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Robert Badinter, père de l'abolition de la peine de mort en France, est décédé

L’ancien ministre de la Justice française, Robert Badinter, est décédé à l’âge de 95 ans
L’ancien ministre de la Justice française, Robert Badinter, est décédé à l’âge de 95 ans / 19h30 / 2 min. / le 9 février 2024
Robert Badinter, ancien ministre de la Justice de François Mitterrand, est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi. Agé de 95 ans, il était notamment connu pour son combat contre la peine de mort en France et dans le monde.

Brillant avocat et ex-garde des Sceaux, Robert Badinter a incarné jusqu'à son dernier souffle le combat pour l'abolition universelle de la peine de mort. D'abord conspué pour avoir défendu des causes à contre-courant, il s'est forgé une réputation d'humaniste indépendant, jusqu'à être considéré comme une autorité morale.

Ministre de la Justice du président socialiste François Mitterrand, il porta la loi du 9 octobre 1981 qui abolit la peine de mort, dans une France alors majoritairement en faveur de ce châtiment suprême.

Avocat et enseignant

Né à Paris le 30 mars 1928 dans une famille juive émigrée de Bessarabie (l'actuelle Moldavie), Robert Badinter devient avocat au barreau de Paris après des études de lettres et de droit et mène parallèlement une carrière d'enseignant universitaire.

Cofondateur avec Jean-Denis Bredin d'un prestigieux cabinet d'avocats, il défend des personnalités, des grands noms de la presse ou de l'entreprise, et plaide occasionnellement aux assises. En 1977, il évite la peine capitale au meurtrier d'enfant Patrick Henry, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

Président du Conseil constitutionnel

Après son départ du gouvernement, il préside pendant neuf ans le Conseil constitutionnel (1986-95). Sénateur socialiste de 1995 à 2011, il a la satisfaction de voir l'abolition de la peine de mort inscrite dans la Constitution en 2007.

Toujours très actif, il planche sur une réforme de l'ONU dans les années 2000 et sur la réforme du Code du travail pendant le quinquennat de François Hollande.

>> L'interview dans Forum de Jean-Michel Aphatie, journaliste politique :

Disparition de l’humaniste Robert Badinter: interview de Jean-Michel Aphatie
Disparition de l’humaniste Robert Badinter: interview de Jean-Michel Aphatie / Forum / 5 min. / le 9 février 2024

afp/lan

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Un hommage national pour "une figure du siècle"

Le président français Emmanuel Macron a salué vendredi sur X "une figure du siècle, une conscience républicaine, l'esprit français".

"C'est un repère pour beaucoup de générations", "une conscience". "La nation a perdu à coup sûr un grand homme, un très grand avocat", "un hommage national lui sera rendu", a encore déclaré le chef de l'Etat en marge d'un déplacement à Bordeaux consacré à la justice et la police.

"Il aura consacré chaque seconde de sa vie à se battre pour ce qui était juste, à se battre pour les libertés fondamentales. L'abolition de la peine de mort sera à jamais son legs pour la France", a de son côté réagi le Premier ministre Gabriel Attal, également sur X.

Le leader de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a de son côté salué la "force de conviction sans pareille" de Robert Badinter, un être "tout simplement lumineux".