Une pharmacie suédoise impose une limite d'âge à la vente de certains produits cosmétiques
"Aujourd'hui, les jeunes utilisent de manière malsaine et inutile des produits de soins pour la peau (...) et nous voulons être la voix qui dit stop", a récemment déclaré la PDG d'Apotek Hjärtat Monika Magnusson dans un message à l'AFP.
De plus en plus d'enfants, inspirés par divers influenceurs sur les réseaux sociaux, se tournent vers des produits anti-âge, certains ayant à peine dix ans. Et les influenceurs ne sont parfois pas beaucoup plus vieux.
Les "Sephora kids"
Eileen Rabel, doctorante à l’Université de Lausanne en psychologie de la santé, était l'invitée de l'émission Forum de la RTS. Elle revient notamment sur le concept de "Sephora kids". "Ce sont des jeunes filles aux alentours de 8 à 12 ans qui, sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok, promeuvent des produits de beauté, des produits de soins du visage comme des savons ou des crèmes", explique la chercheuse.
Selon l'experte, "c'est un marché qui est très lucratif et très intéressant pour les grandes compagnies de beauté, qui voient dans les jeunes personnes une nouvelle clientèle à agrandir et à fidéliser". Et "déjà dès huit ans", dénonce-t-elle, car les enfants jouissent d'un pouvoir d'achat par l'entremise de leurs parents.
En outre, comme le révèle Eileen Rabel, le "public cible" des Sephora kids, c'est évidemment les autres enfants. "Justement, l'identification par les pairs est très importante quand l'émancipation des parents est en train de se développer avec le début de l'adolescence".
Sérum contre le vieillissement
Les produits interdits aux moins de 15 ans par l'entreprise suédoise sont listés sur le site du groupe pharmaceutique. La plupart sont des sérums contre le vieillissement de la peau. Tombent sous le coup de l'interdiction notamment les AHA (acide citrique, glycolique...), les BHA (acide salicylique), la vitamine A (retinol) ou encore la vitamine C.
Pour pouvoir acheter ces produits, le client doit avoir au moins quinze ans, ou obtenir la permission de ses parents ou pouvoir présenter un certificat médical qui en justifie l'utilisation.
"Les besoins en matière de soins pour la peau sont très individuels et dépendent du type et de l'état de la peau, non de l'âge", a précisé Monika Magnusson. "Utiliser des produits visant à réduire les rides et à unifier le teint, ce n'est pas quelque chose dont a besoin un enfant".
Déploiement en cours
Le déploiement de cette limite d'âge est en cours, en ligne et dans les quelque 390 pharmacies d'Apotek Hjärtat en Suède.
"Nous espérons que cette limite incitera davantage de personnes à s'arrêter et réfléchir, et qu'elle conduira à des conversations importantes entre parents, dans les familles et au sein de la société, sur les idéaux et les normes" en vigueur, a encore dit la PDG.
Eileen Rabel explique quant à elle que l'on vit dans une société qui met beaucoup d'attention sur la responsabilité individuelle. "Sauf qu'avec les réseaux sociaux et cette grande croissance de produits qui sont vendus, c'est très important qu'on ne donne pas la responsabilité juste seulement aux parents, mais que l'État aussi prenne ses fonctions et que ces grandes boîtes prennent leur responsabilité", dénonce-t-elle.
"Et c'est pour ça que je félicite beaucoup ces usines en Suède", conclut l'experte.
furr avec les agences