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Des cartes pour mieux comprendre la situation en Syrie

La chute du régime de Bachar al-Assad change les forces en présence en Syrie [AP Photo/Hussein Malla/Montage:cellule data. - AP Photo/Hussein Malla]
La chute du régime de Bachar al-Assad change les forces en présence en Syrie - [AP Photo/Hussein Malla/Montage:cellule data. - AP Photo/Hussein Malla]
Après la fuite du régime en place, de nouveaux rapports de force s'installent en Syrie, tandis que les militaires israéliens se pressent à la frontière.

Depuis la chute de Bachar al-Assad, ce dimanche 8 décembre, de nouveaux rapports de force s'installent en Syrie. Car si le groupe rebelle islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a pris possession avec fracas des principales villes syriennes, son hégémonie ne s'étend pas à tout le territoire.

En plus de HTS, le pays est contrôlé par une mosaïque de groupes, à l'image des Kurdes dans le nord-est du pays, et des pro-Turcs dans le nord. Tous entendent tirer partie de la situation politique instable, rendant la perspective d'un consensus peu probable.

Il y a encore quelques semaines, le groupe HTS mené par Abou Mohammed al-Joulani, contrôlait une petite zone du nord-ouest de ce pays de 23 millions d'habitants. Après avoir pris Alep, puis Homs et enfin Damas (en rouge sur la carte), cette ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda compte désormais coordonner la transition du pouvoir. Mais c'est sans compter sur les autres forces en présence.

Au nord, les pro-Turcs contre les Kurdes

Car la Syrie est également tenue par une faction soutenue par la Turquie: l'Armée nationale syrienne (ANS) (en jaune sur la carte). Ce groupe a notamment participé à l'offensive contre Alep, et a récemment repris l'enclave de Tal Rifaat, au nord d'Alep, zone jusqu'ici contrôlée par les Forces démocratiques syriennes (FDS), à dominance kurde. L'ANS, qui s'est séparée de l'armée de Bachar al-Assad en 2011, est aujourd'hui constituée d'une coalition de groupes laïcs.

S'ils ont travaillé de concert à la chute de l'ancien régime et à la prise d'Alep, les relations entre l'ANS et le groupe rebelle HTS n'ont pas toujours été cordiales. En 2022, la Turquie avait dû intervenir entre les deux factions et construire des barrières pour séparer le territoire du HTS vers Idlib de celui de l'ANS à Afrine.

Au nord et à l'est du pays, se trouvent les Forces démocratiques syriennes (FDS) (en vert sur la carte). En 2018, profitant de l'affaiblissement du régime de Bachar al-Assad depuis le début de la guerre civile, les FDS ont mis en place une sorte d'administration autonome. Leur principal objectif est de repousser les combattants du groupe terroriste Etat islamique et la Turquie. Ils sont soutenus par les Etats-Unis. Leur zone d'influence représente une grande part du territoire syrien et comprend d'importants champs d'hydrocarbures, mais aussi des bases militaires américaines et russes. Ces dernières semaines, les FDS ont tenté de profiter du mouvement rebelle pour gagner du terrain, mais se sont heurtées à l'ANS, notamment autour de la ville de Manbij, au nord-est d'Alep.

D'autres opposants, minoritaires et essentiellement situés au sud, mais aussi des groupes de combattants du groupe Etat islamique achèvent de composer le mitage politique et territorial du pays.

Israël s'immisce en Syrie

Mais les rapports de force ne se cantonnent pas à l'intérieur du pays. Après avoir mené des centaines de frappes contre le régime de Bachar al-Assad ces dernières années, Israël semble vouloir avancer en territoire syrien. Mettant en avant des raisons sécuritaires, les militaires israéliens ont investi une partie de la zone tampon située entre l'Etat hébreu et la Syrie, sous contrôle de l'ONU depuis les accords de 1974. Le ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, a précisé lundi le cadre "temporaire" de ce déploiement militaire.

Parallèlement, depuis dimanche 8 décembre, Israël a mené de nombreuses attaques aériennes, visant essentiellement des sites militaires de l'ancien régime, comme le port de Lattaquié, l'aéroport de Khalkhalah ou encore des dépôts d'armes chimiques ou de munitions. Selon la communication officielle, ces frappes visent à "détruire des armes, des avions et des installations militaires avant que les rebelles qui contrôlent la majeure partie du pays ne puissent en prendre possession".

Sur le terrain, les forces israéliennes se sont emparées du versant syrien du mont Hermon. Ce point stratégique culmine à 2814 mètres, et offre une vue sur le Liban et la Syrie. Mardi matin, des informations non confirmées faisaient état d'une possible poursuite de l'avancée israélienne au-delà de la zone tampon, plus en profondeur en territoire syrien, dans le district de Qatana, à environ 25 kilomètres de Damas. Israël a aussitôt démenti toute avancée en territoire syrien.

Cécile Denayrouse

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