"Je prie pour que je puisse être à la hauteur de votre confiance et ne jamais vous décevoir." Telles sont les paroles de Jimmy Carter, rapportées par la presse locale au moment de sa victoire à l'élection de novembre 1976. Le 20 janvier de l'année suivante, il sera intronisé 39e président des Etats-Unis, à l'âge de 52 ans.
Devant ses supporters réunis à Atlanta, la capitale de son Etat de Géorgie, il poursuit: "Il est temps pour nous de nous réunir, de corriger nos erreurs, de répondre aux questions difficiles et de grandir notre nation."
Sa victoire lors de la primaire au sein du Parti démocrate, où il doit faire face à de solides concurrents, en avait surpris plus d'un. Bien qu'ayant été gouverneur de la Géorgie entre 1971 et 1975, l'agriculteur spécialisé dans la cacahuète et ancien officier de la marine est méconnu du public au niveau national. "Jimmy qui candidat à quoi?", pique à l'annonce de sa candidature le journal de référence de l'Etat de Géorgie, rappelle le Miller Center, un institut dédié à la politique et rattaché à l'Université de Virginie.
A l'étranger, les médias soulignent son manque de notoriété. Le 3 novembre 1976, alors qu'on dépouille les bulletins de vote, le journal alémanique NZZ écrit: "Il y a 23 mois, Jimmy Carter, alors peu connu, avait officiellement annoncé sa candidature en tant que gouverneur d'un Etat peu important. Il avait serré des mains devant les usines lors du changement d'équipe, avait annoncé dans les supermarchés aux ménagères plus intéressées par la tête de salade qu'il voulait devenir président des Etats-Unis. Il y a un an, il était encore quasiment inconnu des sondages d'opinion."
Scandales politiques
Mais c'est le bon moment pour jouer sur ce profil. La classe politique est alors ébranlée par le scandale du Watergate, qui a mené à la démission du président républicain Richard Nixon, et par l'échec de la guerre du Vietnam.
Jimmy Carter fait campagne en rappelant qu'il n'a rien à se reprocher et promet des changements à Washington.
Il remporte la bataille électorale contre Gerald Ford, le "président non élu". Le républicain avait en effet été nommé vice-président pour remplacer Spiro Agnew, poussé vers la sortie en raison d'accusation d'évasion fiscale, un autre scandale. Après la démission de Richard Nixon, en 1974, Gerald Ford avait donc accédé au sommet de l'Etat.
Dans ce climat qui met les républicains sur la sellette, Jimmy Carter obtient 297 grands électeurs – contre 240 pour son adversaire. Il gagne aussi de justesse le vote populaire, avec 50,1% des voix - même si ce score-là ne compte pas.