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Symbole de la contre-culture, le festival Burning Man est en perte de vitesse

Symbole de la contre-culture, le mythique festival Burning Man est en perte de vitesse (photo d'illustration). [The Reno Gazette-Journal via AP Photo / KEYSTONE - Andy Barron]
Symbole de la contre-culture, le mythique festival Burning Man est en perte de vitesse / Forum / 3 min. / hier à 18:12
Le mythique festival américain Burning Man débute dans une semaine. Habituellement, les billets pour l'événement dédié à la créativité et à l'expression de soi, qui se déroule dans un désert du Nevada, s'arrachent... mais pas cette année. Le concept du festival semble quelque peu s'essouffler.

Lancé en 1986 sur une place de San Francisco, le Burning Man doit son nom à la statue de bois, à forme humaine, qui est brûlée au terme de l'événement. Répété chaque année depuis presque 40 ans, le festival est parti d'une simple fête entre amis, attirant toujours plus de monde, au point de se tenir désormais dans le désert de Black Rock, au Nevada.

Hommage autoproclamé à la libre expression artistique, la fête se veut d'abord auto-suffisante. Ici, pas d'argent, les organisateurs comptent sur l'échange pour subsister. Les festivaliers sillonnent le plateau désertique à vélo pour se rendre de buvettes en oeuvres d'art.

Aujourd'hui, quelque 80'000 personnes viennent exprimer leur individualité sans aucun complexe.

Mais après de nombreuses années de succès, les ventes de billet pour le festival, qui se tient cette année du 25 août au 2 septembre, calent. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce soudain désintérêt, à commencer par une dernière édition boueuse. En effet, des pluies torrentielles ont contraint les 80'000 festivaliers à barboter dans un épais bourbier pendant plusieurs jours, leur laissant très certainement un souvenir mitigé.

>> Revoir le sujet du 12h45 sur l'édition 2023 :

Des milliers de festivaliers piégés par les fortes intempéries qui ont touché le mythique festival américain Burning Man
Des milliers de festivaliers piégés par les fortes intempéries qui ont touché le mythique festival américain Burning Man / 12h45 / 1 min. / le 4 septembre 2023

Des prix exorbitants

Le prix des billets semble aussi tempérer l'enthousiasme des personnes intéressées. Pour participer au festival - qui se veut anti-commercial, mais qui est désormais doté d'une police et d'infrastructures médicales -, les participantes et participants doivent débourser entre 600 et 1500 dollars.

De quoi interroger sur la vocation du festival, symbole de la contre-culture: le Burning Man est-il encore réellement un hommage à la liberté, à l'autosuffisante et à l'inclusion? Car à présent, le visiteur-type de l'événement est un homme blanc de 37 ans, bien éduqué, démocrate, qui gagne plus de 100'000 dollars par année, et qui s'offre en toute sécurité un éphémère frisson d'anarchie.

Aujourd'hui, ce haut lieu de spiritualité accueille même des milliardaires de la Silicon Valley, tels quel Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, Elon Musk, patron de Tesla et du réseau social X, ou encore Jeff Bezos, patron d'Amazon. Tout ce beau monde se rend dans le désert en hélicoptère privé et accompagné d'un cuisinier personnel.

Quid du climat?

Burning Man est aussi raillé pour d'autres raisons. A l'heure du réchauffement climatique, il devient difficile de justifier cette cité temporaire de mobil-homes en plein désert, même au nom de l'expression artistique. Les organisateurs déclarent cependant avoir pour principe de ne rien laisser derrière.

Ils estiment toutefois que chaque festival émet l'équivalent de 100'000 tonnes d'émissions carbone, de quoi penser que les festivaliers sont prêts à brûler un monde qu'ils prétendent vouloir changer.

Sujet radio: Katja Schaer

Adaptation web: jfe

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