Un procès à forts enjeux pour le Rassemblement national, accusé de détournement de fonds européens
Neuf anciens eurodéputés du Front national (rebaptisé Rassemblement national (RN) depuis) devront s'expliquer à la barre, dont sa leader Marine Le Pen, qui devrait être présente à la plupart des audiences, Louis Aliot, aujourd'hui vice-président du RN, l'ex-numéro 2 du parti Bruno Gollnisch ou encore le député et porte-parole Julien Odoul.
A leurs côtés, 12 personnes ayant été leurs assistants parlementaires et quatre collaborateurs du parti.
"Je répondrai à l'intégralité des questions que le tribunal voudra bien me poser", a assuré Marine Le Pen lors de sa première prise de parole à la barre du tribunal correctionnel de Paris.
Une affaire dénoncée en 2015
L'affaire a débuté en 2015 par un signalement du président du Parlement européen Martin Schulz et concerne de très nombreux contrats d'attachés parlementaires sur une période de plus de 10 ans (2004-2016).
Pour l'accusation, ces "assistants", bien en peine de décrire leurs tâches, n'en avaient que le titre. Certains n'avaient jamais même rencontré leur employeur officiel ou mis les pieds au Parlement et ne travaillaient, selon l'accusation, que pour le parti, ce qui est interdit dans la réglementation européenne.
Marine Le Pen encourt une peine d'inéligibilité
Les prévenus, jugés notamment pour détournement de fonds publics ou complicité de ce délit, encourent un maximum de dix ans d'emprisonnement et un million d'euros d'amende et surtout une peine d'inéligibilité de dix ans susceptible d'entraver les ambitions présidentielles de Marine Le Pen pour 2027.
La plupart des prévenus contestent en bloc, évoquant une "mutualisation" du travail des assistants parlementaires. Le RN dénonce depuis des années un "acharnement", voire une procédure "politique".
L'avocat de Marine Le Pen, 56 ans, n'a pas souhaité s'exprimer avant le procès, prévu trois demi-journées par semaine jusqu'au 27 novembre.
Critiques vis-à-vis de l'UE
"Le FN-RN a toujours été très critique vis-à-vis des institutions européennes; il n'aime pas l'Europe. La seule chose qu'ils aiment, c'est l'argent de l'Union européenne", cingle Me Patrick Maisonneuve, avocat du Parlement européen, partie civile.
L'institution a évalué son préjudice financier à trois millions d'euros. Elle ne réclamera que deux millions, un million ayant déjà été remboursé (ce qui n'est pas un aveu de culpabilité, a assuré le RN).
Le "système centralisé", validé par le fondateur du FN Jean-Marie Le Pen puis sa fille selon l'accusation, se serait accéléré avec l'entrée au Parlement en 2014 de 23 eurodéputés FN (contre trois auparavant).
Jean-Marie Le Pen, 96 ans, ne comparaîtra pas, une expertise ayant déterminé qu'il n'était pas "en état" d'être jugé pour des raisons de santé.
afp/juma