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Violents combats près de Khartoum, des centaines de familles fuient

Des enfants soudanais déplacés, rentrés d'Ethiopie, se rassemblent au milieu de tentes, dans un camp géré par le HCR, dans la ville frontalière de Gallabat. Soudan, le 4 septembre 2024. [AFP]
Violents combats près de Khartoum, des centaines de familles fuient / Le Journal horaire / 34 sec. / le 8 septembre 2024
Des centaines de familles soudanaises ont fui samedi une proche banlieue de Khartoum après une intensification des combats entre l'armée et les paramilitaires autour d'une base militaire, selon des témoins. Dans le sud-est du pays, 21 personnes ont été tuées dimanche dans des tirs imputés aux paramilitaires.

Mercredi, les forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) ont attaqué la grande base de la ville de Bahri qui jouxte la capitale soudanaise au nord. Cette base appelée Hattab est restée aux mains de l'armée après le début de la guerre civile au Soudan en avril 2023.

"Depuis ce matin (samedi), l'armée tire à l'artillerie vers le sud de la base Hattab tandis que des avions militaires survolent" la zone, a indiqué un témoin à l'AFP.

Dans le même temps, les paramilitaires des FSR "ont attaqué des maisons au sud de (la base) de Hattab, capturant des citoyens et en abattant d'autres", a témoigné un résident, Nasr el-Din, qui a souhaité taire son nom de famille pour des raisons de sécurité.

"Depuis le matin, des centaines de familles sont parties en direction du nord, portant leurs affaires sur leurs têtes" pour fuir les combats, a-t-il ajouté, ce qu'un autre témoin, anonyme, a corroboré.

En outre, 21 personnes ont été tuées et 67 blessées dimanche dans des tirs imputés aux paramilitaires sur un marché de la ville de Sennar, dans le sud-est, selon une source médicale et des témoins.

Dix millions de personnes déplacées

La guerre entre l'armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les FSR, dirigées par son ancien adjoint Mohamed Hamdane Daglo, a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 10 millions de personnes et notamment dans les pays voisins, selon l'ONU.

Vendredi, des experts de l'ONU mandatés par le Conseil des droits de l'Homme, ont réclamé le "déploiement sans délai" d'une force "indépendante et impartiale" afin de protéger les populations civiles, alors que la guerre a aussi provoqué une très grave crise humanitaire.

Selon eux, les belligérants soudanais "ont commis une série effroyable de violations des droits de l'Homme et de crimes internationaux, dont beaucoup peuvent être qualifiés de crimes contre l'Humanité".

Le directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a entamé samedi une visite de deux jours à Port-Soudan (est), siège de facto du gouvernement après que les autorités ont été chassées de Khartoum.

D'après un correspondant de l'AFP sur place, il a rencontré des responsables soudanais et devait visiter des infrastructures de santé.

>> Lire aussi : "Le droit humanitaire est violé tous les jours dans le monde"

ats/sjaq

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Graves inondations au Soudan du Sud

Plus de 700'000 personnes sont actuellement touchées par de graves inondations au Soudan du Sud, selon le bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), qui a prévenu que ce bilan augmentait de jour en jour.

Ce pays, parmi les plus pauvres au monde, fait face aux pires inondations qu'il ait jamais connues depuis des dizaines d'années. A la date du 5 septembre, "elles ont touché plus de 710'000 personnes dans 30 des 78 comtés" du Soudan du Sud, selon ce rapport d'Ocha.

Un accord de paix a mis fin en 2018 à cinq ans d'une guerre civile meurtrière au Soudan du Sud, mais le jeune pays, qui a obtenu son indépendance du Soudan en 2011, reste miné par les luttes de pouvoir, la corruption et fait face à une situation humanitaire dramatique.

Le Soudan rejette l'appel de l'ONU pour une force d'intervention "impartiale"

La diplomatie soudanaise a dénoncé un récent rapport d'experts de l'ONU appelant au déploiement d'une force "impartiale" de protection de la population civile, qualifiant le Conseil des droits de l'Homme d'"organe politique et illégal". Le gouvernement soudanais rejette les recommandations en les décrivant comme une "violation flagrante de son mandat".

Les experts de l'ONU ont affirmé vendredi que des "crimes de guerre et contre l'humanité" avaient été commis au Soudan.

Le directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, en visite à Port-Soudan (est), a appelé "le monde à se réveiller et à aider à tirer le Soudan du cauchemar dans lequel il vit".

Selon lui, le secteur humanitaire a réclamé 2,7 milliards de dollars d'aide pour 14,7 millions de Soudanaises et Soudanais aux besoins urgents, mais moins de la moitié a été récoltée.