Vladimir Poutine triomphalement réélu après une présidentielle sur mesure
Vladimir Poutine a obtenu officiellement 87,28% des suffrages après le dépouillement de tous les bureaux de vote en Russie, selon les résultats actualisés publiés lundi par la Commission électorale, à l'issue d'une présidentielle sans opposition.
Il s'agit des résultats en Russie même. Les bulletins de vote en provenance de l'étranger devront encore être ajoutés, précise la Commission électorale. Ce score est un record pour celui qui avait toujours recueilli entre 64 et 68% des suffrages aux scrutins précédents.
Peu après l'annonce de ces résultats, Vladimir Poutine a déclaré à la télévision que sa réélection prouvait "que la Russie a choisi la bonne voie" et allait permettre de "consolider la société russe".
"Nous avons beaucoup de tâches concrètes et importantes à accomplir. Les résultats de l'élection témoignent de la confiance des citoyens du pays et de leur espoir que nous ferons tout ce qui est prévu", a encore déclaré Vladimir Poutine.
Le président russe a enchaîné sur la guerre en Ukraine: "Peu importe qui veut nous intimider ou à quel point, peu importe qui veut nous écraser ou à quel point, notre volonté ou notre conscience. Personne n'a jamais réussi à faire quelque chose de semblable dans l'histoire. Cela n'a pas fonctionné aujourd'hui et ne fonctionnera pas à l'avenir"
>> Lire aussi : "Cette guerre était inévitable": témoignages d'habitants de Russie avant la présidentielle
>> Ecouter l'analyse du correspondant de la RTS en Russie :
![Vladimir Poutine a remporté l'élection présidentielle. [Keystone/EPA - Natalia Kolesnikova]](https://img.rts.ch/articles/2024/image/cvjxgv-28440851.image?w=960&h=384)
Keystone/EPA - Natalia Kolesnikova Appel de Ioulia Navalnaïa
En Russie, les autorités n'ont pas laissé de place aux contradicteurs du pouvoir: les trois autres candidats sélectionnés étaient tous dans la ligne du Kremlin, qu'il s'agisse de l'Ukraine ou de la répression qui a culminé avec la mort d'Alexeï Navalny dans une prison de l'Arctique en février.
Dans ce contexte, l'épouse du défunt détracteur numéro 1 de Vladimir Poutine, Ioulia Navalnaïa, avait appelé ses partisans à se montrer en nombre en allant tous voter au même moment, à midi dimanche, contre le président russe.
Elle-même a voté après plusieurs heures d'attente dans une foule immense à l'ambassade de Russie à Berlin. J'ai écrit [sur le bulletin de vote] le nom "Navalny" parce qu'il n'est pas possible [...] qu'un mois avant les élections, le principal opposant à Poutine, déjà emprisonné, soit tué", a-t-elle déclaré à la presse après avoir voté.
>> Lire : Forte mobilisation devant les ambassades russes en Europe, Ioulia Navalnaïa à Berlin
Vladimir Poutine a de son côté assuré que les actions de l'opposition n'avaient eu "aucun effet" sur le scrutin, tout en menaçant de poursuites pénales ceux qui ont gâché leur bulletin de vote.
>> Le récit dans le 19h30 :
Scrutin marqué par des bombardements
Les hostilités en Ukraine se sont aussi invitées dans le scrutin.
La semaine électorale a été marquée par des frappes aériennes meurtrières et des tentatives d'incursion terrestre à partir de l'Ukraine sur le territoire russe, répliques aux bombardements et assauts quotidiens de la Russie contre sa voisine depuis plus de deux ans.
Malgré ces attaques, un conflit meurtrier qui se prolonge et des libertés de plus en plus restreintes, le maître du Kremlin peut compter sur une popularité bien réelle.
L'ex-président russe Dmitri Medvedev a salué dimanche "la victoire éclatante" de Vladimir Poutine à la présidentielle russe. Dmitri Medvedev, numéro 2 du conseil de sécurité russe, avait occupé la présidence de 2008 à 2012, avec Vladimir Poutine comme Premier ministre, car ce dernier était touché par la limite des mandats.
>> L'analyse d'Antoine Silacci dans le 19h30 :
Réactions après l'annonce des résultats
La Pologne a estimé dimanche que l'élection présidentielle russe n'était "pas légale". "L'élection présidentielle en Russie n'est pas légale, libre et équitable", a réagi dans un communiqué le ministère polonais des Affaires étrangères, ajoutant que le scrutin s'était déroulé "dans un contexte de répressions sévères" et dans les régions occupées de l'Ukraine, en violation du droit international.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé dimanche que Vladimir Poutine, en passe de remporter une présidentielle sans opposition en Russie, était un homme "ivre de pouvoir" qui veut "régner éternellement".
Le ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni David Cameron a déploré de son côté l'absence d'élections "libres et équitables" en Russie".
agences/kkub
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Les Russes établis en Suisse étaient aussi appelés aux urnes
Des centaines de Russes se sont rendus dimanche à Berne et à Genève, où était organisée l'élection présidentielle russe en Suisse. Certains ont voté pour le régime. "C'est assez important pour la Russie actuellement d'avoir un président fort en qui on a confiance (...)", témoigne un électeur dans la Matinale.
La contestation s'exprime aussi dans les bulletins de vote, comme l'explique cet homme engagé dans l'association La Russie du Futur: "j'ai coché plusieurs cases, sauf la case de Poutine et à côté de Poutine, j'ai écrit candidat de guerre et tueur".
>> Ecouter le reportage de Charlotte Frossard à Genève :
![Les Russes de Suisse étaient aussi appelés aux urnes, ici à Genève. [Keystone - Martial Trezzini]](https://img.rts.ch/articles/2024/image/9lpgkg-28440830.image?w=960&h=384)
Keystone - Martial Trezzini De nombreux ressortissants russes ont également participé dimanche à l'action "Midi contre Poutine" lancée par l'opposition. "Ça nous donne la possibilité de montrer au monde que pas tous les Russes sont pour Poutine et pour la guerre", souligne une opposante.
La mort d'Alexeï Navalny est un "événement triste", dit Poutine
Le président russe Vladimir Poutine a assuré que la mort en prison de son principal détracteur, Alexeï Navalny, était un "événement triste", prononçant en public le nom de l'opposant, un fait rarissime.
Selon Vladimir Poutine, lorsque l'idée d'échanger Navalny contre "certaines personnes qui se trouvent dans des établissements pénitentiaires dans les pays occidentaux" a été soulevée, il était "d'accord". "Il n'y avait qu'une condition: que nous l'échangions pour qu'il ne revienne pas", a-t-il affirmé.