"Dirigeant humble", "infatigable militant pour la paix": les hommages pleuvent après le décès de l'ancien président américain Jimmy Carter

Les drapeaux sont en berne lundi aux Etats-Unis au lendemain du décès à 100 ans de Jimmy Carter, ex-président au mandat entaché par des échecs mais dont l'après vie politique de pacificateur et philanthrope a été saluée de tous bords.

Joe Biden a décrété une journée de deuil national le 9 janvier pour celui qui fut président de 1977 à 1981, et ordonné que les drapeaux américains soient mis en berne pour une période d'un mois. Y compris donc lors de l'investiture de Donald Trump à Washington le 20 janvier.

Le président démocrate a appelé "tous ceux qui cherchent à savoir ce que signifie de vivre une vie qui a un but et un sens", à étudier celle de Jimmy Carter, "un homme de principe, de foi et d'humilité".

Joe Biden a annoncé en outre des funérailles nationales, sans en préciser la date. Selon le New York Times, elles doivent avoir lieu également le 9 janvier, à la cathédrale nationale de Washington, lors d'une cérémonie où le président actuel prononcera une oraison funèbre.

>> Voir le sujet du 19h30 sur le décès de Jimmy Carter :

Le pape François "a été attristé d'apprendre" le décès de l'ancien président des États-Unis, Jimmy Carter, dont il a souligné l'engagement pour la paix, a écrit lundi le secrétaire d'État du Vatican.

Le pape a exprimé "ses condoléances sincères", tout en rappelant "l'engagement ferme de Carter, motivé par une foi chrétienne profonde, en faveur de la réconciliation et de la paix entre les peuples, de la défense des droits humains, ainsi que du bien-être des pauvres et des personnes dans le besoin", a écrit le cardinal Pietro Parolin.

Ses concitoyens connaissent Jimmy Carter surtout comme un homme dévoué à la cause des moins favorisés pour qui il construisait des maisons de ses propres mains, il y a encore quelques années. Ou comme le paroissien qui enseignait le catéchisme aux enfants de son village d'origine. Ou le monsieur sympa qui serrait les mains de tous les passagers après avoir embarqué dans un avion de ligne.

Mais dans une autre vie, Jimmy Carter avait été président des Etats-Unis.

Et c'est bien ce qui le singularise: un seul mandat à la Maison Blanche, de 1977 à 1981, avec un bilan politique plutôt mitigé. Mais une post-présidence marquante avec un activisme sans précédent pour promouvoir la paix, la démocratie ou lutter contre les maladies oubliées. Ce qui lui a valu de recevoir le prix Nobel de la paix.

>> Retour sur une vie bien remplie après avoir quitté Washington dans l'émission Tout un monde :

Keystone

Le chancelier allemand Olaf Scholz a rendu hommage à Jimmy Carter sur le réseau social X lundi.

"Les États-Unis ont perdu un combattant engagé pour la démocratie. Le monde a perdu un grand médiateur pour la paix au Moyen-Orient et pour les droits humains", a écrit le dirigeant allemand au sujet de l'architecte des accords de Camp David.

La Chine a exprimé lundi ses "profondes condoléances" après la disparition de Jimmy Carter.

L'ancien président américain "a contribué de manière significative au développement des relations sino-américaines, ainsi qu'à la promotion des échanges amicaux et de la coopération entre les deux nations, ce que nous apprécions grandement", a déclaré Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères lors d'un point de presse régulier.

Jimmy Carter était "un homme très humble, très modeste et très moral". Au lendemain de la mort de l'ancien président, le politologue Daniel Warner lui rend hommage dans La Matinale. Il met en avant la "simplicité" du démocrate, qui n'a "jamais bien compris toutes les intrigues de Washington".

Malgré tout, Jimmy Carter n'a fait qu'un seul mandat. "Il n'était peut-être pas assez présidentiel", estime Daniel Warner, qui précise toutefois que sa popularité a augmenté auprès de la population après son départ de la Maison Blanche. "Après avoir été président, il a fait beaucoup de choses que les gens ont trouvé fabuleuses", dit-il. 

"Il a construit des maisons pour les pauvres, il a essayé d'amener la paix partout dans le monde avec le Carter Center", poursuit le politologue, soulignant également l'engagement de l'ancien président pour les droits civiques des Noirs aux Etats-Unis. "C'était un grand homme, plus peut-être qu'un grand président", conclut Daniel Warner.

>> Ecouter l'interview de Daniel Warner dans La Matinale :

"Je suis très reconnaissant de ce que la Suisse fait. (...) La Suisse offre un forum de discussion quand les gens ne peuvent se parler nulle part ailleurs", avait confié à la RTS en 2013 l'ancien président Jimmy Carter au sujet du rôle de la Suisse dans les relations entre les Etats-Unis et l'Iran."

>> Relire : Jimmy Carter: "Merci à la Suisse pour ce qu'elle fait sur le dossier iranien"

>> Réécouter son interview à la RTS en 2013 :

KEYSTONE - DOMINIC FAVRE

>> Voir aussi le sujet du 19h30 sur la place de la Suisse pour Jimmy Carter :

Les Etats-Unis observeront le 9 janvier une journée de deuil national en l'honneur de Jimmy Carter, a annoncé la Maison Blanche.

"J'appelle le peuple américain à se rassembler ce jour-là dans leurs lieux de culte respectifs, afin de rendre hommage à la mémoire du président James Earl Carter, Jr. J'invite ceux qui dans le monde partagent notre peine à se joindre à nous dans cette commémoration solennelle", a déclaré le président sortant Joe Biden dans un décret mis en ligne dimanche soir.

Le président cubain Miguel Diaz-Canel a assuré que les Cubains se souviendraient avec "gratitude" de l'ancien président américain Jimmy Carter pour ses efforts en faveur de "l'amélioration des relations" entre les deux pays.

"Notre peuple se souviendra avec gratitude de ses efforts en faveur de l'amélioration des relations, de ses visites à Cuba et de sa déclaration en faveur de la liberté des cinq" agents cubains arrêtés en 1998 et condamnés pour espionnage aux Etats-Unis, a-t-il déclaré sur le réseau social X.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rendu hommage lundi à l'ex-dirigeant américain Jimmy Carter pour son soutien ferme à Kiev dans son combat "pour la liberté", dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.

"Son cœur s'est tenu fermement à nos côtés dans notre combat continu pour la liberté (...) Nous apprécions son engagement inébranlable envers la foi chrétienne et les valeurs démocratiques, de même que son soutien indéfectible à l'Ukraine face à l'agression injustifiée de la Russie", a écrit Volodymyr Zelensky sur X.

En 2003, Jimmy Carter s'était engagé en faveur de l'Initiative de Genève, une initiative de paix lancée par des représentants non officiels d'Israël et des Palestiniens avec le soutien financier et logistique de la Suisse visant à résoudre le conflit au Proche-Orient.

"Ce que l'accord de Genève prévoit est parfaitement et précisément compatible avec l'objectif ultime de la feuille de route et des accords d'Oslo de 1993", avait alors déclaré l'ex-président démocrate, pointant un texte "important" et "potentiellement utile". Il estimait cependant que la "feuille de route" était morte, "tuée" par sa mise en oeuvre "par étapes".

"Nous sommes très reconnaissants envers la Suisse", avait ajouté Jimmy Carter, louant le rôle du Département fédéral des Affaires étrangères, alors dirigé par Micheline Calmy-Rey, dans la mise en place de l'Initiative de Genève. Le document avait été signé en octobre 2003 entre deux anciens ministres, un Israélien et un Palestinien à Genève devant quelque 800 invités.

Fin 2023, la Suisse s'est désengagée financièrement de l'Initiative de Genève. Une nouvelle évaluation en 2020 avait conclu que son efficacité avait diminué en raison de son manque de soutien politique en Israël comme en Palestine.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer a rendu hommage à l'engagement pour la paix de Jimmy Carter "tout au long de sa vie", marquée par "des décennies de service désintéressé".

"Motivé par sa foi et ses valeurs profondes, le président Carter a redéfini l'après-présidence grâce à un engagement remarquable en faveur de la justice sociale et des droits humains dans son pays et à l'étranger", a ajouté le dirigeant travailliste, tandis que le roi Charles III a souligné que l'ancien président avait "consacré sa vie à œuvrer pour la paix et les droits humains".

Le président du Panama a souligné le rôle de Jimmy Carter pour la négociation du traité signé pendant sa présidence, en 1977, qui a ouvert la voie au transfert du canal de Panama sous contrôle panaméen le 31 décembre 1999.

Grâce à ces derniers, "le transfert du canal au Panama et la pleine souveraineté de notre pays ont été réalisés", a estimé José Raul Mulino au moment où Donald Trump menace de reprendre le contrôle de cette voie de passage cruciale pour le commerce international.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a salué le "rôle important" pour la paix entre l'Egypte et Israël de l'ancien président américain Jimmy Carter, artisan des accords de de Camp David de 1978, prélude au premier traité entre Israël et un pays arabe.

"Son rôle important dans la réalisation de l'accord de paix entre l'Egypte et Israël restera gravé dans les annales de l'histoire et son oeuvre humanitaire incarne un principe élevé d'amour, de paix et de fraternité", a écrit le chef de l'Etat égyptien dans un message sur le réseau social X.

L'humiliation des otages en Iran restera une tache sur le bilan de Jimmy Carter, même si l'ex-président américain est parvenu au premier accord de paix israélo-arabe, un des succès de sa politique étrangère longtemps décriée pour sa faiblesse supposée.

De l'aveu même de Zbigniew Brzezinski, son conseiller à la sécurité nationale décédé en 2017, "son principal revers géopolitique" fut la chute du shah d'Iran et l'avènement de la République islamique, toujours considérée comme l'une des principales menaces pour Washington.

D'autant que, dans la foulée, un événement ébranla sa présidence. Le 4 novembre 1979, des étudiants islamistes prennent d'assaut l'ambassade américaine à Téhéran et retiennent en otages une cinquantaine de diplomates et employés.

Jimmy Carter rompt les relations avec l'Iran et lui impose un embargo commercial, mais une opération militaire pour libérer les otages tourne au fiasco.

La crise s'éternise pendant 444 jours, contribuant grandement à la défaite du démocrate en 1980, au terme d'un seul mandat à la Maison Blanche. Et à l'image négative qui a longuement collé à l'ex-président, à gauche comme à droite.

Les otages seront relâchés le 20 janvier 1981, le jour même de l'investiture de son successeur Ronald Reagan.

L'ancien président américain Jimmy Carter a "sauvé d'innombrables vies" grâce à son action en faveur de l'élimination des maladies, a salué le chef de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Le patron de l'Organisation mondiale de la santé a ajouté qu'il était profondément attristé d'apprendre le décès de Jimmy Carter, le qualifiant de "véritable leader qui a inspiré tant de gens".

"Son engagement inébranlable en faveur du bien-être des populations aux États-Unis et dans le monde entier restera à jamais gravé dans nos mémoires", a-t-il souligné sur X.

"Son travail au sein du Centre Carter a permis de sauver d'innombrables vies et de rapprocher de l'élimination de nombreuses maladies tropicales négligées", a-t-il ajouté.

L'ancien président George W. Bush a estimé que ce qu'a accompli son lointain prédécesseur Jimmy Carter "inspirera des générations d'Américains".

Qualifiant le 39e président des Etats-Unis, un démocrate, d'"homme de convictions profondes" et "loyal à sa famille, sa communauté et son pays", le républicain qui occupa la Maison Blanche de 2001 à 2009 a estimé que "ses "efforts pour laisser un monde meilleur ne se sont pas limités à sa présidence" de 1977 à 1981.

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L'ancien président démocrate Barack Obama a vu en son lointain prédécesseur Jimmy Carter un "homme remarquable".

"Le président Carter nous a appris à tous et à toutes ce que veut dire vivre avec élégance, dignité, justice et au service" des autres, a salué sur son compte X le premier président noir de l'histoire des Etats-Unis, en poste de 2009 à 2017.

1er octobre 1924: naissance dans la petite ville de Plains en Géorgie, au sud-est des Etats-Unis

1946: diplômé de l'Académie navale d'Annapolis

7 juillet 1946: épouse Rosalynn Smith

1970: élu gouverneur de Géorgie. Il occupe ce poste jusqu'en 1975, lorsque la campagne présidentielle bat son plein

2 novembre 1976: élu 39e président des Etats-Unis après avoir battu le républicain Gerald Ford candidat à un second mandat

17 septembre 1978: signature des accords de Camp David sous sa médiation, qui aboutissent à un traité de paix entre Israël et l'Egypte

Novembre 1980: battu à la présidentielle par son adversaire républicain Ronald Reagan

1982: créé le Carter Center, une fondation qui oeuvre à la résolution pacifique de conflits et l'aide au développement

2002: reçoit le prix Nobel de la paix

19 novembre 2023: décès à 96 ans de sa femme Rosalynn Carter

29 décembre 2024: décès à son domicile à l'âge de 100 ans

>> Le portrait de Jimmy Carter par le correspondant de la RTS aux Etats-Unis Jordan Davis :

AFP - GENE FORTE / CONSOLIDATED NEWS PICTURES

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En 2002, Jimmy Carter avait été récompensé du Prix Nobel de la paix pour "ses décennies d'efforts infatigables afin de trouver des solutions pacifiques à des conflits internationaux".

>> Revoir le sujet du 19h30 le 11 octobre 2002 :

Droits humains, démocratisation et non-interventionnisme, la politique de Jimmy Carter a représenté une rupture en Amérique latine à la fin des années 70, mais elle a été mise à l'épreuve par les événements en Amérique centrale et à Cuba.

A son arrivée à la Maison Blanche en 1977, malgré le contexte de guerre froide entre les Etats-Unis et l'Union soviétique, le président démocrate tente de donner un nouveau cours à la relation de son pays avec le reste du continent américain, zone traditionnelle d'influence de Washington.

Pour Jimmy Carter, "l'Amérique latine était fondamentale et sa politique globale était orientée vers les droits humains, les valeurs démocratiques et la coopération multilatérale", résume le politologue américain Michael Shifter.

Symbole de cette politique, la signature du traité Torrijos-Carter en 1977 pour la rétrocession du Canal du Panama, qui intervient le 31 décembre 1999. "Jimmy Carter avait compris que s'il ne rétrocédait pas le canal au Panama, la relation entre les Etats-Unis et le Panama pourrait conduire à une nouvelle crise dans un pays où Washington ne pouvait se donner le luxe de l'instabilité", explique Luis Guillermo Solis, ex-président du Costa Rica et politologue.

Des années plus tard, en 2016, Jimmy Carter avait reconnu qu'il s'agissait du "défi le plus difficile" de sa carrière et de la "décision la plus courageuse qu'un gouvernement des Etats-Unis avait prise, car rétrocéder le Canal était quelque chose de très impopulaire".

Autre tournant en Amérique centrale, la décision de Washington de ne pas soutenir le dictateur nicaraguayen Anastasio Somoza, renversé en 1979 par le Front sandiniste de libération nationale.

Dans le Cône sud (Argentine, Chili, Uruguay, Paraguay), le démocrate adopte une position critique à l'égard des dictatures. Il "suspend dans plusieurs cas les livraisons d'armes comme sanctions politiques. Mais il n'obtient pas d'avancées en matière de démocratisation", souligne Rosendo Fraga, politologue argentin. Sa politique conforte néanmoins la lutte des organisations de défense de droits humains à la recherche de disparus.

Le président américain a également tenté de normaliser les relations avec Cuba, 15 ans après la crise des missiles. Il a notamment assoupli l'embargo contre l'île communiste en vigueur depuis 1962, et assuré l'ouverture de sections d'intérêt des deux pays à Washington et La Havane. "Avec lui s'est ouvert pour la première fois la possibilité d'un dialogue plutôt que d'une confrontation comme cadre des relations politiques", souligne Jesus Arboleya, un ancien diplomate cubain.

Plus de vingt ans après, en 2002, Jimmy Carter effectue finalement une visite historique à La Havane, devenant le premier ex-président américaine à fouler le sol cubain depuis 1959. Il y retourne en 2011.

Décrié du temps de sa présidence, Jimmy Carter a néanmoins laissé une marque indélébile, notamment pour son oeuvre après son unique mandat.

Restitution du canal de Panama

Durant sa première année à la Maison Blanche, il décide de rendre au Panama la gestion du canal du même nom, que l'armée américaine contrôlait depuis sa construction à l'aube du 20e siècle. "L'équité et non la force doit être au coeur de nos relations avec les nations du monde", avait-il expliqué.

Donner aux Panaméens un rôle plus important dans la gestion du canal, deux décennies avant d'en céder le contrôle à l'Autorité du canal de Panama, a permis d'assurer la stabilité, notamment pour le commerce, dans l'isthme. Et de trancher avec l'image impérialiste des Etats-Unis en Amérique latine.

Les droits humains avant la realpolitik

Dès son arrivée au pouvoir, Jimmy Carter a cherché à se distancier de la "realpolitik" héritée de la Guerre froide, plaçant les droits humains au coeur de la politique, intérieure comme extérieure, de son gouvernement.

"Notre objectif principal est d'aider à former un monde plus attentif aux aspirations des peuples partout (dans le monde) pour le bien-être économique, la justice sociale, l'autodétermination politique et les droits de l'homme fondamentaux", avait-il déclaré le 7 juin 1978 devant l'Académie navale américaine.

Accords au Proche-Orient

En septembre 1978, Jimmy Carter réunit le Premier ministre israélien Menachem Begin et le président égyptien Sadate à Camp David, lieu de villégiature officiel des présidents américains, au nord de la capitale fédérale Washington. Après 13 jours de négociations secrètes sous sa médiation, deux accords-cadres sont trouvés entre Israël et l'Egypte. Ils devaient permettre d'éviter une cinquième guerre israélo-arabe et ont été qualifiés de "plus grands triomphes diplomatiques du vingtième siècle".

Le boulet de l'inflation

A l'été 1979, secoué par l'inflation et décrié par les Américains, Jimmy Carter s'adresse directement à eux le 15 juillet à la télévision, lors d'une allocution d'une demi-heure très suivie. Il répond aux critiques sur son manque de leadership en rejetant la faute sur une "crise de confiance" au niveau national. Son intervention, très mal accueillie par ses concitoyens, lui revient comme un boomerang. Cinq de ses ministres démissionnent dans la semaine.

La débâcle des otages américains en Iran

La crise des otages américains en Iran en 1979, lors de laquelle plus de 50 Américains ont été retenus 444 jours à partir du 4 novembre dans l'ambassade des Etats-Unis à Téhéran, a marqué la mort politique de Jimmy Carter en tant que président. L'annonce, le 24 avril 1980, de l'échec de la mission militaire pour assurer leur libération a anéanti ses espoirs de réélection.

Pour ses détracteurs, cet échec est devenu le symbole de l'incapacité de Jimmy Carter à gérer les crises. Les otages ont finalement été libérés le 20 janvier 1981, date de prise de fonction du président Ronald Reagan.

Le "meilleur ancien président des Etats-Unis"

L'ancien président est resté très engagé depuis son retrait de la vie politique. En 1982, il crée sa fondation, le Carter Center, qui oeuvre pour favoriser le règlement pacifique des conflits, l'observation des élections, la défense des droits humains, la protection de l'environnement et l'aide au développement. Avec elle, celui qui a parfois été qualifié de "meilleur ancien président des Etats-Unis" multiplie les missions de médiation, notamment à Haïti, au Panama, à Cuba, en Corée du Nord, en Ethiopie ou encore en Bosnie-Herzégovine.

L'attribution du prix Nobel de la paix 2002 à Jimmy Carter, alors troisième président des Etats-Unis à le recevoir, récompense ses efforts en faveur d'une résolution pacifique des conflits à travers le monde.

>> Lire aussi notre grand format consacré à la carrière de Jimmy Carter : Jimmy Carter, de président impopulaire à Nobel de la paix engagé

L'ancien président américain Jimmy Carter était "un homme de principe, de foi et d'humilité", a salué Joe Biden dans un communiqué.

"L'Amérique et le monde ont perdu un dirigeant, un homme d'État et un humanitaire extraordinaire", a réagi l'actuel président des Etats-Unis avec son épouse dans un communiqué. "Pour tous ceux qui cherchent à savoir ce que cela veut dire de vivre une vie qui a un but et un sens (...) étudiez Jimmy Carter, un homme de principe, de foi et d'humilité".

>> Ecouter l'hommage de Joe Biden :

Keystone - Susan Walsh - AP Photo

Emmanuel Macron a salué la mémoire de l'ancien président américain Jimmy Carter, qui "a défendu les droits des personnes les plus vulnérables et mené sans relâche le combat pour la paix".

"La France adresse ses pensées émues à sa famille et au peuple américain", a ajouté le président français sur X.

Le président élu républicain des Etats-Unis Donald Trump a rendu hommage à l'ancien locataire démocrate de la Maison Blanche en estimant que le pays lui devait "reconnaissance" pour son unique mandat de 1977 à 1981.

"Les défis auxquels Jimmy a été confronté en tant que président ont surgi à un moment crucial pour notre pays et il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour améliorer la vie de tous les Américains. Pour cela, nous lui devons tous reconnaissance", a écrit le 45e et bientôt 47e président américain à propos du 39e.

Un unique mandat, mais un riche héritage pour la postérité: le démocrate Jimmy Carter reste l'un des présidents les plus appréciés et son passage à la Maison Blanche a été marqué par des événements internationaux majeurs.

>> Retour sur la vie de Jimmy Carter :

Jimmy Carter "a oeuvré sans relâche pour un monde meilleur et plus juste", a rapidement réagi Bill Clinton, un autre ancien président démocrate, qui a publié un mot d'hommage sur X avec son épouse Hillary Clinton.

"Guidé par sa foi, le président Carter a vécu au service des autres, jusqu'à la toute fin" de sa vie, ont écrit les Clinton dans ce message de condoléances.

Accords de paix entre Israël et l'Egypte, réception du prix Nobel de la Paix ou rencontre avec Micheline Calmy-Rey, les images fortes de la vie de Jimmy Carter:

Né le 1er octobre 1924 dans l'Etat de Géorgie, l'ancien dirigeant avait fêté ses 100 ans cette année. Il est le président américain ayant vécu le plus longtemps et celui ayant vécu le plus longtemps après la fin de sa présidence (43 ans).

Un progressiste venu du "Sud profond"

Après une première élection au Sénat de Géorgie en 1963, au sein duquel il réalise deux mandats, il se fait élire comme gouverneur de Géorgie en 1970. Il met alors en œuvre des politiques libérales et mène à bien une politique de déségrégation dans un État conservateur et raciste.

À l'issue des primaires démocrates de 1976, il est désigné comme candidat à la présidence. Il bat de justesse le président sortant Gerald Ford. Il arrive alors au pouvoir en pleine crise monétaire européenne, peu après le désengagement au Viêtnam et le scandale du Watergate, qui a causé la démission en 1973 de Richard Nixon.

>> Revoir une archive de la TSR sur l'élection de Jimmy Carter :

Engagement pour la paix internationale

Sa présidence est marquée par la signature des traités sur le canal de Panama, des accords de Camp David, du traité SALT II sur la limitation des armements stratégiques avec l'URSS et l'ouverture de relations avec la Chine. Sur le plan intérieur, il renforce la législation sur la protection environnementale.

Diverses crises ont toutefois fait chuter sa popularité en cours de mandat et il est largement battu par Ronald Reagan à l'élection présidentielle de 1980. Après son départ de la Maison Blanche, il se pose en médiateur de conflits internationaux et utilise sa notoriété pour des causes caritatives. Des activités notamment récompensées par un prix Nobel de la paix en 2002.

Il s'était également illustré par de nombreux ouvrages de littérature politique.

Retiré de toute vie publique, Jimmy Carter bénéficiait de soins de fin de vie à domicile depuis février 2023.

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Sa dernière remonte aux obsèques de son épouse Rosalynn en novembre 2023. Il était le plus vieux président américain encore en vie.

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L'ancien président américain Jimmy Carter est décédé à l'âge de 100 ans chez lui à Plains en Géorgie (sud), a annoncé sa fondation. Le démocrate, 39e président des Etats-Unis et Prix Nobel de la paix, n'a effectué qu'un mandat à la Maison Blanche (1977-1981).

"Mon père était un héros, pas uniquement pour moi, mais pour tous ceux qui croient en la paix, aux droits humains et à l'amour désintéressé", a déclaré Chip Carter, le fils de l'ancien président, cité par la fondation.