Samedi entre 8 et 9h du matin, une première embarcation de migrants "surchargée", transportant près de 90 personnes, a été frappée par une panne de moteur au large de Boulogne-sur-Mer (F). Elle a demandé assistance au navire remorqueur Abeille Normandie, selon le récit de la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord.
Sur cette embarcation, un enfant de deux ans a été récupéré inanimé et n'a pas pu être sauvé, a expliqué le préfet du Pas-de-Calais Jacques Billant. Selon les premiers éléments, il a été "écrasé", a précisé le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer Guirec Le Bras. Quatorze autres migrants ont été pris en charge, dont un adolescent de 17 ans qui a été hospitalisé pour des brûlures aux jambes. Les autres passagers du canot ont voulu continuer leur route vers l'Angleterre.
Ecrasés, étouffés et noyés
Sur une deuxième embarcation, également surchargée et partie des côtes du Calaisis, plusieurs pannes de moteur ont généré des mouvements de panique. Des migrants tombés à la mer ont pu être secourus, mais trois personnes, deux hommes et une femme d'environ 30 ans, ont ensuite été découvertes inanimées au fond de l'embarcation, "vraisemblablement écrasées, étouffées et noyées au moment des bousculades dans les 40 cm d'eau présents au fond de l'embarcation pneumatique", selon le récit du préfet.
Sur ces trois victimes adultes, l'une est vietnamienne et deux sont d'"origine africaine", tandis que l'enfant décédé dans le premier canot est né en Allemagne d'une mère somalienne, selon le procureur, qui annonce l'ouverture de deux enquêtes distinctes.
Ces nouveaux drames migratoires dans la Manche se sont produits alors que les tentatives de traversées se sont multipliées depuis jeudi à la faveur d'une fenêtre météorologique favorable. Ils portent à 51 le nombre de personnes décédées depuis le début de l'année dans ces traversées maritimes vers l'Angleterre, selon le bilan établi par le préfet du Pas-de-Calais [lire aussi l'encadré].
"Les passeurs ont leur sang sur les mains"
"Epouvantable drame qui doit tous nous faire prendre conscience de la tragédie qui se joue. Les passeurs ont le sang de ces personnes sur les mains et notre gouvernement intensifiera la lutte contre ces mafias qui s'enrichissent en organisant ces traversées de la mort", a écrit le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur X.
La ministre de l'Intérieur britannique Yvette Cooper, de son côté, a déploré un drame "épouvantable", accusant les "passeurs criminels" de ne pas se soucier des vies des migrants.
"Pour que cessent ces drames, l'action de l'Etat doit changer, en menant une action de sauvetage humanitaire en mer, accompagnée d'une politique d'accueil en France et de passage sûr vers l'Angleterre", a exhorté pour sa part l'association d'aide aux migrants Utopia 56.
juma/vic avec les agences
250 migrants secourus depuis jeudi soir
Depuis jeudi soir, 31 tentatives de traversées ont été empêchées par les forces de l'ordre et plus de 250 migrants secourus en mer, selon le préfet. "Les embarcations sont surchargées, elles sont de mauvaise qualité, sous-gonflées, sans plancher, sous-motorisées et sans gilet de sauvetage pour tous les occupants", a-t-il déploré.
Depuis janvier, plus de 25'000 migrants sont arrivés sur les côtes britanniques après avoir traversé la Manche à bord d'embarcations de fortune, selon des chiffres du ministère britannique de l'Intérieur publiés le 23 septembre.
2024, année la plus meurtrière
Avant les événements de samedi, une série de naufrages avait déjà fait de 2024 l'année la plus meurtrière dans la Manche depuis le début en 2018 du phénomène des traversées à bord de canots pneumatiques, avec un bilan qui s'établissait à au moins 47 décès.
Elu en juillet, le gouvernement britannique du travailliste Keir Starmer a promis de s'attaquer à l'immigration illégale en augmentant le nombre d'expulsions de migrants et en luttant contre les passeurs.