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"Une fascination pour la violence": Pierre Krähenbühl alerte sur l'escalade du conflit au Moyen-Orient

Pierre Krähenbühl, directeur général du Comité international de la Croix-Rouge, revient sur son mandat, marqué par la guerre à Gaza
Pierre Krähenbühl, directeur général du Comité international de la Croix-Rouge, revient sur son mandat, marqué par la guerre à Gaza / 19h30 / 4 min. / le 19 septembre 2024
Invité jeudi sur le plateau du 19h30, Pierre Krähenbühl, à la tête du CICR depuis bientôt six mois, a rappelé la gravité "sans précédent" de la situation humanitaire à Gaza tout en alertant sur le danger d'une nouvelle escalade du conflit.

"C'est une catastrophe sur tous les plans", témoigne Pierre Krähenbühl. "Il y a encore quelques jours, je recevais la nouvelle de la mort d'une jeune femme palestinienne dans une frappe israélienne. Elle avait été déplacée dix fois tout au long du conflit. Elle a accouché de son troisième enfant dans une tente près de Rafah et elle continuait à chercher un lieu pour être en sécurité."

Travailler au CICR, c'est aussi rencontrer des familles d'otages israéliens, marquées par un profond désespoir et une extrême angoisse, poursuit Pierre Krähenbühl. A Gaza, il décrit un climat d'insécurité extrême avec des travailleurs humanitaires qui sont de plus en plus en danger. "Il n'y a pas de sécurité à Gaza. Il ne reste d'ailleurs rien de l'infrastructure civile", souligne-t-il.

En avril 2024, on dénombrait plus de 200 humanitaires morts à Gaza depuis le 7 octobre, dont au moins 165 travaillaient pour l'UNRWA, l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens.

>> Lire aussi : L'ONU dénonce des violences record sur le personnel humanitaire, avec 280 tués en 2023

Dialoguer avec toutes les parties

Pierre Krähenbühl défend la nécessité de dialoguer avec toutes les parties au conflit, notamment pour résoudre les urgences humanitaires. "Le CICR maintient un dialogue constant avec les autorités israéliennes. Il nous arrive aussi d'entrer en contact avec le Hamas pour signaler les problèmes immédiats en lien avec la sécurité de nos collègues."

Le CICR maintient un dialogue constant avec les autorités israéliennes. Il nous arrive aussi d'entrer en contact avec le Hamas

Pierre Krähenbühl, directeur du CICR

"Il faut vraiment faire un effort extrêmement pointu et sincère pour se rendre compte de ce que vit la population actuellement", poursuit Pierre Krähenbühl.

Une fascination pour les nouvelles méthodes de violence

Il rejette en outre l'idée que le CICR puisse remplacer l'UNRWA dans son travail, le Parlement suisse ayant décidé de couper les vivres à l'organisation onusienne. "Là, il faut être extrêmement clair. Le CICR ne peut en aucun cas reprendre ces activités-là. C'est une organisation d'une tout autre nature avec un volume d'activité distinct."

Pierre Krähenbühl se dit également préoccupé par "la fascination pour les nouvelles méthodes de violence" au Moyen-Orient, soulignant les limites humanitaires actuelles. Il appelle à une meilleure prévention et résolution des conflits, avertissant que l'escalade régionale serait insoutenable sur le plan humanitaire, étant donné la situation déjà "à haut risque".

>> Lire également : La contribution suisse à l'UNRWA reste suspendue

>> Voir aussi l'interview de Pierre Krähenbühl dans Helvetica :

Pierre Krähenbühl, directeur du Comité international de la Croix-Rouge (CICR)
Pierre Krähenbühl, directeur du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) / #Helvetica / 20 min. / le 21 septembre 2024

Propos recueillis par Philippe Revaz

Texte web: Hélène Krähenbühl

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