La Russie et la Chine s'opposent à une résolution sur un cessez-le-feu

"Nous exprimons notre appréciation à l'égard de la position de la Russie, de la Chine et de l'Algérie qui ont rejeté la résolution américaine biaisée", indique le Hamas, dénonçant notamment la "formulation trompeuse" de ce texte.

"Le projet de résolution américain rejeté au cours du vote aujourd'hui au Conseil de sécurité de l'ONU contenait une formulation trompeuse complice des objectifs de l'ennemi sioniste criminel, et lui permet de poursuivre son agression", estime le Hamas.

Pour l'organisation, le texte accordait "une légitimité à commettre une guerre génocidaire contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza, la résolution n'incluant pas de demande explicite de cessez-le-feu immédiat".

Vendredi, au Conseil de sécurité de l’ONU, trois pays (Russie, Chine, Algérie) ont voté contre une résolution américaine qui demandait un cessez-le-feu "immédiat" à Gaza. Moscou et Pékin disposant d’un droit de veto, la résolution a été refusée.

>> Les précisions du 19h30 :

"Cette décision est une véritable gifle à tout le personnel humanitaire qui œuvre depuis des semaines, voire des mois pour aider les Gazaouis", a déclaré Riccardo Bocco, professeur émérite au Département d'anthropologie et de sociologie de l'IHEID, dans Forum.

Peu d'impact

Pour ce dernier, même si la résolution avait été acceptée, il n'aurait pas fallu s’attendre à des conséquences concrètes tant sur le plan militaire qu'humanitaire.

"Je serais étonné que la Hamas accepte la libération totale des otages [ndlr, ce que proposait la résolution] en échange d’un cessez-le-feu de 6 semaines", ajoute l'universitaire.

>> Ecouter l'interview de Riccardo Bocco, professeur émérite de l'IHEID :

Un auditeur de l'émission Forum de vendredi soir a demandé quelle était la position des rabbins et du pouvoir religieux face aux bombardements de Gaza par Israël.

François Garaï, rabbin émérite de la communauté juive libérale de Genève, répond clairement: "Aucun rabbin ne peut rester indifférent à ce qu'il se passe et, bien entendu, la plupart de mes collègues déplorent le nombre de morts et n'arrivent pas à comprendre qu'il puisse y avoir une telle destruction."

La position des rabbins est donc "le fait d'être mal à l'aise, de ne pas être indifférents et de déplorer le nombre de morts", précise-t-il.

"Cela nous semble contradictoire avec notre tradition qui cherche à sauver la vie autant que faire se peut", ajoute le rabbin au micro de la RTS, en rappelant qu'"il n'y a pas d'autorité centrale" dans le judaïsme, comme l'est le pape pour la chrétienté.

Pour lui, "quelle que soit la personne, une vie égale une autre vie", sans préciser si Israël a raison ou non d'agir ainsi dans la bande de Gaza.

"Une réplique de l'Histoire ancienne"

Pour les juifs, le 7 octobre a été un tremblement de terre: "il a fait rejaillir dans notre mémoire toute l'histoire de la martyrologie juive. Les massacres et barbaries du 7 octobre sont comme une réplique de ce qu'il s'est passé tout au long de l'Histoire ancienne", et notamment la Shoah, indique François Garaï.

>> L'interview de François Garaï dans Forum :

Après le veto d'une résolution américaine mentionnant un cessez-le-feu à Gaza, le Conseil de sécurité de l'ONU se prononcera samedi sur un projet de texte appelant clairement à ce cessez-le-feu immédiat, a-t-on appris vendredi de sources diplomatiques.

Le vote sur ce texte préparé par plusieurs membres non permanents du Conseil aura lieu à 10h (15h en Suisse), ont précisé ces sources à l'AFP.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a regretté vendredi que la Chine et la Russie aient "cyniquement" mis un veto à l'ONU au projet de résolution américain visant un cessez-le-feu à Gaza.

Avec cette "résolution, qui a reçu un soutien très fort mais qui ensuite s'est vu cyniquement imposer un veto par la Russie et la Chine, je pense que nous tentions de montrer de la part de la communauté internationale le sens de l'urgence qu'il y a à avoir un cessez-le-feu lié à la libération des otages, quelque chose que tout le monde, y compris les pays qui ont mis un veto, aurait dû soutenir", a-t-il dit à la presse, avant de quitter Israël.

Le Hamas a annoncé vendredi un nouveau bilan de 32'070 morts dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre.

En cinq mois, les bombardements et l'invasion de l'armée israélienne ont fait plus de 74'000 blessés et des centaines de milliers de déplacés.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a fait savoir au secrétaire d'Etat américain Antony Blinken qu'Israël comptait bien mener une offensive à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, même si les Etats-Unis devaient ne pas le soutenir.

"J'ai dit que nous n'avions pas la possibilité de défaire le Hamas sans entrer dans Rafah et sans éliminer les bataillons qui y restent. Je lui ai dit que j'espérais le faire avec le soutien des Etats-Unis, mais s'il le faut, nous le ferons seuls", a-t-il dit dans une déclaration après sa rencontre à Tel Aviv avec le responsable américain.

Le président français Emmanuel Macron a exprimé sa volonté de trouver "un accord" au Conseil de sécurité de l'ONU, après le veto de la Russie et la Chine à une résolution américaine.

"Il faut maintenant que le Conseil de sécurité se prononce sur un cessez-le-feu immédiat et un accès humanitaire. Après le veto posé par la Russie et la Chine il y a quelques minutes, nous allons reprendre sur la base du projet de résolution français au Conseil de sécurité et travailler avec nos partenaires américains, européens, arabes en ce sens pour trouver un accord", a déclaré le chef d'Etat à l'issue d'un sommet européen à Bruxelles.

Encore une fois, le Conseil de sécurité de l'ONU n'est pas parvenu à se mettre d'accord sur un cessez-le-feu à Gaza. La Russie et la Chine ont exercé vendredi leur droit de veto à l'encontre d'une résolution américaine soulignant la "nécessité" d'un cessez-le-feu "immédiat" à Gaza.

L'ambassadeur russe a dénoncé un texte "hypocrite" et "excessivement politisé" qui n'appelle pas directement à faire taire les armes, et qui comprenait même "un feu vert pour une opération militaire israélienne à Rafah".

Le projet de résolution américaine, qui prévoyait une trêve d'environ six semaines en lien avec la libération des otages et l'évacuation de civils, a recueilli 11 voix en faveur, trois voix contre (Russie, Chine et Algérie) et une abstention (Guyana).

En octobre dernier, c'est un projet de résolution présenté par la Russie, appelant à un cessez-le-feu, qui avait été rejeté par le Conseil de sécurité de l'ONU. Les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et le Japon avaient voté contre.

Figure de l'extrême droite israélienne et du mouvement de colonisation de la Cisjordanie, le ministre des Finances Bezalel Smotrich a annoncé la saisie de 800 hectares de terres dans la vallée du Jourdain, en Cisjordanie occupée.

Selon l'organisation israélienne anti-colonisation La Paix maintenant, il s'agit de la plus importante saisie de terres en territoire palestinien depuis les accords de paix d'Oslo (1993). Dans un communiqué, l'ONG qualifie de "provocation" la date retenue pour cette annonce, concomitante avec la visite du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et Bezalel Smotrich "sont déterminés à se battre contre le monde entier et contre les intérêts du peuple israélien au profit des intérêts d'une poignée de colons qui reçoivent des milliers de dounams (hectares, ndlr) comme s'il n'y avait aucun conflit politique à résoudre, ni aucune guerre à finir", ajoute l'organisation.

La colonisation israélienne en Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est, annexée) est illégale au regard du droit international, rappelle régulièrement l'ONU, qui dénonce toute l'entreprise de colonisation juive dans les territoires palestiniens occupés comme un des principaux obstacles à l'établissement d'une paix définitive entre Israël et les Palestiniens.

La directrice de la Direction du développement et de la coopération (DDC) Patrizia Danzi s'est vu refuser l'accès à la bande de Gaza le 3 février dernier, a indiqué vendredi le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), confirmant une information du Temps. Les autorités israéliennes ont invoqué des "raisons sécuritaires".

Lors d'une tournée d'inspection de la situation humanitaire au Proche-Orient entamée le 31 janvier, Patricia Danzi et Maya Tissafi, cheffe de la Division Moyen-Orient et Afrique du Nord au DFAE, ont essayé en vain d'entrer sur le territoire palestinien.

Les deux diplomates s'étaient précédemment rendues en Egypte, en Jordanie, en Israël et en Cisjordanie. Arrivées le 3 février au poste-frontière de Rafah, à la frontière sud de Gaza avec l'Egypte, elles n'ont pu entrer dans l'enclave palestinienne, faute d'autorisation. "Ce n'est pas faute d'avoir insisté auprès d'Israël", déclare Nicolas Bideau, responsable de la communication du DFAE, dans les colonnes du Temps. "Nous savions que ce serait délicat (...) Mais il faut reconnaître que le danger sécuritaire était crédible", ajoute-t-il.

Les objectifs de ce voyage étaient d'obtenir une vue d'ensemble de la situation humanitaire et d'observer de près comment l'aide est coordonnée et livrée. "Patricia Danzi voulait entrer à Gaza pour s'assurer de la bonne utilisation de nos fonds humanitaires et attester que tout est fait selon nos critères", précise Nicolas Bideau.

La Suisse finance à hauteur de 90 millions de francs diverses opérations humanitaires dans la région, dont des programmes de l'ONU, du CICR, du Croissant-Rouge et de Médecins du monde. La mission du DFAE a finalement rencontré ses principaux partenaires en dehors de la bande de Gaza.

La Finlande a annoncé vendredi qu'elle allait reprendre son financement de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, près de deux mois après l'avoir suspendu à l'instar d'une quinzaine de pays, dont la Suisse.

"L'amélioration de la gestion des risques au sein de l'UNRWA, c'est-à-dire la prévention des fautes professionnelles, et la mise en place d'une surveillance étroite, nous donne des garanties suffisantes à ce stade pour reprendre l'aide", a déclaré le ministre du Commerce extérieur et du développement Ville Tavio.

Quelque 10% des fonds finlandais seront alloués à la gestion des risques, a précisé le ministre. Chaque année, le pays nordique verse cinq millions d'euros à cette agence.

Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, est arrivé vendredi en Israël pour ce qui se présente comme un face-à-face tendu avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu à propos de la guerre dans la bande de Gaza.

Arrivé en provenance du Caire pour sa dernière étape d'une nouvelle tournée au Moyen-Orient, Antony Blinken devrait insister auprès de son hôte sur l'urgence d'accroître l'aide humanitaire dans le territoire palestinien dévasté et sommer Israël de ne pas lancer d'offensive terrestre majeure à Rafah.

La rencontre avec Benjamin Netanyahu devait se dérouler en fin de matinée au ministère de la Défense. Antony Blinken devait ensuite participer au cabinet de guerre israélien.

La Chine a annoncé vendredi soutenir les efforts du Conseil de sécurité de l'ONU pour mettre fin aux combats dans la bande de Gaza, a annoncé Lin Jian, porte-parole du ministère des Affaires étrangères lors d'une conférence de presse. Il n'a pas précisé si Pékin, membre permanent du conseil disposant d'un droit de veto, appuiera un projet de résolution américain sur un cessez-le-feu immédiat.

Les Etats-Unis, un allié historique d'Israël, ont déjà mis leur veto à plusieurs résolutions du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu, estimant que cela aurait bénéficié au Hamas.

Après le dernier veto de Washington fin février, les diplomates américains ont élaboré un texte alternatif axé sur l'objectif d'une trêve de six semaines en échange de la libération des otages retenus dans la bande de Gaza. L'issue du vote est toutefois incertaine car la Russie réclame un "appel" plus clair à faire taire les armes.

Interrogé vendredi sur ce que sera le vote de son pays, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères n'a pas donné de réponse définitive. "La communauté internationale attend du Conseil de sécurité qu'il s'acquitte sérieusement de ses responsabilités", a simplement indiqué Lin Jian.

Les ministres britanniques et australiens des Affaires étrangères et de la Défense ont appelé vendredi à la "fin immédiate des combats" dans la bande de Gaza, à l'issue d'une réunion à Adélaïde, dans le sud de l'Australie.

Dans une déclaration commune, les ministres ont souligné "la nécessité" de mettre immédiatement fin aux combats "pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire et la libération des otages".

Le Royaume-Uni est membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, qui doit se prononcer vendredi sur une résolution des Etats-Unis mentionnant un "cessez-le-feu immédiat".

>> A Lire : Les Etats-Unis annoncent un vote vendredi à l'ONU sur leur résolution pour un cessez-le-feu