La violence a rattrapé les élections au Mexique. Israël Delgado, 35 ans, candidat à un mandat local dans l'État du Michoacan (ouest), a été attaqué par balles dans la nuit de samedi à dimanche près de chez lui, a rapporté le parquet local.
Deux personnes ont également été tuées dans deux attaques contre des bureaux de vote dimanche, dans deux localités de l'Etat de Puebla (centre). Dans ce même Etat, un candidat avait encore été tué vendredi.
Les cartels de la drogue et autres organisations criminelles font pression sur les partis afin de conserver leur influence. Selon les autorités, ils cherchent aussi à imposer leurs candidats, en interdisant aux autres de se présenter sous peine de mort.
Vaste journée électorale
Ce 26e assassinat d'un candidat est survenu alors que près de 100 millions d'électrices et électeurs inscrits sont appelés aux urnes pour des élections présidentielle, législatives, sénatoriales, régionales et communales. Au total, plus de 18'000 mandats sont à pourvoir.
Les files ont commencé à se former dès l'ouverture des bureaux de vote à 8h00 locales. "Je crois que ça va être historique en terme de participation", affirme la politologue Ana Hernandez, interrogée devant un bureau de vote.
Sauf coup de théâtre, le pays devrait élire Claudia Sheinbaum, du Mouvement pour la régénération nationale (Morena) au pouvoir, qui deviendrait ainsi la première femme présidente dans l'histoire du Mexique, le plus grand pays hispanophone au monde où l'ONU décompte neuf à dix féminicides par jour.
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En trois mois de campagne, l'ex-maire de Mexico (2018-2023) a régulièrement devancé très largement dans les sondages sa rivale de centre-droit Xochitl Galvez, soutenue par une coalition de trois partis. Les deux favorites ont voté à Mexico, tout comme l'outsider Jorge Alvarez Maynez, représentant du minoritaire Mouvement citoyen (centre-gauche)
Démocratie imparfaite, mais vivante
Claudia Sheinbaum a d'ailleurs confié qu'elle n'avait pas voté pour elle-même à la présidentielle, mais pour une pionnière de la gauche mexicaine, Ifigenia Martinez, 93 ans, en hommage à sa lutte. "Vive la démocratie!", a-t-elle conclu.
De son côté, Xochitl Galvez déploré les élections "les plus violentes de l'histoire de notre pays". "Mais elles représentent également une formidable opportunité de maintenir la démocratie en vie et je pense qu'il y a une importante participation", a-t-elle ajouté.
Jorge Alvarez Maynez, 38 ans, a quant à lui emmené son jeune fils dans l'isoloir. "Notre démocratie est imparfaite (...) mais nous avons avancé en tant que pays", a-t-il déclaré après avoir voté.
Premières tendances attendues rapidement
Les Mexicaines et les Mexicains désignent également leurs maires, les Congrès de 30 de leurs 32 États, et neuf sièges de gouverneurs.
En tout, 20'000 postes sont à pourvoir lors de ces élections à un tour. Les premières tendances pour la présidentielle seront connues quelques heures après la fermeture des bureaux de vote sur la côte Pacifique.
jop avec afp
La mairie de Mexico scrutée
Le sort de la mairie de Mexico suscite particulièrement d'incertitude. La mégalopole d'environ neuf millions d’habitants est gouvernée par la gauche depuis les premières élections démocratiques en 1997.
Donnée perdante à la présidentielle, la droite rêve donc de conquérir la capitale pour en faire un contre-pouvoir, et envisager de reprendre le pouvoir dans le pays, la mairie de Mexico étant réputée pour être un tremplin vers le palais national. Les sondages donnent quelques points d’avance à la candidate de gauche, mais le scrutin devrait être serré.