Qui est l'English Defense League, groupe d'extrême droite derrière les émeutes au Royaume-Uni?
Hôtels hébergeant des demandeurs d'asile saccagés, mosquées assaillies: le Royaume-Uni a vécu un week-end de violences. Ces manifestations, qui secouent tout le pays jusqu’à Belfast en Irlande du Nord, se font sous l'impulsion de l'English Defense League (EDL), la "Ligue de défense anglaise."
>> Lire également : Les autorités britanniques sont confrontées aux pires émeutes depuis plus de dix ans
Ce groupe d'extrême droite, fondé en 2009, avait connu un certain déclin ces dernières années, notamment au profit du parti UKIP de Nigel Farage, explique dans Forum Laetitia Langlois, maître de conférence en civilisation britannique à l’Université d’Angers.
Rumeurs sur les réseaux
"On n'en entendait plus trop parler et c'est vrai que là, à l'occasion de ces émeutes, on voit à quel point l'English Defence League est très influente sur les réseaux sociaux." Laetitia Langlois souligne notamment l'influence du leader de l'EDL, Tommy Robinson, lui aussi très actif sur les réseaux.
La chercheuse explique que ce groupe est à l'origine des rumeurs, également relayées par le masculiniste Andrew Tate, qui se sont propagées en ligne sur l'origine et la religion de l'agresseur présumé de l'attaque au couteau – fausses informations qui ont déclenché les émeutes. "Ces rumeurs se sont propagées à une vitesse phénoménale et ont pris tout le pays."
Les croyances remplacent la vérité
"La population britannique a préféré croire la version de l'English Defense League, qui assurait que cet homme était un musulman arrivé illégalement l'année d'avant sur le sol britannique, alors que la police, acculée, a été obligée de révéler l'identité de cet homme, qui est mineur, et qui est né à Cardiff de parents rwandais et de religion catholique", constate Laetitia Langlois.
L'islam condense chez eux l'hostilité, la haine. C'est pour ça que ce sont des populations musulmanes, et des mosquées, qui sont prises à partie
Le mot d'ordre des casseurs est "Enough is enough" (trop c'est trop), qui fait référence à l'arrivée au Royaume-Uni de migrants empruntant la Manche sur des canots pneumatiques. "Ils sont islamophobes, xénophobes", décrit sans détours la spécialiste de la droite radicale populiste au Royaume-Uni.
"L'islam condense chez eux l'hostilité, la haine. C'est pour ça que ce sont des populations musulmanes, et des mosquées, qui sont prises à partie. L'homme musulman est considéré comme la menace principale qui pèse sur la société britannique, sur ce qui fait l'identité britannique, les traditions britanniques, ses coutumes, ses valeurs."
La maîtresse de conférence insiste sur la force des théories du complot. "Ce sont des foules qui s'entraînent dans ce déchaînement de violence et qui font que la croyance remplace le fait. C'est quelque chose que l'on observe depuis de nombreuses années maintenant, surtout avec Donald Trump ou le Brexit."
Propos recueillis par Mehmet Gultas/asch