Une lueur d'espoir pour le Soudan, englué dans "l'une des pires crises humanitaires au monde"?
C’est ce qu’on appelle une "guerre oubliée". Les chiffres, pourtant, font froid dans le dos... En un peu plus d'un an, le conflit au Soudan a fait au moins 18'000 morts, selon l’OMS; 25 millions de Soudanais, soit la moitié de la population, souffrent d'insécurité alimentaire; 80% des hôpitaux ne sont plus fonctionnels.
Un rapport publié lundi par Human Rights Watch (HRW) fait également état de violences sexuelles généralisées, dont des "viols et viols collectifs", perpétrées par les paramilitaires et l'armée à Khartoum, la capitale.
C'est l'une des plus importantes crises humanitaires au monde, mais on n'en parle pas
"C'est l'une des plus importantes crises humanitaires au monde, mais on n'en parle pas", se désole Dorsa Nazemi-Salman, cheffe des opérations du CICR au Soudan.
"Guerre d'intérêt"
Résoudre le conflit s'avère complexe, car il s'agit "d'une guerre d'intérêt", et pas d'une guerre idéologique, analyse Marc Lavergne, directeur de recherche émérite au CNRS.
En 2019, des militaires font un coup d’Etat contre le président Omar El-Béchir. Après 30 ans d'un régime autocratique, l'espoir de fonder une société plus démocratique est immense au sein de la population. Un gouvernement de transition est mis sur pied, mais l'espérance de la société civile sera vite balayée.
En 2021, le pays est confié à un conseil militaire. Dans ses rangs, deux généraux vont finir par s'affronter pour le pouvoir. D’un côté, l’armée régulière, fidèle au général Abdel Fattah al-Burhane; de l’autre, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdane Daglo.
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"Les deux belligérants se connaissent très bien, ils ont travaillé ensemble pour soutenir le régime islamiste d'Omar El-Béchir", explique encore Marc Lavergne, spécialiste de la Corne de l'Afrique. Selon lui, les deux camps cherchent à accaparer les richesses du Soudan "sur le dos du peuple".
Un mince espoir
Après un enchaînement de crises, la voie diplomatique offre encore un ultime espoir. Dès le 14 août, des pourparlers seront organisés sur sol helvétique sous l'impulsion des États-Unis. La Suisse co-organisera les échanges, au côté de l’Arabie saoudite.
"C'est un signal positif de voir les États-Unis enfin mettre leur poids dans la balance, mais dans quelle mesure cela suffira-t-il?", se questionne Marc Lavergne. Des précédents cycles de négociations menés à Jeddah, en Arabie saoudite, n'avaient eux pas abouti.
L'armée soudanaise et les paramilitaires des forces de soutien rapide (FSR) sont conviés à cette nouvelle réunion. Un partenaire essentiel manque cependant à l'appel: la société civile, soit "les partis politiques, syndicats unions qui représentaient le peuple soudanais", souligne encore le spécialiste. "Ils ont été écartés, ils ont disparu,(...) la population civile, elle, est la grande victime cette guerre".
Sujet Radio: Francesca Argiroffo
Adaptation web: Doreen Enssle