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Un parcours d'obstacles attend Ursula von der Leyen pour être reconduite à la tête de la Commission européenne

Ursula von der Leyen espère être réélue à la tête de la Commission européenne. [Keystone/EPA - Olivier Hoslet]
Tractations en vue de la nomination à la présidence de la Commission européenne / La Matinale / 1 min. / le 11 juin 2024
Au lendemain des élections européennes, place aux grandes manoeuvres à Bruxelles pour désigner les prochains "visages" de l'UE. L'Allemande Ursula von der Leyen semble en bonne posture pour un nouveau mandat à la tête de la Commission, mais les jeux sont encore loin d'être faits.

"Nous avons gagné les élections européennes, les amis!", s'est exclamée dimanche soir Ursula von der Leyen, qui est aussi vice-présidente du Parti populaire européen (PPE, centre-droit), arrivé en tête du scrutin. Mais si l'ancienne ministre allemande de la Défense veut rester cinq ans de plus à Bruxelles, elle va devoir convaincre et faire preuve d'habileté politique.

Les tractations européennes, qui ont commencé lundi, se jouent d'abord à l'interne pour former les groupes politiques, voire les modifier, pour l’extrême droite qui espère étendre son influence par de nouvelles alliances. Leurs choix doivent être figés pour la première session plénière qui aura lieu du 16 au 19 juillet.

Dans le même temps, le processus de nomination des quatre futurs dirigeants (appelés "top jobs") est lancé, en particulier à la présidence de la Commission européenne, avec Ursula von der Leyen qui est candidate à sa propre succession.

Les "top jobs" conditionnés à la montée de l'extrême droite

C'est au chef du Conseil européen, le Belge Charles Michel, d'orchestrer les discussions sur les postes de président de la Commission européenne, du Parlement européen et de Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité. Le quatrième "top job", le président de la Banque centrale européenne, sera choisi plus tard par les chefs d’État ou de gouvernement des pays de la zone euro, le Conseil européen et le Parlement européen.

Les "top jobs" devront être répartis entre les trois partis (PPE, Socialistes et Démocrates européens et Renew) qui ont obtenu le plus de voix lors du scrutin européen du 9 juin. Mais la montée de l'extrême droite pourrait changer les choses.

>> Lire aussi : La percée de l'extrême droite est le résultat des crises qui traversent l'Europe, estime l'ex-ministre espagnole Arancha Gonzalez

Un nouveau mandat du PPE?

Pour être adoubée au Parlement lors de la session plénière, Ursula von der Leyen doit recueillir 361 voix. Selon des résultats encore provisoires, elle peut en théorie compter sur plus de 400 députés européens. Mais cela ne lui assure tout de même pas d'atteindre la majorité, certains membres de sa famille politique ne lui étant pas favorables. Les Républicains français (LR), pourtant membres du PPE, ont d'ores et déjà annoncé qu'ils ne voteraient pas pour la présidente de la Commission sortante. Et en 2019, sa confirmation n'avait été obtenue que de justesse, à neuf voix près.

La présidente de la Commission européenne cherche donc le soutien de Giorgia Meloni, la présidente du Conseil italien dont le parti Fratelli d’Italia a doublé dimanche ses sièges au Parlement.

En déplaisant à ses alliés plus nombreux, les centristes, ces alliés potentiels pourraient la desservir, comme l'explique la française Valérie Hayer, leur cheffe de file, dans La Matinale de mardi.

L'ECR est une extrême droite assumée et nous préserverons le cordon sanitaire dans le contexte de ce nouveau Parlement européen

Valérie Hayer,  présidente du groupe  Renew Europe  au  Parlement européen

"Nous maintenons la position que j'ai déjà eu l'occasion d'exprimer, à savoir pas d'accord avec l’ECR (Conservateurs et réformistes européens, ndlr). L’ECR, c'est le groupe de Giorgia Meloni, c'est le groupe du PiS (Droit et justice) en Pologne, c'est le groupe de Reconquête! en France, c'est une extrême droite assumée et nous préserverons le cordon sanitaire aussi dans le contexte de ce nouveau Parlement européen."

Ursula von der Leyen doit aussi obtenir l’adoubement des 27 chefs d’États et de gouvernements avant le vote au Parlement.

Sujet radio: Pierre Benazet

Adaptation web: Julie Marty avec afp

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Les détails du calendrier européen

Plusieurs étapes attendent aujourd'hui les institutions européennes. Voici les détails du calendrier:

Les présidents du Parlement européen se réunissent mardi.

Les chefs d'Etat et de gouvernement se réuniront au G7 dans les Pouilles en Italie du 13 au 15 juin, l'occasion pour Charles Michel et Ursula von der Leyen de rencontrer les chefs d'Etat des trois grands pays européens (Emmanuel Macron, Olaf Scholz et Giorgia Meloni pour la première fois après les élections.

Les dirigeants des 27 discuteront des résultats des élections européennes et des "top jobs" lors d'une réunion informelle à Bruxelles le 17 juin.

Les groupes parlementaires doivent s'organiser pour la suite (élection de leur président, vice-présidents et trésorier) entre le 18 juin et le 13 juillet.

L'agenda stratégique du cycle 2024-2029 sera défini entre le 27 et le 28 juin au Conseil européen, par les chefs d'Etat et de gouvernement.

Du 29 juin au 15 juillet sera élaboré le programme du cycle.

Une plénière constitutive se tiendra du 16 au 19 juillet au Parlement européen à Strasbourg afin d'élire le président ou la présidente, les vice-présidents et les questeurs des nouveaux eurodéputés.

Le leader de la Commission européenne pourrait être connu dès le 18 juillet.

Les candidats des capitales seront examinés entre septembre et octobre.

La Commission pourrait entrer en fonction, au plus tôt, le 1er novembre, ou le 1er décembre ou le 1er janvier.

Le nouveau président du Conseil européen entrera en fonction le 1er décembre.