"Vouloir résoudre le surtourisme en éliminant la croisière est une fausse idée", affirme Marie-Caroline Laurent
Parce qu'ils sont visibles et représentent pour beaucoup ce qui ne va pas avec le tourisme de masse, les bateaux de croisière sont souvent pointés du doigt. Pour y répondre, Marie-Caroline Laurent, directrice générale Europe de l'Association internationale des compagnies de croisières, s'est rendue à Madrid pour rappeler, qu'au niveau international, ce secteur représente moins de 2% de l'ensemble des touristes.
Elle met également d'autres chiffres en perspective. "Par exemple, à Barcelone, les croisiéristes ne représentent que 4% des touristes, et à Amsterdam un peu moins de 1%."
Elle ajoute, "faire croire à la population que l'on peut résoudre les problèmes de surtourisme en éliminant la croisière est une fausse idée".
Les croisières ne vont plus à Venise, alors que la ville n'arrête pas d'exploser ses records de touristes
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Selon elle, cette industrie est très organisée, avec des escales planifiées plus de deux ans à l’avance, permettant aux villes d’accueil de se préparer en conséquence. La solution au surtourisme nécessite donc une gestion plus efficace de l'ensemble du secteur.
Emmener les passagers plus à l'intérieur des terres
La directrice Europe de l’Association internationale des compagnies de croisières appelle à une plus grande collaboration avec les autorités. Elle suggère de détourner l’attention des villes les plus populaires et propose des alternatives. "Pourquoi ne pas privilégier des visites à l’intérieur des terres, chez un producteur d’huile d’olive, ou proposer des offres un peu différentes ?", suggère-t-elle.
"Nous avons besoin que les pays se vendent de manière plus variée. J’ai assisté au salon ITB à Berlin, un événement du tourisme international. L’Espagne avait un énorme stand, et malgré les inquiétudes régulières sur le tourisme de masse, l'image qui était utilisée pour présenter l'Espagne était la Sagrada Familia à Barcelone", souligne Marie-Caroline Laurent.
L’engagement d'une industrie pointée du doigt
La directrice est également préoccupée par les incidents violents survenus l’année dernière. En Bretagne et en France, par exemple, un bus transportant des touristes d’une croisière a été tagué et des agences de voyages ont été caillassées.
Selon la Commission européenne, dans son ensemble, le secteur maritime émet environ 2 à 3% des gaz à effet de serre mondiaux. "Nous représentons 1% du transport maritime, donc nos émissions, proportionnellement, sont assez faibles. (...) Et nous avons un objectif international de zéro émission pour 2050. Mais pour cela, les ports doivent s’équiper et s’électrifier", précise-t-elle.
>> Revoir le débat sur l'impact des paquebots à Marseille dans l'émission de Forum du 31 mars 2022 :
Sujet radio: Valérie Demon
Adaptation web: Miroslav Mares