Le rapport final du comité, présidé par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a été rendu public lundi. Il est notamment précisé que l'UNRWA a mis en place un cadre de fonctionnement "robuste" pour assurer sa neutralité. Des problèmes demeurent toutefois dans ce domaine, est-il noté.
Reste que l'UNRWA est "irremplaçable et indispensable" aux Palestiniens, souligne ce groupe indépendant chargé par le secrétaire général Antonio Guterres d'une mission d'évaluation sur la "neutralité" de cette agence de l'ONU.
"L'UNRWA demeure cruciale pour apporter une aide humanitaire vitale et des services sociaux essentiels, notamment en matière de santé et d'éducation, aux réfugiés palestiniens à Gaza, en Jordanie, au Liban, en Syrie et en Cisjordanie", souligne le groupe dans un rapport très attendu d'une cinquantaine de pages.
"Mais en dépit de ce cadre solide, des problèmes liés à la neutralité persistent". Il s'agit "de cas d'employés du personnel exprimant publiquement leurs opinions politiques, de livres scolaires au contenu problématique venant du pays hôte et utilisés dans certaines écoles de l'UNRWA, de syndicalistes politisés proférant des menaces contre l'encadrement de l'UNRWA et perturbant des opérations" humanitaires, selon le groupe indépendant.
Israël doit prouver ses accusations
"Sur la base d'une liste de mars 2024 contenant des numéros d'identité de Palestiniens, Israël a affirmé publiquement qu'un nombre significatif d'employés de l'UNRWA sont membres d'organisations terroristes. Cependant, Israël doit encore en apporter la preuve", prévient le groupe dans son rapport.
L'agence qui compte plus de 30'000 employés dans la région (Gaza, Cisjordanie, Liban, Jordanie et Syrie), est accusée par Israël d'employer "plus de 400 terroristes" à Gaza. Et 12 de ses employés sont accusés par les Israéliens d'avoir été directement impliqués dans l'attaque sans précédent du 7 octobre menée par le Hamas sur le sol israélien.
L'UNRWA a déclaré avoir licencié dix de ces agents, les deux autres étant décédés.
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Suspensions de financement
Des accusations qui ont entraîné la suspension de financements par certains pays donateurs, dont certains ont repris depuis.
Pour Riccardo Bocco, spécialiste de la situation au Proche-Orient et connaisseur de l'UNRWA, la Suisse est le cas le plus étonnant dans les suspensions des financements à l'UNRWA.
"Sur quelle base d’information opère-t-elle son choix?", interroge ce professeur émérite au Département d'anthropologie et de sociologie de l'Institut de hautes études internationales et du développement dans Forum lundi. "La Suisse devrait se demander sur quelle base elle prend ces informations (...) et devrait se donner les moyens de les vérifier afin de faire des choix corrects."
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D'autant que l'UNRWA, créée par l'Assemblée générale de l'ONU en 1949, "est la colonne vertébrale des opérations humanitaires" à Gaza, avait répété la semaine dernière devant le Conseil de sécurité son patron Philippe Lazzarini, dénonçant une campagne "insidieuse" pour mettre fin à ses opérations.
Cet audit vient en complément de l'enquête interne diligentée par le commissaire général de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, après la révélation fin janvier d'informations israéliennes sur la participation présumée de 12 salariés de l'agence dans les attaques meurtrières du Hamas. L'UNRWA a déclaré avoir licencié dix de ces agents, les deux autres étant décédés.
Le porte-parole du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a fait savoir lundi que ce dernier avait accepté les recommandations du comité et qu'un plan d'action serait mis en œuvre en ce sens.
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rtr/ami
Une organisation fondée en 1949
L'organisation, fondée en 1949 à la suite de la première guerre israélo-palestinienne, aide les réfugiés palestiniens en matière de santé, d'éducation, d'aide humanitaire dans la bande de Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, en Syrie et au Liban.
Son rôle est déterminant dans l'assistance aux populations de la bande de Gaza, sous le feu de l'armée israélienne depuis le 7 octobre dernier. L'agence employait en janvier 13'000 personnes à Gaza.