Ce procès, sans précédent dans l'histoire allemande récente, est le deuxième concernant cette affaire qui implique au total 26 suspects, dont la révélation fin 2022 avait stupéfié le pays.
Parmi les neuf personnes sur le banc des accusés mardi figurent les cerveaux présumés du groupe nourri aux idéologies complotistes et d'extrême droite. Ils projetaient d'envahir le Bundestag à Berlin pour y arrêter les élus et faire tomber le gouvernement.
"Eliminer l'ordre étatique"
Détenue depuis le coup de filet de décembre 2022, la juge et ancienne députée du parti d'extrême droite AfD, Birgit Malsack-Winkemann, et Henri XIII, dit Prince Reuss, accusé d'être le principal instigateur de la tentative de coup d'Etat, sont jugés pour "participation à un groupe terroriste" qui s'était "fixé pour objectif d'éliminer par la force l'ordre étatique" et pour "préparation d'un acte de haute trahison".
Il s'agit de la principale procédure contre ce réseau dont le démantèlement avait mis en lumière les ressorts de la menace conspirationniste et antisystème en Allemagne. Un premier procès a débuté fin avril contre neuf autres membres de la bande à Stuttgart. Le reste sera jugé à Munich à partir du 18 juin.
Influencés par l'idéologie des "Reichsbürger"
Le groupuscule prévoyait d'installer à la tête du pays l'aristocrate et homme d'affaires de 72 ans, Henri XIII, dit Prince Reuss, descendant d'une lignée de l'Etat de Thuringe.
Un ex-lieutenant colonel de l'armée allemande, Rüdiger von Pescatore, 70 ans, commandant d'un bataillon de parachutistes dans les années 1990, figure également parmi les accusés, aux côtés d'un ex-colonel de l'armée, d'un ancien soldat des forces spéciales KSK et d'un ex-policier.
Tous sont notamment influencés par l'idéologie des "Reichsbürger" (citoyens du Reich, ndlr), une mouvance hétéroclite qui nie à la République fédérale d'Allemagne toute légitimité.
Selon le parquet fédéral, les accusés affirment que l'Allemagne est dominée par une "secte conspiratrice d'élites pédophiles". Une idéologie rappelant aussi la mouvance complotiste QAnon venue des Etats-Unis.
Violence d'extrême droite
Le réseau s'était donné les moyens de ses ambitions, avec "environ 500'000 euros" à disposition, ainsi qu'un "arsenal d'environ 380 armes à feu, de près de 350 armes blanches ainsi que 500 autres armes et au moins 148'000 munitions", selon les enquêteurs.
Les autorités allemandes ont classé ces dernières années la violence d'extrême droite au premier rang des menaces contre l'ordre public, avant le risque djihadiste. Plusieurs réseaux ont été démantelés depuis deux ans, dont l'un planifiait l'enlèvement du ministre de la Santé, à l'origine des mesures de restriction anti-Covid.
afp/lan