Salvador: Nayib Bukele, le président plébiscité pour sa "guerre contre les gangs", part ultra-favori
Les 6,2 millions d'électeurs au Salvador sont appelés dans les bureaux de vote ce dimanche. Sans surprise, ils devraient réélire dès le 1er tour Nayib Bukele, jeune président de 42 ans.
Le "Roi philosophe", comme il se décrit dans sa bio sur X, bénéficie d'une popularité record: 90% d'opinions favorables, selon le Latinbarometro. Il est surtout plébiscité pour sa "guerre contre les gangs" qui, depuis 2022, a transformé la vie quotidienne des Salvadoriens et Salvadoriennes en faisant s'effondrer le taux d'homicides par habitant, alors le plus élevé au monde.
Vers un second mandat?
Élu une première fois en 2019, terrassant les deux partis au pouvoir (Arena, à droite, et le FMLN, héritier de la guérilla marxiste) depuis la fin de la guerre civile au Salvador (1979-1992), il brigue désormais un second mandat consécutif, même si la Constitution le lui interdit en théorie.
Face à lui, l'opposition est en lambeaux. Ses cinq candidats n'atteignent pas les 5% dans les derniers sondages.
Guerre contre les gangs
Les citoyens louent la "guerre contre les gangs" de Nayib Bukele, qui a placé derrière les barreaux quelque 75'000 criminels, transformant, selon lui, le Salvador en "pays le plus sûr au monde". Mais l'opération a été menée sans grande distinction. Environ 7000 personnes injustement arrêtés ont été ensuite innocentées.
"Il a nettoyé (le pays) des gangs et de la délinquance, ce que personne n'osait imaginer. On se sent aujourd'hui en sécurité pour se rendre dans certains quartiers où on n'avait plus été depuis des années", témoigne Claudia De Velasco, architecte de 72 ans à la retraite.
Criminalité en baisse
Le taux d'homicide a été réduit à 2,4 pour 100'000 habitants en 2023 contre 106,3 en 2015, alors l'un des plus élevés au monde hors période de conflit.
Sans oublier les meurtres imputables aux deux principaux gangs (MS-13 et Barrio 18), qui sont passés de plus de 800 en 2019, à 57 l'année dernière, selon l'ONG ACLED.
L'ascension d'un "dictateur cool"
Ex-maire de San Salvador, entré en politique en 2012, Nayib Bukele avait entamé sa conquête d'un pouvoir total en remplaçant les juges de la chambre constitutionnelle de la Cour suprême et le procureur général du Salvador. Il est ainsi parvenu à contourner la Constitution, qui n'autorise qu'un seul mandat présidentiel, en se voyant accorder un congé de six mois avant le vote.
Bukele, qui concentre désormais tous les pouvoirs, se qualifie volontiers de "dictateur cool" pour tourner en dérision ses détracteurs qui l'accusent d'autoritarisme avec son état d'urgence en cours depuis 22 mois et une armée omniprésente dans les rues.
Violation des droits humains
Les arrestations sans mandat judiciaire et la construction d'une méga-prison de haute sécurité aux conditions de détention très strictes s'accompagnent d'allégations de violations généralisées des droits humains.
Une fois son pouvoir encore plus consolidé, l'enjeu pour Nayib Bukele sera de contrer la pauvreté qui touche 29% de la population afin de dissuader les nombreux Salvadoriens qui continuent d'émigrer vers les Etats-Unis à la recherche d'un emploi.
ats/doe