"Au moins 60 personnes ont péri en chemin, dont des femmes et au moins un enfant", a indiqué jeudi l'ONG SOS Méditerranée, basée à Marseille, dans le sud-est de la France, alors que son navire fait désormais route vers un port italien avec 224 rescapés recueillis lors de trois sauvetages successifs.
Selon l'ONG, "l'embarcation pneumatique" à bord de laquelle 25 personnes seulement ont pu être secourues mercredi serait partie de Zawiya en Libye le 8 mars. Le moteur serait tombé en panne au bout de trois jours, laissant les migrants à la dérive, sans eau, ni nourriture.
Parmi les rescapés, "dans un état de santé critique", deux personnes inconscientes ont "été transportées par hélicoptère en Sicile", a précisé SOS Méditerranée.
Une action urgente "nécessaire"
"Très préoccupée" par la nouvelle d'un nouveau naufrage en Méditerranée centrale, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a estimé qu'"une action urgente est nécessaire pour renforcer les patrouilles en mer et prévenir d'autres tragédies".
Après ce premier sauvetage de 25 personnes mercredi, 113 autres migrants à la dérive en mer, dont six femmes et deux enfants, ont été secourues mercredi soir, après que l'Ocean Viking a été chargé par les autorités maritimes italiennes de secourir une embarcation en détresse. Puis, jeudi, 88 personnes ont été recueillies par le navire alors qu'elles dérivaient à bord d'une "embarcation pneumatique surchargée".
Le port d'Ancône, sur la côte adriatique italienne, a été désigné comme lieu sûr de débarquement pour l'Ocean Viking, qui compte donc désormais à son bord "224 personnes, dont 21 femmes, une trentaine de mineurs non accompagnés et quatre enfants de moins de 4 ans", selon l'ONG.
La politique italienne dénoncée
L'Italie, en première ligne face aux traversées de migrants cherchant à rejoindre l'Europe, exige désormais que les navires des ONG humanitaires transportent immédiatement les personnes secourues vers un port, et ce dès la première opération, ce qui les empêche de facto d'enchaîner les sauvetages.
De plus, ces ports sont souvent très éloignés des lieux de sauvetage, allongeant les délais de navigation. Les ONG de secours aux migrants en mer ont régulièrement dénoncé ces mesures, qui "ont des conséquences dramatiques".
Au total, en 2023, 3105 migrants sont décédés ou ont été portés disparus après avoir tenté de traverser la Méditerranée pour rejoindre l'Europe, selon les derniers chiffres de l'OIM, une agence de l'ONU. Depuis janvier, 360 migrants sont décédés ou portés disparus, selon la même source.
afp/asch