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Procès historique à Londres contre BHP pour indemniser les victimes du barrage de Samarco au Brésil

Des coulées de boue toxique se sont répandues dans l'océan Atlantique. [Reuters]
Un procès historique à Londres contre BHP sur la pire catastrophe environnementale du Brésil / La Matinale / 1 min. / aujourd'hui à 06:21
Un vaste procès s'ouvre lundi à Londres pour déterminer la responsabilité du géant minier australien BHP dans la rupture dévastatrice d'un barrage de résidus toxiques en 2015 au Brésil. Il pourrait ouvrir la voie à des milliards d'indemnisation pour des centaines de milliers de victimes.

Le procès, historique en plusieurs points, oppose plus de 620'000 plaignantes et plaignants, réunis en plainte collective, au groupe minier anglo-australien BHP, accusé d'être responsable de la pire catastrophe environnementale de l'histoire du Brésil.

En 2015, une gigantesque coulée de boue de déchets toxiques s'était répandue sur 650 kilomètres le long du fleuve Rio Doce, jusqu'à l'océan Atlantique, après la rupture d'un barrage près de la ville de Mariana, dans l'Etat de Minas Gerais (sud-est). Ce barrage de déchets miniers était géré par la société Samarco, codétenue à parts égales par les multinationales BHP et Vale.

Des milliers déjà versés à l'Etat brésilien

Des dizaines de millions de mètres cubes de boue toxique ont détruit des immeubles, des routes et des villages entiers, provoquant 19 morts et des centaines d'évacuations. Mais le bilan environnemental a été bien plus catastrophique encore. Plantes, terre, rivières, forêts tropicales, poissons, animaux ont été étouffés par la pollution.

Or, les enquêtes ont montré que Samarco avait été avertie des problèmes structurels de son barrage. Mais la direction du groupe n'était pas intervenue. Après la catastrophe, BHP et Vale ont ainsi été condamnés à verser des milliards à l'Etat brésilien.

Et les deux multinationales font désormais face à une plainte collective lancée en 2018 qui exige une indemnisation pour les victimes elles-mêmes. Après plusieurs rebondissements devant la justice britannique, l'énorme procès civil qui s'ouvre lundi doit déterminer l'éventuelle responsabilité de BHP, dont l'un des sièges se situait alors à Londres.

"Nous espérons vraiment que la justice anglaise fera ce que la justice brésilienne n'a pas fait jusqu'à présent", a expliqué une Brésilienne de 39 ans dont la famille a perdu sa maison dans la catastrophe. Pour elle, il ne fait aucun doute que la compagnie "savait que le barrage avait des problèmes et savait ce qu'il fallait faire".

Des mois de procès

Le montant total des indemnités doit encore être déterminé, mais il promet d'être gigantesque: il est évalué "à 36 milliards de livres" (soit environ 40.5 milliards de francs) par les avocats des plaignants, dont 46 municipalités brésiliennes, des particuliers, des entreprises et plusieurs peuples autochtones.

De son côté, BHP se dit "pleinement conscient des impacts" de la catastrophe et "inébranlable" dans sa volonté d'indemnisation, mais juge ce procès britannique "inutile", estimant l'affaire "déjà couverte" par les procédures brésiliennes. Le groupe assure que plus de 430'000 personnes ont déjà reçu une compensation via une fondation qui gère les programmes d'indemnisation et de réhabilitation au Brésil, dont plus de 200'000 plaignants du procès à Londres.

La cour devrait débattre pendant plusieurs mois. Le procès doit s'achever début mars.

afp/jop

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