L'OMS a déclaré il y a un peu plus d'une semaine l'épidémie de mpox "urgence de santé publique de portée internationale". Ces mots rappellent sans doute de mauvais souvenirs. Ce sont les mêmes termes qui avaient été utilisés pour la première fois en janvier 2020 pour parler du Covid-19.
Pourtant, la situation n'est pas la même. "Il s'agit d'une procédure normale qui fait partie du règlement sanitaire international. L'objectif de cette alerte est d'informer les pays qu'il y a une nouvelle souche qui circule, mais aussi de favoriser la collaboration entre pays et surtout la solidarité internationale (...) Il n'y a pas beaucoup de vaccins ni de traitements, il faut donc encourager les pays qui en ont à les partager avec les pays actuellement touchés en Afrique", explique Sylvie Briand.
Mortel dans de rares cas et moins contagieux
Pour cette experte des pandémies, le mpox est une affaire sérieuse, mais il ne faut pas la dramatiser. "Le Covid nous a appris à mieux réagir, mais il a aussi tellement fait peur aux gens que parfois, on a tendance à surréagir".
Et de rappeler que si la maladie peut s'avérer mortelle, ce sont essentiellement dans des cas bien précis. "Certaines formes graves peuvent aboutir à la mort, mais c'est surtout pour les gens qui sont à risque, comme les jeunes enfants, les femmes enceintes ou les sujets immunodéprimés", précise-t-elle.
Quant à la propagation, elle devrait aussi se faire d'une manière beaucoup plus lente que le Covid. "C'est une maladie qui se transmet par contact très rapproché, peau à peau, par une éruption cutanée qui est contagieuse. C'est pourquoi cela se transmet chez des gens qui ont des contacts très rapprochés, que ce soit par contacts familiaux ou à travers des rapports sexuels", détaille-t-elle.
Ce virus ne se transmettant pas par aérosol comme c'était le cas pour le Covid, il devrait donc être plus facile à stopper. "Le virus va avoir tendance à circuler mondialement, parce que quand les gens voyagent, les virus voyagent. Mais on peut aussi arrêter sa transmission, si les personnes infectées évitent les contacts rapprochés, si les gens et le personnel soignant sont au courant", juge-t-elle.
La Suisse peu inquiète
En Suisse, les professionnels du secteur médical se veulent pour l'instant rassurants. Depuis 2022, 579 cas de mpox ont été enregistrés, mais aucun cas de la nouvelle souche n'a été observé. Les recommandations restent d'ailleurs les mêmes qu'en 2022. Le vaccin s'adresse entre autres aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et aux personnes transgenre ayant des relations sexuelles avec de nombreux partenaires.
"Je pense qu'il ne faut pas s'alarmer. Aujourd'hui, l'urgence médicale n'est pas en Suisse", explique dans le 19h30 Alexandra Calmy, professeure dans le service des maladies infectieuses aux HUG.
"Les recommandations qui ont été faites en 2022 ont été très efficaces pour éviter la propagation épidémique. Les changements de comportements des populations à risque ainsi que l’appoint de la vaccination ont permis d’éviter la propagation, on s’attend à ce même scénario", confirme Laurent Kaufmann, médecin cantonal neuchâtelois.
Alors qu'en France, le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal a annoncé à la mi-août le placement du système de santé "en état de vigilance maximale" et que l'Union européenne a dit se préparer à une hausse des cas, la Suisse se veut plus rassurante. Pour Sylvie Briand, il ne faut toutefois pas y voir une contradiction.
"La déclaration d'une urgence de santé publique de portée internationale, c'est surtout pour demander aux pays d'être vigilants (...) Mais après, c'est à chaque pays de faire son évaluation du risque. Parce que les risques sont justement très différents, en fonction des échanges internationaux, par exemple", conclut-elle.
Propos recueillis par Jennifer Covo
Adaptation web: ther