Le largage d'aide humanitaire par avion-cargo est fréquent dans les zones de conflit, comme dans la bande de Gaza, mais se révèle très imprécis et souvent dangereux. Fort de ce constat, une ONG suisse a développé une nouvelle méthode beaucoup plus efficace et sûre.
Les tests de cette nouvelle méthode sont prometteurs. Les six oeufs placés à l'intérieur du colis largué par avion aux abords de l'aérodrome de Granges (SO) ce jeudi matin sont restés intacts. Il faut dire qu'ils n’ont chuté que de cinquante mètres grâce à l’emploi de parachutes de secours pour parapentes.
Souvent inutilisés, ces parachutes doivent pourtant être changés tous les dix ans par sécurité. Du gâchis pour les personnes à l'origine de cette idée. Au lieu de finir à la poubelle, ils trouvent une seconde utilité, comme l'explique au micro du 19h30 Damien Van Oost, concepteur du "Super Versatile Airdrop System".
"Cette idée du parachute qui est mis à la poubelle, mais qui est pourtant encore bon, et la volonté d'aider un peu plus se sont mariées pour créer le système comme on le connaît aujourd’hui."
De multiples avantages
L’emploi de parachutes de secours fixés aux colis a de multiples avantages. Ils s’ouvrent très vite, ce qui permet à l’avion de voler beaucoup plus bas. Le largage est donc nettement plus précis, et demande bien moins de personnel au sol. C'est un compromis idéal entre l’hélicoptère et l’avion-cargo, souligne Mirko Strugar de l'ONG "Humanitarian Pilots Inititive".
"Nous fixons notre système, nous le larguons et il est presque aussi précis qu'un hélicoptère, pour une fraction du coût. Nous sommes donc plus précis qu'un avion militaire et c'est moins cher qu'un hélicoptère. Nous sommes vraiment pile entre les deux!"
Un avion-cargo effectue, lui, son largage à 600 mètres d’altitude. L’imprécision induite a conduit à deux drames à Gaza le printemps dernier. En s'écrasant, un colis a tué cinq personnes. Et douze autres se sont noyées en tentant de récupérer des caisses à la dérive. Des tragédies rendues impossibles avec le nouveau système, dont quelque 200 kits seront bientôt déployés au Soudan du Sud.
"Notre objectif, c’est de former les équipes de Médecins sans Frontières, pour qu’elles puissent déployer le système de manière tout à fait autonome. Donc, nous leur fournissons le matériel et puis ensuite les connaissances pour pouvoir larguer exactement ce dont elles ont besoin, où elles en ont besoin", ajoute Damien Van Oost.
Comme souvent, les idées les plus simples sont les plus efficaces.
Olivier Kurth/fgn