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Rami Abou Jamous, lauréat du Prix Bayeux: "C'est une victoire pour le journalisme palestinien"

Le journaliste palestinien Rami Abou Jamous a reçu le Prix Bayeux du correspondant de guerre 2024
Le journaliste palestinien Rami Abou Jamous a reçu le Prix Bayeux du correspondant de guerre 2024 / La Matinale / 5 min. / le 15 octobre 2024
Cette année, six des dix récompenses du prix Bayeux des correspondants de guerre reviennent à des reporters palestiniens de Gaza. Parmi eux se trouve Rami Abou Jamous, qui a obtenu trois trophées, en presse écrite, télévision et le prix Ouest-France Jean Marin, une première en 31 éditions du prix.

Le journaliste palestinien n’a pas pu assister à la cérémonie qui s'est tenue samedi en Normandie, en France, car il travaille et vit dans la bande de Gaza. Dans une vidéo tournée dans une tente d'un camp de réfugiés de l'enclave qu'il habite et appelle "sa villa", il a remercié le prix Bayeux d'avoir prouvé qu'on pouvait être "palestinien et journaliste".

"C’est une victoire pour le journalisme palestinien. C'est une victoire pour les journalistes gazaouis", dit-il mardi dans La Matinale de la RTS. "Ce prix a bien prouvé que l'on peut être palestinien et journaliste et surtout, que l'on peut être récompensé pour notre travail parce qu'on le fait très bien".

Prix dédié aux reporters tués

La rédactrice en cheffe d'Orient XXI, Sarra Grira, reçoit le trophée récompensant Rami Abou Jamous pour son travail de correspondant de guerre à Gaza. [AFP - LOU BENOIST]
La rédactrice en cheffe d'Orient XXI, Sarra Grira, reçoit le trophée récompensant Rami Abou Jamous pour son travail de correspondant de guerre à Gaza. [AFP - LOU BENOIST]

Rami Abou Jamous a été primé en presse écrite et Prix Ouest-France pour "Journal de Gaza", publié sur le média en ligne Orient XXI. Chaque jour, il y raconte son quotidien de déplacé à Rafah après avoir dû quitter son logement dans la ville de Gaza devant l'avancée de l'armée israélienne. Il a également gagné le prix "télévision grand format" pour "Gaza, fuir l'enfer" avec BFMTV.

Il a dédié son prix à tous ses confrères tués par l'armée israélienne à Gaza. Selon Reporters sans frontières (RSF), plus de 130 journalistes ont été tués par l’armée israélienne dans la bande de Gaza en an, dont 30 dans l’exercice de leur fonction.

Rami Abou Jamous salue le courage de ces professionnels, qui effectuent un travail à haut risque. Il explique avoir pour sa part arrêté de porter le gilet "presse" un mois après le début de la guerre pour des raisons de sécurité. "Malheureusement, ce gilet n'est plus un outil de protection, mais plutôt un outil de ciblage", regrette-t-il. L'armée israélienne de son côté a toujours nié cibler les journalistes.

>> Lire aussi : "The Gaza project": quand la veste "presse" peut faire courir un danger de mort

Lien avec le monde extérieur

La guerre à Gaza est la première de l’histoire contemporaine qui se déroule sans journalistes internationaux. L’armée israélienne leur interdit tout accès au territoire. Rami Abou Jamous poursuit donc son travail, malgré les risques. Car si tous les reporters s'arrêtent, "il n'y aura plus de voix qui sortira de Gaza", déclare-t-il.

Par ailleurs, en plus de mettre en lumière ce qu'il se passe à Gaza, Rami Abou Jamous est aussi un lien avec le monde extérieur pour la population gazaouie. "La population demande ce qu'il y a à l'étranger", indique-t-il. "Le problème, c'est qu'il n'y a pas beaucoup de journalistes qui parlent anglais ou français et qui ont un lien direct avec le monde étranger. Je suis parmi les seuls qui ont ce privilège-là".

Rami Abou Jamous a étudié en France et travaillé comme intermédiaire pour de nombreux journalistes étrangers, dont ceux de la RTS, avec son agence de presse dans l'enclave palestinienne. Si en tant que reporter de guerre, Rami Abou Jamous vit au jour le jour, il dit espérer pouvoir écrire un jour sur Gaza en temps de paix.

Sujet radio: Julie Rausis

Adaptation web: edel avec afp

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L'AFP, BBC News ou encore ITV News également récompensés

Plusieurs autres reporters ont été couronnés samedi à Bayeux. Mahmud Hams, de l'Agence France-Presse (AFP), a été récompensé pour l'ensemble de sa couverture à Gaza. L'une des photos primées montre une femme qui crie sa peine après une frappe israélienne pendant les recherches de victimes dans les décombres d'un bâtiment à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 17 octobre 2023.

En catégorie radio, Andrew Harding s'est imposé avec "L'histoire de Sara", une enquête internationale pour retrouver les passeurs qui avaient mis à l'eau un bateau gonflable dans lequel est morte Sara, une petite Irakienne de 7 ans, en tentant de traverser la Manche avec sa famille pour échapper à un renvoi vers leur pays.

Le Gazaoui Mohamed Abou Safia a remporté avec son collègue d'ITV News John Irvine le prix télévision, pour le reportage "Le drapeau blanc", sur un Palestinien abattu dans la bande de Gaza alors qu'il marchait dans la rue avec un drapeau blanc pour aller retrouver des membres de sa famille.

Le conflit ukrainien a aussi trouvé une place dans le palmarès avec le prix du public attribué au photographe Kostiantyn Liberov Libkos pour "La guerre en Ukraine. Douleur, désespoir et espoir". France 2 et BFMTV ont également reçu des prix pour des reportages en Ukraine.

Le photographe gazaoui Saher Alghorra, pigiste pour Associated Press et Zuma Press, joint par appel visio car résident toujours à Gaza, a reçu le prix jeune reporter photo.