"Le temps est venu d'adopter une approche collective contre la désinformation venue de l'étranger en construisant une coalition de pays partageant les mêmes idées", écrivent les trois pays fondateurs de l'alliance.
Ils proposent des grandes lignes pour agir, à commencer par s’accorder sur une définition de la manipulation de l'information, pour la distinguer des opinions que n'importe quel gouvernement a le droit d’avoir.
Invité dans l'émission Tout un monde de la RTS, David Colon, professeur agrégé d’Histoire à Science-Po Paris, se réjouit du lancement de cette alliance. "Il ne s'agit pas de s'ériger en arbitre de la vérité, mais au contraire de protéger une information intègre, fondée sur des faits, d'une entreprise de déstabilisation des États autoritaires - Russie, Chine et Iran en tête - qui s'efforcent de constituer au fond une communauté contrefactuelle pour fragiliser en leur fondement les démocraties."
Dénoncer publiquement
Le spécialiste de la propagande et de la manipulation de masse détaille les menaces qui planent sur les démocraties. "Les téléphones portables dits intelligents et les réseaux sociaux ont permis à ces régimes autoritaires d'interférer avec l'esprit de nos concitoyens."
Nous faisons face à une offensive absolument inédite qui menace rien de moins que la possibilité de distinguer le vrai du faux
"De sorte que, à l'ère de l'intelligence artificielle et du développement d'outils automatisés de persuasion de masse, nous faisons face à une offensive absolument inédite qui menace rien de moins que la possibilité dans des régimes démocratiques de distinguer le vrai du faux."
Et David Colon de poursuivre: "Les régimes autoritaires ont fait de notre force une faiblesse. À nous de faire de cette faiblesse une force en défendant notre modèle de liberté, en opposant à ces régimes autoritaires ce qu'ils peuvent craindre le plus, à savoir la dénonciation publique de leurs actions." Le chercheur plaide ainsi pour des lois de transparence comparables à celles qui existent aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie.
Prise de conscience
Il insiste également sur l'importance des engagements de la société civile "comparables à ce que l'on a vu en Finlande, en Norvège, dans les pays baltes ou en Ukraine. C'est de cette mobilisation de l'ensemble des composantes de la société que nous pouvons attendre la meilleure résilience face aux ingérences informationnelles étrangères."
Malgré toutes ces menaces, David Colon se dit "extrêmement optimiste". Il salue une réaction des pouvoirs publics: "Un grand nombre de responsables politiques et administratifs, en France comme ailleurs, ont pris conscience de la réalité de la menace, et nous sommes aujourd'hui dans une autre phase qui n'est plus celle du constat, mais celle de la réaction."
Propos recueillis par Eric Guevara-Frey
Version web: Antoine Schaub