En janvier 2021, Kamala Harris inscrivait son nom dans l'Histoire en devenant la première femme, la première Afro-Américaine et la première personne d'origine asiatique à accéder à la vice-présidence. "Elle a détruit un plafond de verre après l'autre", déclarait Joe Biden en mars 2023.
Âgée de 59 ans, elle est considérée aujourd'hui comme la candidate la plus à même de l'emporter face à Donald Trump en novembre prochain, une nouvelle étape qui pourrait marquer un tournant historique pour l'Amérique.
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1990: Kamala Harris devient avocate
Née en 1964 à Oakland, en Californie, Kamala Harris devient avocate en 1990 après un brillant parcours scolaire facilité par les mesures de déségrégation. Ses parents, originaires de Jamaïque et d'Inde, sont respectivement médecin et professeur d'économie.
La vice-présidente raconte avoir souvent manifesté enfant pour les droits civiques, en compagnie de son père et de sa mère, chercheuse spécialiste du cancer du sein.
Diplômée de l'Université Howard, fondée à Washington pour accueillir les étudiants afro-américains, elle intègre le barreau de Californie en 1990, marquant le début d'une brillante carrière.
2004: Kamala Harris entre dans le système judiciaire
En 2004, Kamala Harris accède au poste de procureure de San Francisco, devenant ainsi la première femme noire à occuper un tel poste. Une position qu'elle utilise pour introduire des réformes significatives, notamment en matière de justice pénale et de programmes de réhabilitation.
Elle crée par exemple en 2006 une unité spéciale contre les crimes de haine, incluant ceux contre les personnes LGBT. Après le meurtre de Gwen Arroyo, une femme transgenre de 17 ans, elle soutient une loi visant à former les jurés pour lutter contre leurs préjugés.
2010: Kamala Harris est nommée procureure générale
Après deux mandats comme procureure à San Francisco, elle est élue procureure générale de la Californie, devenant alors la première femme et la première personne noire à diriger les services judiciaires de l'Etat le plus peuplé du pays. Elle se fait remarquer par ses luttes contre l'absentéisme scolaire et pour les droits LGBT, ainsi que par une réforme drastique de la police.
Cinq ans plus tard, elle met en place des formations au sein des forces de l'ordre pour lutter contre les préjugés racistes et augmente le budget destiné aux enquêtes sur les violences policières.
Son bilan en tant que procureure a toutefois été vivement critiqué lors de la campagne présidentielle de 2019, certains progressistes déplorant qu'elle n'ait pas adopté de mesures plus fermes contre le profilage racial.
2017: Kamala Harris est nommée sénatrice de Californie
En 2017, Kamala Harris devient la deuxième Afro-Américaine à devenir sénatrice. Elue en Californie, elle lutte contre les politiques anti-immigration du Parti républicain, comme la séparation des familles immigrées d'Amérique centrale.
Elle se distingue par ses échanges vigoureux avec des membres de l'administration Trump, tels que Jeff Sessions et Brett Kavanaugh. Des républicains, dont le président Donald Trump, lui reprochent son manque de respect envers les personnes auditionnées.
Elle a également été critiquée pour sa répression sévère des petits délits, qui a, selon ses opposants, surtout affecté les minorités. Elle démissionne le 18 janvier 2021 en raison de son élection à la vice-présidence des États-Unis.
2021: Kamala Haris est élue vice-présidente
En 2020, Kamala Harris se lance dans la course à la Maison Blanche, mais se retire avant les primaires. Joe Biden, alors candidat démocrate, la choisit comme colistière, reconnaissant son expérience, sa vision et son charisme. Leur ticket remporte l'élection, et Kamala Harris prête serment en tant que vice-présidente le 20 janvier 2021. Elle dédie alors son discours de victoire aux "petites filles" d'Amérique.
Exerçant un poste souvent considéré comme ingrat, Kamala Harris a aussi connu des débuts difficiles, avec des erreurs sur des sujets sensibles tels que la diplomatie et l'immigration. Certains médias américains ont également critiqué son manque de stature, des commentaires que ses partisans attribuent en partie à des préjugés sexistes.
En 2022, Kamala Harris remonte sur le devant de la scène en défendant avec ferveur le droit à l'avortement, remis en cause par la Cour suprême. "Certains dirigeants républicains essaient d'instrumentaliser la loi contre les femmes. Comment osent-ils? Comment osent-ils dire à une femme ce qu'elle peut et ne peut pas faire de son propre corps?", s'était-elle indignée.
2024: Kamala Harris, future présidente des Etats-Unis?
Le dimanche 21 juillet 2024, Joe Biden, physiquement diminué, annonce son retrait de la course à la présidentielle dans un communiqué publié sur le réseau social X.
La vice-présidente Kamala Harris figure désormais en tête de liste des papables pour se présenter face à Donald Trump. Joe Biden a d'ailleurs annoncé peu après son renoncement qu'il soutiendrait sa candidature.
Plusieurs membres influents du parti, dont Bill et Hillary Clinton, l'ancienne présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi ou encore le gouverneur de Californie Gavin Newsom, ont fait de même.
Selon des médias américains, une majorité de délégués démocrates ont déjà annoncé leur intention de soutenir Kamala Harris comme candidate du parti pour la présidentielle.
Hélène Krähenbühl
"Opération cocotier": le symbole de ralliement viral
Depuis que la vice-présidente américaine a été propulsée dans la course à la Maison Blanche, les noix de coco ont envahi les réseaux sociaux aux Etats-Unis.
C'est une vieille déclaration, absconse et insolite, de l'ancienne procureure de 59 ans qui est à l'origine du phénomène. L'an dernier à la Maison Blanche, elle s'exprimait sur l'égalité des chances dans le domaine de l'éducation lorsqu'elle a conclu son discours par l'anecdote suivante.
Déclaration moquée, puis virale
"Ma mère était parfois un peu stricte avec nous et nous disait: 'Je ne sais pas ce qui ne va pas chez vous, les jeunes. Vous croyez que vous venez de tomber d'un cocotier?'", avait dit l'ancienne sénatrice en éclatant de rire.
Jugée incompréhensible et sans lien évident avec le sujet, la déclaration avait été moquée, devenant une première fois virale. Puis la performance catastrophique du président Joe Biden lors de son débat le 27 juin avec Donald Trump lui a donné une seconde vie.