, affirmé dans un communiqué que l'armée avait "toujours été aux côtés du peuple et le sera[it] toujours".

agences/iar

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