Un premier contingent de policiers kényans est arrivé en Haïti dans le cadre d'une mission de l'ONU
Un avion de la compagnie nationale Kenya Airways a atterri vers 14h locales à l'aéroport de Port-au-Prince avec à son bord ce premier contingent de policiers. L'appareil s'était envolé lundi soir de Nairobi après que le président kényan William Ruto eut rendu visite aux policiers avant leur départ.
"Cette mission est l'une des plus urgentes, importantes et historiques de l'histoire de la solidarité mondiale", a déclaré le chef de l'Etat lors d'une cérémonie à huis clos, selon des propos rapportés par le bureau présidentiel. Il leur a par ailleurs assuré que le reste de la force les rejoindrait "bientôt".
Pour une durée d'un an
Le Kenya a proposé d'envoyer un millier de policiers en Haïti pour la Mission multinationale d'appui à la sécurité (MMAS), prévue pour une durée initiale d'un an, et à laquelle doivent également contribuer le Bangladesh, le Bénin, le Tchad, les Bahamas et la Barbade.
Le déploiement a été approuvé par une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU en octobre, mais il suscite de vives critiques au Kenya. La mission avait été retardée quand, le 26 janvier, un tribunal kényan avait jugé que le gouvernement ne pouvait envoyer des policiers à l'étranger sans un accord international préalable.
Le Kenya a signé un accord en ce sens avec Haïti en mars. Mais le petit parti d'opposition "Alliance troisième voie" a déposé mi-mai un nouveau recours pour empêcher la mission. Le processus a donc été retardé de plusieurs semaines et une procédure judiciaire est en cours.
Les quelque mille policiers envoyés sur l’île doivent aider à stabiliser la situation sécuritaire. A Port-au-Prince notamment, où 80% de la ville est aux mains de bandes armées, la population est terrorisée et manque de tout, que ce soit d'alimentation, de médicaments ou encore de produits d’hygiène.
Nombreuses craintes et questions
Mais ce déploiement suscite des craintes et des questions. Comment est-il financé? Quel est son cadre légal et juridique précis? Comment le gouvernement, nommé il y a tout juste deux semaines, pourra-t-il contrôler et canaliser ces policiers étrangers?
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Dans un communiqué, l'ONG Human Rights Watch a exprimé des inquiétudes concernant la mission en Haïti et des doutes quant à son financement. Et les organisations de défense des droits humains ont accusé à plusieurs reprises la police kényane d'usage excessif de la force et d'exécutions extrajudiciaires.
Ces dernières décennies, Haïti a déjà connu plusieurs interventions multinationales sur son sol. Mais les résultats n'ont jamais été au rendez-vous, faute de réelles coopérations entre l’état haïtien et les pays tiers engagés.
Sujet radio: Agnès Millot
Adaptation web: fgn avec afp